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Nicolas Poussielgue : « l’IA prend une place de plus en plus centrale dans la conscience collective africaine » 

Fondateur de l'Institut de technologie de Dakar, une institution leader en Afrique de l'Ouest spécialisée dans l'intelligence artificielle, Nicolas Poussielgue parle à ANA des défis de l'IA sur le continent et de l'équation des ressources humaines.

Pourquoi l’IA dans l’éducation ?

Face à la prolifération de l’intelligence artificielle dans tous les domaines de la vie moderne, nous avons pris l’initiative de contribuer à la formation des jeunes en Afrique aux technologies émergentes liées à l’intelligence artificielle. Nous pensons qu’il est essentiel de permettre aux gens de maîtriser ces technologies, car elles ont un impact significatif sur le fonctionnement des entreprises, ainsi qu’un impact majeur sur la sphère politique. En effet, les algorithmes d’IA sont désormais responsables de la recommandation de contenus sur les plateformes de réseaux sociaux et influencent les opinions et les interactions dans la société. Il est donc essentiel de comprendre et de maîtriser l’IA pour participer en connaissance de cause au monde d’aujourd’hui.

Les pays africains ont-ils pleinement saisi les enjeux de l’IA ?

La prise de conscience de l’importance de l’intelligence artificielle (IA) est de plus en plus évidente, surtout depuis la sortie de ChatGPT en novembre 2022, un événement qui a permis à de nombreuses personnes d’entendre parler de l’IA pour la première fois. Il faut dire que les médias, du moins au Sénégal, n’ont pas beaucoup traité ce sujet. Cependant, le lancement du ChatGPT a suscité un engouement particulier, notamment chez les jeunes, qui ont rapidement compris l’importance de l’IA et manifestent un fort intérêt pour une formation dans ce domaine. Même parmi les professionnels de l’informatique, on constate un désir croissant de développer leurs compétences en matière d’IA afin de profiter des opportunités qui se présentent.

Parallèlement, nous assistons à l’émergence de nombreuses startups axées sur l’IA sur le continent africain, reflétant l’enthousiasme croissant pour cette technologie. Un exemple notable est ZINDI, une plateforme sud-africaine qui propose des défis visant à résoudre des problèmes spécifiques au continent grâce à l’IA. Cette initiative reflète la volonté de mettre l’IA au service du développement et de la résolution de défis concrets en Afrique.

Globalement, l’IA prend une place de plus en plus centrale dans la conscience collective en Afrique, tant chez les jeunes générations que chez les professionnels confirmés, et cette tendance semble favoriser l’émergence d’innovations intelligentes et de solutions aux défis locaux et globaux.

Quel rôle les ressources humaines auront-elles à jouer dans cette révolution numérique accélérée par l’IA ?

L’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) suscite l’inquiétude de nombreuses personnes, et il est légitime de se demander si les robots finiront par nous remplacer tous. Les rapports internationaux sur l’impact de l’IA sur l’emploi ne s’accordent pas sur le résultat net en termes d’emplois. Certains prédisent des pertes d’emplois, d’autres la création de nouveaux emplois. Mais une chose est sûre : L’IA va profondément modifier le monde du travail, tout comme l’ordinateur l’a fait à la fin du XXe siècle. À l’époque, ceux qui ne savaient pas se servir d’un ordinateur et s’accrochaient à leur machine à écrire se retrouvaient à la retraite.

Je pense que nous vivons une situation similaire avec l’IA. Pour rester pertinent sur le marché du travail, il est important de s’adapter et de comprendre le fonctionnement de l’IA. Au lieu de craindre qu’elle nous remplace, nous devrions la considérer comme un outil qui peut nous aider à travailler plus efficacement et à résoudre des problèmes complexes. L’IA peut automatiser les tâches répétitives et fastidieuses, libérant ainsi du temps pour des activités plus créatives et stratégiques. En bref, il s’agit d’une opportunité d’augmenter notre productivité et notre valeur sur le marché du travail, à condition de maîtriser ces nouvelles technologies.

Le cadre réglementaire est-il adéquat ?

Des progrès significatifs sont réalisés au Sénégal pour relever les défis posés par l’intelligence artificielle (IA). Cependant, il est important de reconnaître que le rythme auquel l’IA progresse dépasse largement celui auquel ces politiques sont formulées et mises en œuvre. L’arrivée de ChatGPT, un type d’IA « générative », a pris de nombreux acteurs par surprise. Si l’IA générative était déjà connue, elle était surtout associée au domaine artistique et son utilisation pour générer du texte n’était pas encore très répandue.

L’accélération de l’IA souligne l’importance de rester flexible et réactif face à ces avancées technologiques. Il est impératif de combler rapidement les lacunes en matière de réglementation et de compréhension de l’IA, tout en encourageant la collaboration entre les secteurs public et privé afin de maximiser les avantages de cette technologie tout en minimisant les risques potentiels. Il sera essentiel de s’adapter rapidement à l’évolution de l’IA pour saisir les opportunités qu’elle offre et relever les défis éthiques et sociétaux qu’elle pose.

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