Marwa Moula : de la France à la Tunisie, une aventure entrepreneuriale
Marwa Moula a co-fondé la marketplace IleyCom, une plateforme innovante qui vise à connecter les créateurs locaux avec le marché international, tout en intégrant des pratiques écoresponsables et solidaires. L’incarnation de son rêve d’”entreprendre aux pays”, après avoir connu les incertitudes et problématiques propres aux entrepreneurs mais pour lesquels elle a obtenu des soutiens majeurs pour lancer son projet.
Comment est né votre projet entrepreneurial ?
Mon histoire a commencé en France, dans un cadre associatif. J’ai lancé un programme d’incubation financé par la mairie de Paris, destiné aux entrepreneurs sociaux afin de développer des projets à impact social et environnemental. En venant en Tunisie pour ce programme, j’ai constaté que 80 % des entrepreneurs étaient des artisans ayant créé des produits artisanaux écoresponsables, mais ils avaient des difficultés à commercialiser leurs créations.
Pour un entrepreneur de la diaspora, il faut arriver avec une forte motivation et une résilience à toute épreuve
Quelles difficultés avez-vous rencontrées au moment de matérialiser votre projet ?
La première difficulté a été de m’installer en Tunisie et d’ouvrir mon entreprise. J’avais peu d’informations sur les aspects juridiques et le type d’entreprise à créer. Ayant vécu dix ans en France, le retour en Tunisie a été un défi, notamment en ce qui concerne le réseau professionnel. Je doutais beaucoup de mes choix. Les réactions autour de moi n’étaient pas très encourageantes : « Mais qu’est-ce que tu vas faire ? » Ce genre de remarque peut être très décourageant, même si ma mère m’a énormément encouragée. Les doutes des autres, y compris ceux de ma famille, ajoutaient à la pression. Pour un entrepreneur de la diaspora, il faut arriver avec une forte motivation et une résilience à toute épreuve. L’accès à l’information est crucial, et le soutien ne se limite pas seulement à l’aide financière ou technique. Le soutien moral est tout aussi essentiel.
En ce qui concerne, le projet en lui-même, la logistique s’est révélée être le plus grand challenge. Trouver des moyens d’expédier des colis à l’international depuis la Tunisie a nécessité beaucoup de temps, de tests et de discussions avec divers partenaires. La taxation et la douane ont également été des sujets délicats, nécessitant des démarches auprès des ministères concernés.
L’accès à l’information est crucial, et le soutien ne se limite pas seulement à l’aide financière ou technique. Le soutien moral est tout aussi essentiel
Avez-vous reçu de l’aide dans votre parcours ?
Oui, j’ai eu la chance de bénéficier d’un soutien moral et technique. Meet Africa a joué un rôle essentiel en m’apportant des ressources et des contacts. C’est important d’avoir ce type de soutien, surtout en tant qu’entrepreneuse venant de l’étranger. Meet Africa a été un véritable pilier pour moi. Au-delà du financement, qui est toujours un défi – notamment répondre à des appels à projets et en se distinguant des autres candidats – j’ai reçu un soutien formatif inestimable. Le programme a commencé par des formations de base qui m’ont permis de mieux comprendre l’entrepreneuriat. Ensuite, après avoir été sélectionnée, j’ai bénéficié d’un accompagnement technique personnalisé pour ma startup. J’ai travaillé sur mon pitch deck et mon business plan, participant à des séances régulières qui m’ont beaucoup aidée à avancer.
L’incubation avec Marseille Innovation a également été une étape importante, me permettant de rester en France tout en développant mon réseau. Cela m’a permis de créer des liens avec l’écosystème entrepreneurial tunisien lors de ma première venue. En plus, la visibilité que j’ai obtenue en prenant la parole lors d’événements a été très bénéfique. Finalement, grâce à Meet Africa, j’ai reçu une dotation initiale de 10 000 euros, suivie de 40 000 euros, ce qui a considérablement boosté mes activités et m’a permis de concrétiser mon projet. Ce type de programme est essentiel pour les entrepreneurs de la diaspora souhaitant revenir et lancer des initiatives dans leur pays d’origine.
Meet Africa a joué un rôle essentiel en m’apportant des ressources et des contact
Comment votre projet a-t-il évolué jusqu’à présent ?
Aujourd’hui, notre marketplace permet aux artisans, artistes et petites entreprises de vendre en ligne, tant au niveau national qu’international. Nous avons près de 600 vendeurs et plus de 5 000 produits en ligne, tous sélectionnés selon des critères stricts : artisanat, écoresponsabilité, et absence d’ingrédients toxiques.
Nous souhaitons développer des partenariats logistiques solides et intégrer davantage de vendeurs africains pour étendre notre marché. L’idée est de permettre aux consommateurs d’acheter des produits d’autres pays africains, en faisant de notre marketplace un espace de commerce interafricain. Nous envisageons également de collaborer avec d’autres marketplaces, comme Vouba au Rwanda, pour créer un réseau solide.
Il est essentiel d’être bien informé et soutenu
Quel message aimeriez-vous transmettre aux futurs entrepreneurs issus de la diasporas ?
Je veux leur dire qu’il est essentiel d’être bien informé et soutenu. Le parcours entrepreneurial est semé d’embûches, mais avec de la persévérance, de l’encouragement et les bonnes ressources, il est possible de surmonter les difficultés. Même si d’autres ont échoué, cela ne signifie pas que vous échouerez aussi. Soyez motivés, et sachez que chaque pas compte dans ce voyage.
Pour en savoir plus : https://ileycom.com/