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Le secteur de l’habitat en plein essor au Togo

Depuis quelques années, c’est l’effervescence sur le marché de l’habitat social, privé comme public au Togo. La croissance continue de la démographie, conjuguée à une urbanisation soutenue, a créé d’énormes besoins dans tous les secteurs, particulièrement en termes de logement, de haut et moyen standing. Les statistiques sont formelles : elles font état d’un déficit de 300.000 logements décents dans tout le pays, dont 100.000 à Lomé.

Pour remédier à la situation, le gouvernement togolais porte à bout de bras de nombreux projets immobiliers.

Des réformes foncières pour favoriser le développement urbain au Togo

 

Qui parle de développement parle aussi de réforme. Pour permettre le développement urbain, le gouvernement togolais a élaboré, depuis juin 2009, un nouveau code foncier accompagné d’une Stratégie nationale du logement (SNL) de même qu’une déclaration de politique nationale du secteur urbain au Togo. Rapidement, pour pallier au problème de manque de logements, un avant-projet de loi portant code foncier et une étude de faisabilité pour la création d’une Banque de l’Habitat au Togo ont été élaborés. Ces divers dispositifs ont permis au Togo de réorganiser le secteur de l’habitat afin de mettre à la disposition de la population des logements décents et à moindre coût. « Des stratégies de développement sont en cours au Togo. Ces stratégies de développement sont déjà élaborées et d’ici quelques années, le visage de la capitale togolaise va changer. Pour nous, la modernisation de Lomé n’est pas un luxe, mais une nécessité », a confié Koffi Aholou, le chef du projet stratégie de développement urbain du «Grand Lomé».

 

Les premiers chantiers ont commencé

 

La population loméenne continue de croître à un rythme incontrôlé et la ville se construit tout en s’agrandissant. L’offre de logements sociaux et « économiques », notamment pour les fonctionnaires et les jeunes actifs du privé est de plus en plus nombreuse, mais insuffisante. « Le secteur de l’habitat et en particulier de l’habitat social connaît un grand déficit au Togo. Le déficit est de 500.000 logements décents à l’horizon 2020 », a confié Fabrice Awoulolo, architecte, membre de l’ordre des architectes du Togo. Conscient du problème que pose ce déficit criard, en janvier 2015, le président de la République togolaise a lancé un premier programme pilote de construction de 1.000 logements sociaux. Principalement destiné aux fonctionnaires de l’État (catégories A1, A2 et B), ce projet a pour but de trouver des solutions pour permettre à toutes les catégories sociales du Togo d’accéder à des logements décents. Une action non dissociable de la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE), selon le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, qui y trouve une manière d’accompagner l’excellence dans l’administration et dans les entreprises.

« L’accord signé en juin dernier avec nos partenaires chinois pour la construction de ces logements s’inscrit dans la droite ligne de la politique de l’habitat dont la phase pilote a démarré en 2014 avec la réalisation de 50.000 logements en faveur des fonctionnaires. La demande est forte et solvable et nous devons la soutenir », affirmait Faure Gnassingbé, président de la République togolaise au cours de la cérémonie de signature, en Chine, avec la société privée chinoise Poly Group, chargée de l’exécution du projet.

 

Des premières cités sortent déjà de terre

 

« Le développement est un tout. La croissance économique ne peut se faire sans créer un cadre décent et viable au fonctionnaire », reconnait un expert en urbanisation au ministère de l’Habitat au Togo. Aujourd’hui à Lomé, beaucoup d’autres spécialistes sont convaincus que grâce à ces améliorations du cadre macroéconomique et au dynamisme dont font preuve certains secteurs clés, il serait bien facile de maintenir le cap de la croissance défini par le SCAPE.

C’est ce qui explique que déjà en 2014, des projets de construction des logements sociaux de grande envergure ont pris forme au Togo. L’exemple du PURISE (Projet d’urgence de réhabilitation des infrastructures et services électriques), financé à plus de 50 millions de dollars par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), est assez édifiant. «Il s’agit de stimuler la croissance par les infrastructures, de générer de milliers d’emplois grâce aux travaux à réaliser et de favoriser un développement inclusif par l’accès à l’habitat pour toutes les catégories sociales de notre pays », a affirmé Otèth Ayassor, alors ministre togolais des Finances. En dehors de ce projet, deux autres projets tels que la construction d’une cité «Mokpokpo» (espoir, en langue Ewé) et la cité «des anges» ont été entamés par le gouvernement togolais en partenariat avec le secteur privé pour permettre aux populations d’avoir un habitat décent et à moindre coût. En effet, selon Hatem Al-Kadi, directeur général d’ABRI 2000, en 35 mois, le premier projet pilote de construction de 540 logements sociaux dénommé «Mokpokpo» pourrait sortir de terre à Adidogomé, (banlieue nord-ouest de Lomé). « La cité Mokpokpo est un projet de logements sociaux destinés aux fonctionnaires togolais (catégories A1, A2, A3 et B). Ce projet est en cours de réalisation par deux opérateurs étrangers, la Société ivoirienne de promotion immobilière (SIPIM) et le Marocain Abri 2000 », a expliqué le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, Me Fiatuwo K. Sessenou.

Selon les autorités togolaises, cette cité sera dotée d’un centre hospitalier et commercial, d’écoles, de places de stationnement et d’espaces verts à l’usage des résidents. « Ce programme exceptionnel a été conçu pour offrir des villas et appartements familiaux et fonctionnels. Il permettra ainsi de faciliter l’accès à la propriété et à un habitat décent. L’ensemble du programme devrait être livré en 2018 », a ajouté le ministre Sessenou.

 

A quels prix les Togolais pourront-ils devenir propriétaires de ces nouvelles habitations ?

 

Les conditions d’acquisition des villas sont, entre autres : être de nationalité togolaise et fonctionnaire de l’État (catégorie A1, A2, A3 et B), exprimer le besoin de disposer d’un logement social en remplissant la « fiche d’identité acquéreur » disponible au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat et au siège de SIPIM puis se faire accompagner par l’une des banques partenaires au projet que sont l’Orabank, la BIA-Togo et la Banque Atlantique. « Ces banques peuvent octroyer des prêts remboursables sur une durée de 15 à 20 ans avec un taux d’intérêt de 7,75% aux fonctionnaires désireux d’acquérir ces logements », a confié le ministre de l’Urbanisation.

Cependant, il faut noter que les fonctionnaires du secteur privé ne sont pas oubliés. Comme l’a soutenu le désormais ancien ministre des Finances Adji Otèth Ayassor, les particuliers aussi pourront acquérir ces logements via des crédits immobiliers sur quinze ou vingt ans, avec des taux d’intérêt raisonnables. « L’État compte sur le secteur privé pour soutenir sa politique et, à cet égard, plusieurs banques présentes au Togo ont été associées à ces projets », avait-il argumenté. Ce qui justifie d’ailleurs la participation au projet de la caisse régionale de refinancement hypothécaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Quant au coût définitif des appartements, le ministre de l’Urbanisme rassure en indiquant que les appartements seront commercialisés à des prix « abordables, allant de 7 à 17 millions de FCFA ».


Par Emmanuel Atcha

 

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