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Kabirou Mbodji, PDG Wari : «Nous sommes le premier employeur au Sénégal»

Fondée en 2008, Wari revendique aujourd’hui entre 600 et 700 millions de transactions par année, pour un volume de 4 milliards d’euros et une place de premier employeur du Sénégal. Son président, Kabirou Mbodji, donne les clefs du succès de Wari.

Entretien

ANA : Wari a révolutionné le marché du transfert d’argent depuis son lancement en 2008. Vous attendiez-vous à un tel succès ?

Kabirou Mbodji : Quand nous avions lancé Wari, nous savions que nous mettions quelque chose de nouveau qui correspondait à une attente. Il y avait l’idée d’une plateforme panafricaine avant qu’elle ne soit globale. On s’était moins basé sur le téléphone mobile que sur la mobilité des gens. Les gens se déplacent énormément pour aller chercher de l’argent, payer quelque chose etc… Il fallait trouver le moyen de diminuer les déplacements relatifs aux services financiers.

Comment voyez-vous l’irruption des opérateurs de téléphonie dans le mobile money ?

Nous sommes contre le fait que des opérateurs de téléphonie puissent offrir des services financiers, parce qu’ils ont un monopole d’Etat dans leur domaine. Ils ne peuvent pas être juge et partie. En Asie, par exemple, voire au Nigeria, il est formellement interdit à un opérateur de téléphonie, directement ou indirectement, d’offrir un service financier parce que le régulateur a bien compris ce qu’est la notion de monopole d’Etat. Aujourd’hui, même les banques sont en danger parce qu’un opérateur télécom qui interconnecte ces banques, peut s’amuser, pour des besoins de concurrence, à créer des défaillances dans les systèmes. Pendant ce temps, lui, il construit une offre de côté.

Vous êtes d’avis que c’est une erreur de la Banque centrale de permettre aux opérateurs télécom d’intervenir dans ce marché ?

Oui, c’est une erreur dans le dispositif actuel. Cela pourrait être toléré s’il y avait, de l’autre côté, la même offre pour l’ensemble des acteurs.

Quelles sont les interactions entre Wari, les prestataires et la banque ?

C’est très simple. Comme je viens de vous le dire, la banque est au milieu du système. Wari loue à la banque sa plateforme, sa marque et ses services permettant à celle-ci d’offrir tous les services, y compris ses propres services. Donc, c’est vraiment une collégialité de l’offre. Les points de vente Wari sont des distributeurs de la banque. C’est un système sans risques puisque toutes les transactions sont prépayées. Il n’existe aucun système au monde, ni Visa, ni MasterCard, qui offre la sécurité que nous offrons.

Quel est la valeur sociale de Wari aujourd’hui ?

Aujourd’hui, Wari c’est 27 000 points de vente au Sénégal et 18 500 emplois directs que nous avons créés. Entre 50 et 200 personnes viennent chaque jour, chercher de l’emploi chez nous via l’ouverture d’un point de vente, à qui nous créons un revenu supérieur à celui d’un fonctionnaire. Je peux dire que nous sommes le premier employeur de ce pays. La deuxième chose dont nous sommes très fiers, c’est notre contribution à la productivité par le gain de temps. Nous n’avons rien inventé. Les transactions qui sont sur la plateforme Wari existaient déjà, mais de manière complètement informelle, sur lesquelles, il n‘y avait aucune trace, aucune transparence. Avec notre plateforme, nous avons rendu transparentes ces transactions et contribuons de ce fait à l’assiette fiscale.

Concrètement combien gagne l’Etat dans chaque transaction ?

L’Etat gagne 1,7% dans chaque transaction.

Quel est le volume des transactions qui passent annuellement sur la plateforme Wari ?

Wari, c’est plus d’un million de transactions par jour, ce qui fait, à peu près, une trentaine voire quarantaine de millions de transactions dans le mois et entre 600 et 700 millions de transactions dans l’année. Je donne juste un élément de comparaison pour montrer que nous ne sommes pas allés nulle part. Visa, c’est plus de 4,6 milliards de transactions dans l’année. Mais ce n’est pas cela qui est important. Ce qui est important, c’est de savoir combien de Sénégalais utilisent Wari. Ils sont très nombreux.

Comment vous perçoivent les banques ? Se sentent-elles menacées dans leur activité à cause de vos services financiers ?

Aujourd’hui, nous avons 107 banques qui sont connectées à notre plateforme. Celles qui pourraient être inquiètes, ce sont celles qui ne comprennent pas ce que nous faisons. Heureusement, la quasi-totalité des banques avec lesquelles nous travaillons ont compris l’utilité de la plateforme Wari et des services que nous leur apportons. Le système bancaire actuel ne correspond pas à la structure économique et culturelle de nos populations. C’est ce que Wari essaie de corriger en transformant le service financier classique en un service financier qui soit compris et utilisable par le grand public.


 

Par Mouhamed Camara

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