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INTERVIEW Benoît Bouny, Directeur Général d’Auchan Retail Côte d’Ivoire : « Nous sommes en Côte d’Ivoire pour la structuration du marché alimentaire »

A l’occasion de l’ouverture de son magasin de Bouaké, le 1er février 2023 à l’intérieur du pays, dans une des villes qui va accueillir des rencontres de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, en janvier 2024, le Directeur général du Groupe français Auchan, Benoît BOUNY décline la vision de son groupe pour le marché ivoirien. Échanges autour d’une stratégie de déploiement dans un contexte de guerre des enseignes sur le marché ivoirien.

Par Issiaka N’guessan à Bouaké

Benoît Bouny DG Auchan Retail Côte d’Ivoire

Quand et pourquoi est venue l’idée de vous implanter à Bouaké ? 

Pour nous, Bouaké est une ville, tout comme San-Pédro, Yamoussoukro ainsi que toutes les villes de Côte d’Ivoire, qu’on a pris en compte dans le projet de développement dès le départ, car notre slogan, « Rendre accessible la consommation à tous », ne consiste pas à s’implanter uniquement sur Abidjan.

« Le choix s’est porté très vite sur Bouaké parce que c’est la deuxième plus grande ville du pays en termes de démographie »

Le choix s’est porté très vite sur Bouaké parce que c’est la deuxième plus grande ville du pays en termes de démographie et celle qui a un juste équilibre entre enjeux et potentiel après Abidjan. Notre volonté est d’être au service des Ivoiriens, de tous les Ivoiriens. Il n’y a donc aucun rapport politique à notre choix de nous implanter à Bouaké. Nous apportons simplement à ses habitants des produits de bonne qualité à un prix le plus bas de Côte d’Ivoire.

Est-ce un pari que le groupe tente ?

Venir à Bouaké n’est pas un pari mais une évidence. Le seul pari que nous faisons, c’est que les habitants de Bouaké trouvent chez nous les produits et les prix qui les aideront dans leur vie quotidienne. Et pour cela, nous développons tous les jours des circuits d’approvisionnements en local, avec les agriculteurs, les producteurs de la région de Bouaké. Nous sommes moins chers.

On trouvera un schéma similaire à celui de la Banque Populaire en France, à Bouaké, pour la récupération des denrées invendues. 13 fournisseurs référencés avant même l’ouverture du magasin, 7 en fruits et légumes, 2 en volaille et autres. On réfléchit à la récolte du plastique qui est un fléau international et pour nous, nous serons engagés par la récolte de ce produit pour que demain, ce ne soit pas la terre qui fasse pousser du plastique parce que ça ne marche pas mais que ce soit quelque chose qui soit engagée dans nos têtes.

Est-ce pour anticiper sur de potentiels concurrents annoncés que vous vous installez à Bouaké ?

Absolument pas. Aujourd’hui, notre combat c’est de rendre accessible la consommation à tous. Nous nous assurons de mettre en place un commerce moderne garant des standards d’hygiène et de sécurité alimentaire. Nous sommes là pour soutenir la structuration du marché alimentaire. 85% de ce marché alimentaire est informel en Côte d’Ivoire. Assurer une bonne alimentation en respectant les conditions de stockage et d’approvisionnement notamment pour la chaîne du froid, pour les produits frais ou la viande, est un incontournable. Le volet santé publique est majeur et nous y contribuons en acteur responsable pour la population de Bouaké, d’Abidjan et tout le reste du pays. Auchan Côte d’Ivoire c’est mieux nourrir nos clients, en mangeant mieux, pour vivre mieux, pour une planète saine.

Combien représente cet investissement et à quoi devraient s’attendre les Bouakéens en termes d’offres de service ?

Ce que nous proposons à la population de Bouaké est dans le même esprit que ce que nous proposons à Abidjan : beaucoup de bienveillance, un sourire omniprésent et une considération pour chacun. Nous sommes là pour que l’acte d’achat soit une expérience de courses réussie, avec des prix pas chers et du choix en toile de fond !

Qu’est-ce qui fait la spécificité de votre groupe dans une conjoncture mondiale du fait de la guerre en Ukraine ?

Nous nous déployons aujourd’hui en Afrique dans le cadre d’un groupe intégré, familial, où tous se donnent corps et âmes, parce que nous pratiquons un métier passionnant, de conviction et de sens. On ne fait pas que vendre des produits à des clients. Mais on embarque bien dans notre écosystème, tout le volet social, sociétal, cher à notre cœur, au travers des circuits courts, au travers de la structuration de la filière agricole, au travers de notre capacité à créer de l’emploi certifiant, via la Licence Professionnelle Management de la Grande Distribution avec l’INPHB, ou encore la création de l’école des métiers, etc. C’est cet ensemble, vecteur de sens, qui a fait Auchan Côte d’Ivoire.

Justement, est-ce la raison pour laquelle vous orientez les investissements vers l’Afrique, la Côte d’Ivoire en particulier et une grande ville comme Bouaké en plein chantier ?

« La stratégie d’aller vers l’Afrique répond à une conjoncture »

La stratégie d’aller vers l’Afrique répond à une conjoncture. On se rend compte qu’en Afrique, la consommation est similaire à celle de l’Europe et c’est un premier point d’approche pour nous. On peut donc avoir une synergie autour du « bon » produit. La Côte d’Ivoire est le deuxième pays, derrière le Sénégal, qui a fait ses preuves en matière de pertinence de modèle commercial et d’appétence auprès des clients. Avec nos 9 premiers magasins abidjanais, il y a une vraie conquête des cœurs qui s’est opérée ! Alors, il n’y a aucune raison que, dans notre plan de développement, on ne se contente que de la ville d’Abidjan. Nous allons donc, tout naturellement, au-delà, car nos clients, nos voisins, nos habitants nous y encouragent : un réel plaisir à faire leurs courses en proximité, avec du choix, moins cher tout le temps et toujours avec du sourire. Bref, je suis convaincu que les Bouakéennes, les Bouakéens bénéficieront de cette même expérience de courses réussie.

A combien estimez-vous les emplois générés actuellement par les travaux en cours et à combien d’emplois devrait-on s’attendre à l’exploitation ? (pour les Ivoiriens)

Depuis l’implantation du premier supermarché en Côte d’ivoire jusqu’à présent, c’est plus de 400 emplois directs générés, sans compter les emplois indirects (sécurité, nettoyage, travaux). A terme, ce sont plus de 3 000 emplois qui seront créés.

Après Bouaké, alors que des universités ouvrent dans le pays, quelles sont les perspectives d’implantation ?

Après Bouaké, l’idée est d’ouvrir dans toutes les autres villes secondaires demandeuses du pays et à potentiel, qui, toujours confortées par le succès qu’aura Bouaké, feront 2024, 2025.

Sont-ce les produits français qu’on retrouvera en rayons ou un mixte ivoiro-français ?

Il y a effectivement des produits français dans nos linéaires. Mais ce qu’il est intéressant de regarder c’est le poids de notre marque de distributeur, car c’est exclusivement nos produits Auchan qu’on importe aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Notre marque Auchan qui se constitue de 3 déclinaisons sur l’alimentaire : l’oiseau vert-pousse = allons à l’essentiel (des produits simples de qualité pour le quotidien) ; l’oiseau rouge = varions les envies (la qualité au meilleur prix) ; l’oiseau doré = découvrons les saveurs (des produits gourmands pour se faire plaisir) ; Cosmia = notre marque Beauté/hygiène/ parfumerie. Tous les autres produits sont achetés ici localement, soit avec des industriels locaux (producteurs ou importateurs), soit en circuit court direct. Cette approche est identique sur notre magasin de Bouaké.

La Côte d’Ivoire demeure-t-elle une oasis de sécurité pour les investissements français dans un contexte de répulsion des intérêts français dans certains pays ?

C’est une vraie conviction partagée dans notre groupe. Non pas parce que c’est un hub de sécurité, mais surtout parce qu’Auchan Côte d’Ivoire est depuis le départ une aventure construite par et pour les Ivoiriens. Ce qui revient à dire que finalement ceux qui en font son succès, c’est l’équipe : Notre équipe (et non moi-même). C’est naturel et j’en suis très fier : on est ensemble !

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