Fanon : un portrait puissant du penseur et militant
Le film Fanon de Jean-Claude Barny, qui met en lumière la vie et la pensée de Frantz Fanon, est enfin sur grand écran après dix ans de travail. Une œuvre qui explore l'homme, le psychiatre et le penseur révolutionnaire à travers une reconstitution poignante de son engagement pour l'indépendance algérienne et sa réflexion sur l'aliénation.

Le 2 avril 2025 marque la sortie du biopic Fanon, un film de Jean-Claude Barny qui s’intéresse à la vie et à l’œuvre de Frantz Fanon, une figure emblématique du XXe siècle. Après plus de dix ans de travail acharné pour obtenir le financement nécessaire, Barny parvient à rendre hommage à un homme qui a marqué l’histoire de la psychologie, de la politique et de la lutte pour la décolonisation. Incarné par Alexandre Bouyer, Fanon se dévoile sous tous ses aspects : le médecin engagé, le militant pour l’indépendance algérienne, et le penseur révolutionnaire.
Le film se concentre sur les premières années de Frantz Fanon à Blida, en Algérie, où il commence à travailler en tant que psychiatre dans un hôpital. C’est là qu’il est confronté à des conditions extrêmes, où les patients sont enchaînés et traités avec cruauté. Son approche radicale de la psychiatrie, influencée par François Tosquelles, bouscule les pratiques de l’époque et choque ses collègues blancs. L’accent est mis sur l’aliénation, un concept central de son œuvre, qui relie la souffrance psychique à l’oppression coloniale.
Un homme, un penseur, un révolutionnaire
Frantz Fanon est bien plus qu’un psychiatre ; il est un homme de combat et un théoricien de la décolonisation. Dans Les Damnés de la Terre, il explore la manière dont la colonisation engendre l’aliénation des peuples colonisés, mais aussi des colonisateurs eux-mêmes. Jean-Claude Barny parvient à faire ressortir cette dimension de pensée tout en mettant l’accent sur les relations humaines qui en découlent. À travers la figure du sergent Rolland, incarné par Stanislas Merhar, le film montre l’impact traumatique de la guerre, un personnage tortionnaire mais humain, victime du stress post-traumatique. Cette complexité psychologique enrichit le portrait de Fanon, qui ne se contente pas de dénoncer, mais cherche à comprendre la nature des violences de la guerre.
Fanon, militant et activiste, n’hésite pas à soutenir le FLN, le Front de Libération Nationale, dans sa lutte pour l’indépendance algérienne. Le film montre ainsi la tension entre sa vocation de médecin et son engagement dans la lutte armée, un dilemme moral qui habite le personnage tout au long de l’histoire.
Un film qui défend la mémoire et l’humanité
Le biopic de Barny se distingue par sa volonté de ne pas simplement raconter une histoire, mais de saisir l’essence même de la pensée de Fanon et son impact sur le monde.