
En septembre 2022, Djamilla Touré lance la plateforme en ligne Sayaspora. Tout part d’un
déficit de communication autour des femmes africaines résidant au Canada.
Djamilla Touré garde encore en mémoire le moment où elle a réalisé qu’elle était noire. Si
elle le savait très bien, elle n’avait pas encore réalisé ce que cela signifiait avant de quitter la
Côte d’Ivoire, où elle est née, pour le Maroc, où sa peau commençait déjà à se distinguer.
Soudain, être noire signifiait être différente. « J’ai compris le poids que la société associait
au fait que je suis une femme noire et je vais devoir marcher différemment dans ce monde
», aime-t-elle à confier à la presse. En tant qu’adolescente noire déracinée de la diaspora
africaine, elle était désespérée de trouver quelqu’un qui puisse parler de son expérience.
Elle regardait des émissions et cherchait dans les médias, mais si elle voyait des femmes
noires à la télévision, elles n’avaient jamais l’impression de s’identifier à elles.
« Partager des histoires »
Ce n’est que lorsqu’elle a déménagé à Montréal pour l’université que Djamilla a finalement
trouvé ce qu’elle cherchait, en rencontrant d’autres étudiants originaires d’Afrique de l’Ouest.
« Vous m’avez manqué toute ma vie. Où étiez-vous ? », s’exclame-t-elle. C’est grâce à ces
conversations, notamment avec d’autres femmes noires, qu’elle réalise qu’elle n’était pas la
seule à vivre ce vide.
C’est ce qui l’a incitée à créer Sayaspora, une plateforme en ligne spécialement conçue par
et pour les femmes de la diaspora africaine, où elles peuvent écrire et partager des histoires.
« L’insertion des femmes africaines dans le marché du travail canadien est le prochain
objectif de Sayaspora »
Depuis, Sayaspora s’est développée et rassemble les femmes africaines de Montréal pour
des événements et des ateliers. L’un des projets vise à aider les femmes africaines à
s’insérer dans le marché du travail canadien.