Sommet de l’OIF : repositionner la Francophonie sur la scène mondiale
Le Sommet de la Francophonie, qui se tiendra à Paris les 4 et 5 octobre 2024, sera marqué par des discussions cruciales sur l’avenir de la langue française et son rôle dans un monde en pleine mutation. Alors que le nombre de francophones augmente, la Francophonie doit relever des défis économiques, culturels et technologiques pour préserver son influence.
En octobre 2024, Paris accueillera le prochain Sommet de la Francophonie. Ce rendez-vous international réunit les dirigeants de 88 pays et gouvernements membres, représentant près de 300 millions de locuteurs du français à travers le monde. Un événement majeur alors que la Francophonie se retrouve à un moment charnière de son histoire. Le paysage international est marqué par la montée de nouvelles puissances, les conflits géopolitiques, la transition numérique, et les bouleversements climatiques. Le sommet de Paris 2024 vise à repositionner la Francophonie comme un acteur majeur dans la gouvernance mondiale, en renforçant sa capacité à agir sur des questions aussi variées que la paix, la sécurité, le développement durable, et la lutte contre les inégalités.
La Francophonie est plus qu’une langue, c’est un espace de solidarité, de partage des valeurs communes, mais aussi un levier pour des actions concrètes dans les domaines économique, culturel et politique
Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), souligne l’importance de cet événement dans un contexte de grands bouleversements mondiaux : « La Francophonie est plus qu’une langue, c’est un espace de solidarité, de partage des valeurs communes, mais aussi un levier pour des actions concrètes dans les domaines économique, culturel et politique. »
Le principal enjeu du sommet sera de déterminer comment la Francophonie peut rester un acteur influent sur la scène internationale, alors que l’anglais continue de dominer dans les échanges économiques et scientifiques. Cependant, le français connaît une progression constante, surtout en Afrique. Selon les chiffres de l’OIF, le nombre de locuteurs francophones pourrait atteindre 750 millions d’ici 2050, principalement en Afrique subsaharienne, qui sera le cœur battant de la Francophonie. Pour Mushikiwabo, « l’Afrique est l’avenir du français, et c’est sur ce continent que la langue doit se réinventer pour répondre aux attentes des jeunes générations ».
L’Afrique est l’avenir du français, et c’est sur ce continent que la langue doit se réinventer pour répondre aux attentes des jeunes générations
L’Afrique joue en effet un rôle central au sein de la Francophonie, tant par le nombre de ses locuteurs que par son dynamisme démographique et culturel. Sur les 88 États et gouvernements membres de l’OIF, 32 sont africains, faisant du continent le cœur battant de la communauté francophone. D’ici 2050, il est prévu que 85 % des francophones dans le monde seront africains, ce qui souligne l’importance stratégique de l’Afrique pour l’avenir de la langue française. Le sommet de Paris devra donc répondre aux aspirations des pays africains, notamment en matière d’éducation, de développement économique et d’accès aux technologies. Les défis spécifiques du continent, tels que la jeunesse, le chômage et la vulnérabilité face aux crises climatiques, devront être au centre des discussions, afin de consolider le rôle de l’Afrique en tant que moteur de la Francophonie mondiale.
Ce qui est au cœur de l’action de Louise Mushikiwabo, depuis son élection en 2018 à la tête de l’Organisation. L’ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda, a marqué de son empreinte le leadership de l’institution, caractérisant son premier mandat par une volonté de moderniser la Francophonie, de la rendre plus inclusive et résolument tournée vers l’avenir. Sous sa direction, l’OIF a renforcé son rôle en matière de coopération économique et de promotion de la langue française dans un contexte mondial multilingue. Louise Mushikiwabo a également mis l’accent sur la place des jeunes et des femmes au sein de la Francophonie, tout en plaidant pour une plus grande solidarité entre les pays francophones du Nord et du Sud. Son leadership a permis de repositionner l’Afrique comme un acteur clé au sein de la Francophonie, tout en ouvrant des perspectives de partenariats renforcés avec d’autres régions du monde. Elle a également inscrit au cœur de l’Organisation le renforcement des industries culturelles et créatives en Afrique. Représentant un levier essentiel pour le développement économique et la promotion de la diversité culturelle, ces industries ont bénéficié d’un soutien accru au sein de la Francophonie. En mettant en avant la richesse du patrimoine artistique, cinématographique, littéraire et musical africain, l’OIF a cherché à encourager la production locale tout en facilitant l’accès aux marchés internationaux. Des initiatives telles que des fonds de soutien à la création, des formations dédiées aux jeunes talents, et des collaborations avec des acteurs de la tech ont permis de structurer ces secteurs, offrant ainsi de nouvelles opportunités d’emplois et de rayonnement pour l’Afrique. Lors du sommet de Paris, ces questions seront à nouveau à l’agenda, avec l’objectif de consolider les progrès réalisés et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour les créateurs francophones du continent. Le prochain sommet de Paris sera un moment clé pour évaluer les avancées réalisées sous sa direction et définir les prochaines étapes de son action.
La Francophonie doit être une force qui soutient le développement durable et inclusif, en mettant en avant la créativité des jeunes et des femmes
Car les défis sont nombreux et de taille. Le ralentissement économique mondial, les bouleversements climatiques et les tensions géopolitiques influencent directement les pays francophones, en particulier en Afrique. Le sommet devra donc aborder des questions brûlantes, telles que l’accès à l’éducation, à la formation, mais aussi à l’innovation technologique. « La Francophonie doit être une force qui soutient le développement durable et inclusif, en mettant en avant la créativité des jeunes et des femmes », insiste Mushikiwabo.
La Francophonie économique est un enjeu crucial pour l’avenir des pays membres. L’espace francophone regroupe des économies très diverses, allant des pays en développement aux économies émergentes et industrialisées. Le sommet de 2024 sera une occasion pour renforcer les partenariats économiques et commerciaux entre les membres, en mettant l’accent sur les échanges Sud-Sud, et en développant des projets de coopération dans des secteurs comme l’agriculture, les énergies renouvelables, et les technologies de l’information.
Deux temps : le Festival de la Francophonie : Refaire le monde et FrancoTech
Plus haute instance de l’OIF, le Sommet de la Francophonie réunit les 88 États et gouvernements membres de l’OIF pour définir les orientations stratégiques de la Francophonie. Le Sommet permet d’examiner les demandes d’adhésion de nouveaux États et gouvernements et d’élire la ou le Secrétaire général de la Francophonie (mandat de quatre ans). Le Sommet de 2024 ne sera pas électif car la dernière élection s’est tenue à Djerba en Tunisie en 2022.
Les discussions porteront ainsi sur la place du français dans le numérique. Dans un monde de plus en plus connecté, la maîtrise des outils numériques devient cruciale pour le développement des pays francophones. En 2022, seulement 32 % de la population d’Afrique francophone avait accès à internet. Une fracture numérique que l’OIF souhaite combler en accélérant les initiatives pour renforcer l’inclusion digitale.
Une thématique notamment abordée à l’occasion de FrancoTech, un des temps forts du Sommet. Le salon, qui vise à démontrer que la langue peut être un moteur d’innovation et de transformation dans un monde où le numérique occupe une place de plus en plus centrale, mettra à l’honneur les startups et innovations technologiques qui utilisent le français comme vecteur de développement.
Deuxième temps forts, le Festival de la Francophonie : Refaire le monde, un espace de réflexion où jeunes penseurs, artistes et militants du monde francophone proposeront leurs visions pour un avenir plus solidaire et inclusif.
En somme, le Sommet de la Francophonie 2024 à Paris sera une opportunité de repenser le rôle de la langue française dans un monde globalisé. Entre la croissance du nombre de locuteurs et les défis socio-économiques, l’avenir de la Francophonie repose sur sa capacité à s’adapter et à innover, tout en restant fidèle aux valeurs qui la fondent.
Pour en savoir plus : www.francophonie2024.gouv.fr