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VivaTech 2025 : l’Afrique en vitrine, entre innovation, inclusion et fierté continentale    

Pour sa 9e édition, Viva Technology s’impose une nouvelle fois comme le plus grand RDV tech et startup d’Europe. Du 11 au 14 juin 2025, plus de 165 000 visiteurs sont attendus à la Porte de Versailles à Paris. Le continent africain y présente également ses startups.

Par Yousra Gouja, à Paris

Dès l’arrivée sur l’espace Afrique de VivaTech, une chose saute aux yeux : la diversité, la vitalité et la fierté culturelle du continent. Les délégations s’y affichent en tenues traditionnelles, chaque pays arborant fièrement ses couleurs. Le Sénégal se distingue par une forte présence et une mobilisation impressionnante de ses startups. D’autres pays, comme la Tunisie et le Maroc, bien que présents, ne disposent pas d’espace dédié.

L’édition accueille des représentants de 160 pays et 50 pavillons nationaux, avec le Canada comme pays à l’honneur cette année. VivaTech est plus qu’un salon : c’est un catalyseur d’opportunités concrètes, un lieu d’échanges qui débouchent sur des partenariats, des investissements et des innovations à impact. L’Afrique y occupe une place stratégique, notamment à travers les AfricaTech Awards, qui en sont à leur 4e édition. L’édition 2025 met en lumière des parcours entrepreneuriaux puissants, porteurs de sens, à l’image des trois entrepreneurs que nous avons rencontrés sur place. 

Sénégal : le paiement digital au service de l’inclusion 

Ingénieur de formation, avec un parcours de 18 ans en France et 4 ans à Dubaï dans la fintech, Birahim Fall a décidé de revenir au Sénégal pour contribuer activement à la transformation numérique. À la tête de Bictorys, il développe une solution de paiement omnicanal qui permet aux commerçants d’encaisser facilement, en boutique ou via les réseaux sociaux. Il indique : « Notre plateforme est agréée par la Banque Centrale du Sénégal. Elle permet aux marchands d’avoir un accès immédiat à leur argent, via des wallets électroniques. »

Notre plateforme permet aux marchands d’avoir un accès immédiat à leur argent, via des wallets électroniques

Birahim Fall

À travers une interface intuitive, Bictorys connecte terminaux de paiement, caisses en ligne, et mobile money. Les paiements peuvent se faire par QR code, et des fonctionnalités supplémentaires — fidélité et abonnements — renforcent la dimension servicielle.

« Aujourd’hui, 90 % des transactions en Afrique se font via des wallets. Nous sommes les seuls au Sénégal à offrir cette interconnexion complète, y compris entre TPE et caisse. » Avec une équipe de 10 personnes, une création récente (fin 2023) et de grandes ambitions — notamment devenir une licorne africaine — Bictorys incarne l’élan d’un continent qui innove pour lui-même. 

Côte d’Ivoire : la santé mentale au cœur de la performance 

Médecin généraliste, le Dr Parfait Touré a fondé Yodan pour répondre à un besoin souvent négligé : la santé mentale en entreprise. Une problématique d’autant plus urgente que plus de 70 % des travailleurs en Côte d’Ivoire vivent un stress chronique. Il précise : « entre 2022 et 2023, chez les jeunes, le suicide était la troisième cause de mortalité. Cela coûte environ 10 % du PIB au pays. »

Yodan milite pour l’inclusion de la santé mentale à la couverture maladie, plus de 70 % des travailleurs en Côte d’Ivoire vivant un stress chronique

Yodan propose une application dotée d’un questionnaire d’évaluation, connectée à un centre d’écoute et à un réseau de psychologues et psychiatres. L’objectif : dépister, accompagner et déstigmatiser. Il s’alarme : « la plupart des professionnels sont concentrés en ville. Le digital réduit les coûts et permet un accès élargi. Nous avons intégré 1 500 salariés, avec près de 200 appels par semaine. » L’initiative est déjà commercialisée, avec des résultats concrets, et fait partie du programme d’accélération HealthTech Hub Africa (HTHA) à Kigali. Yodan milite également pour l’inclusion de la santé mentale à la couverture maladie. 

Nigeria : préserver les langues africaines par la technologie 

Avec Dialecta, la Nigériane Mojisola Ogunleye s’attaque à une autre urgence : la disparition accélérée des langues africaines. Elle explique : « une langue disparaît toutes les deux semaines. J’ai réalisé que mon propre enfant de 4 ans ne parle pas ma langue maternelle. » Dialecta propose des cours de langues pour enfants, appuyés par l’IA, des outils de reconnaissance vocale, un espace de pratique et une plateforme de visioconférence dédiée.

Dialecta propose des cours de langues pour enfants, appuyés par l’IA. Le projet veut reconnecter les enfants à leur culture et éviter l’exclusion des locuteurs natifs, notamment les femmes

Le projet repose sur un double objectif : reconnecter les enfants à leur culture et éviter l’exclusion des locuteurs natifs, notamment les femmes. Elle précise : « nous avons une liste d’attente. Beaucoup de familles veulent transmettre, mais n’ont ni le temps ni les outils. » La plateforme, en cours de finalisation, prévoit un lancement en août, avec un financement entièrement personnel jusqu’à présent. 

Une Afrique en lumière : pitchs, prix et partenariats 

Dans l’espace de pitchs AfricaTech, les représentants institutionnels insistent sur l’enjeu stratégique de la visibilité des startups africaines. « Il y a un génie africain et sénégalais. Il suffit de le mettre en avant pour qu’il rayonne », affirme Ababacar Dieng, conseiller technique auprès du MESRI du Sénégal. « Nous voulons accompagner la recherche et l’innovation sur le continent », renchérit Bécue Mathieu, attaché à l’Ambassade de France au Sénégal.

L’édition 2025 des AfricaTech Awards veut accompagner la recherche et l’innovation sur le continent

L’édition 2025 des AfricaTech Awards illustre cette ambition. Sur 492 candidatures, 45 finalistes ont été sélectionnés, dont la moitié sont portés par des femmes. Le Nigeria se distingue encore cette année, avec 110 candidatures (+70 % par rapport à 2024), suivi du Kenya et, pour la première fois, de la Tunisie. Les prix récompensent trois secteurs clés : GreenTech, HealthTech et E-commerce/FinTech, avec une évaluation sur l’impact social ou environnemental, la qualité de l’innovation, et le potentiel de déploiement à l’échelle africaine. La remise des prix aura lieu le 12 juin, sous le patronage du footballeur Édouard Mendy, engagé dans la tech africaine. VivaTech 2025 confirme ainsi l’émergence d’un écosystème africain résilient, ambitieux et créatif.

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