Koyo Kouoh : un parcours de pionnière dans le monde de l’art contemporain
Koyo Kouoh, conservatrice du musée Zeitz-Mocaa à Cape Town, a récemment été nommée commissaire de la Biennale d’art contemporain de Venise 2026. Première femme africaine à occuper ce poste prestigieux, elle incarne un modèle de leadership dans le domaine artistique. Son parcours et ses ambitions redéfinissent les contours de l’art contemporain en Afrique et au-delà.
Koyo Kouoh, une figure incontournable de l’art contemporain africain, écrit une nouvelle page de l’histoire de la Biennale d’art contemporain de Venise. Le 4 décembre 2024, l’annonce de sa nomination en tant que commissaire de la 61e édition de la Biennale a suscité un enthousiasme général, et ce, pour une raison simple : elle est la première femme africaine à obtenir cette distinction. Un parcours exceptionnel, nourri de convictions profondes et d’un engagement sans faille pour l’art, l’Afrique et les communautés diasporiques.
Un ancrage dans deux mondes : l’Afrique et l’Europe
Koyo Kouoh est née à Douala, au Cameroun, avant de grandir à Zurich, en Suisse. Cette double appartenance, à la fois culturelle et géographique, a nourri sa réflexion et sa vision de l’art, qu’elle considère comme un moyen puissant de transcender les frontières. Elle incarne une Afrique moderne et cosmopolite, où les influences du continent s’entrelacent avec celles du monde entier.
Son engagement pour les arts a pris une dimension internationale lorsqu’elle a pris la direction du musée Zeitz-Mocaa à Cape Town, en Afrique du Sud. Ce musée est devenu l’un des centres névralgiques de l’art contemporain africain, et Koyo Kouoh y a impulsé une dynamique nouvelle, mettant en avant des artistes africains et internationaux dans une démarche de décolonisation de la culture. Pendant cinq ans à la tête de cette institution, elle a su imposer une vision claire : l’art contemporain en Afrique ne doit plus être considéré comme périphérique, mais comme un acteur clé sur la scène mondiale.
Le rôle de la Biennale de Venise : un tremplin pour la visibilité africaine
La Biennale de Venise, l’un des événements artistiques les plus prestigieux au monde, a toujours été un carrefour d’échanges et de rencontres entre différentes cultures. Le choix de Koyo Kouoh pour être la commissaire de la 61e édition en 2026 n’est pas un hasard. L’artiste et curatrice est perçue comme une championne du panafricanisme, une vision qui, selon elle, est devenue incontournable pour comprendre l’art et l’histoire contemporaine. Dans ses travaux, elle souligne l’importance des « géographies noires », concept qu’elle défend avec passion. Cette notion fait référence à l’influence de la culture noire à travers le monde, des États-Unis au Brésil, en passant bien sûr par l’Afrique.
Le travail de Koyo Kouoh à la Biennale de Venise visera à aborder les enjeux actuels liés à l’art, à la culture et aux sociétés contemporaines, tout en mettant en lumière les préoccupations spécifiques du continent africain. Elle souhaite, à travers cette exposition, proposer une réflexion sur le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui et sur celui que nous aspirons à construire pour demain.
Un regard critique sur la représentation de l’Afrique
Koyo Kouoh a toujours été critique de la manière dont l’Afrique a été représentée dans les arts. Selon elle, le récit du continent a été largement façonné par d’autres, et il est plus que temps que les Africains eux-mêmes prennent en main la narration de leur histoire. Cela passe par une redéfinition des termes, des images et des contextes associés à l’art contemporain africain. Kouoh a exprimé son souhait de créer une exposition qui soit en phase avec les réalités du monde actuel, tout en étant porteuse d’une vision positive et transformatrice pour l’avenir.
Elle s’inscrit également dans une démarche qui dépasse les frontières géographiques du continent. « Le pandiasporisme », concept cher à Kouoh, désigne l’idée d’une solidarité et d’une compréhension entre toutes les communautés noires à travers le monde, qu’elles soient en Afrique, en Amérique, en Europe ou ailleurs. Une telle vision place l’art comme un catalyseur de la réconciliation et de l’unité mondiales.
Une carrière qui s’est nourrie de diversité
Avant d’assumer son rôle au musée Zeitz-Mocaa, Koyo Kouoh a fondé le centre d’art contemporain Raw Material Company à Dakar, au Sénégal, un espace dédié à la promotion de l’art africain contemporain. Sa carrière internationale s’est construite autour d’un dialogue constant entre les artistes, les institutions et le public. Elle a travaillé avec des artistes emblématiques et a organisé des expositions marquantes qui ont redéfini les contours de l’art africain.
Kouoh a également su tirer parti de ses racines suisses et camerounaises pour tisser des ponts entre l’Afrique et l’Europe, mais aussi entre l’Afrique et ses diasporas. Son travail met en exergue les intersections culturelles et les multiples dimensions de l’identité noire, sans jamais perdre de vue l’histoire coloniale et ses effets.
Un futur prometteur pour l’art africain à l’international
La nomination de Koyo Kouoh à la tête de la Biennale de Venise est une victoire pour l’art africain, mais aussi pour la visibilité des femmes dans le milieu artistique. Elle incarne une nouvelle génération de curateurs et de commissaires, qui placent la diversité, l’inclusivité et l’héritage culturel au cœur de leurs préoccupations. En ouvrant la voie à des discussions globales sur l’identité, la culture, et l’histoire, elle prépare le terrain pour de futures générations d’artistes africains.
La 61e édition de la Biennale, sous sa direction, sera certainement un tournant majeur dans la manière dont l’art africain sera perçu et compris dans le monde entier. Koyo Kouoh ne se contente pas de suivre les traces de ses prédécesseurs ; elle écrit son propre chapitre, avec des idées novatrices, des œuvres percutantes et une vision claire de ce que l’art doit apporter à l’avenir.