Ghana Relance de la filière avicole
Dans sa quête permanente de booster la filière avicole du pays, les autorités ghanéennes viennent d’annoncer l’interdiction des poulets congelés. Cette annonce a été confirmée par Dr. Gyiele Nurah, ministre d’Etat auprès de la présidence en charge de l’alimentation et de l’agriculture. Déjà, on projette une hausse de 6% de la consommation de volailles chaque année à partir de 2018.
Blamé Ekoué, Accra
Pour les autorités ghanéennes, cette décision permettra de redorer le blason de ce secteur en perte de vitesse depuis quelques années face à l’envahissement du marché local par des produits congelés importés. A en croire Dr. Gyiele Nurah, ministre d’Etat auprès de la présidence en charge de l’alimentation et de l’agriculture, «cette interdiction d’importation de produits avicoles congelés fait suite à de nombreux lancés par les producteurs locaux afin de booster la production avicole locale. « Cette décision a été motivée par les appels incessants des producteurs locaux face à la tendance haussière de l’importation des produits congelés en provenance de l’Europe», a-t-il expliqué. Environ 135 000 tonnes de poulets congelés ont été importés de l’Europe en 2017, représentant une hausse de 75% par rapport à 2016. Il a par ailleurs souligné que cette tendance haussière des importations de produits congelés constitue l’un des défis majeurs du secteur avicole. Le potentiel de production de produits avicoles du Ghana tournerait autour de 4.4 millions de têtes de volailles alors que le pays ne produit aujourd’hui qu’environ 2.1 millions chaque année.
Une aubaine pour les producteurs locaux
Selon des sources proches du ministère de l’alimentation et de l’Agriculture, ces importations représenteraient environ 112 millions de têtes de volailles en 2017. Ceci constitue un important manque à gagner pour l’industrie avicole qui joue un rôle primordial dans les nombreux programmes lancés depuis 2017 à l’instar du «Programme planter pour la nourriture et l’emploi». Désormais, la production locale devra saisir cette aubaine pour rattraper son retard. Pour Victor Oppong Adjei, directeur national de l’association des aviculteurs «GNAPF», le secteur avicole reste et demeure une industrie de plusieurs milliards de dollars avec une formidable chaine de valeur pouvant générer environ un million d’emplois à travers le pays. «Ceci est une industrie qui dispose d’un fort potentiel pour le développement économique et la croissance du pays à travers l’éradication de la pauvreté et la responsabilisation de la population face à leurs besoins sociaux» a-t-il souligné.
Les autorités mettent en garde les premiers bénéficiaires de cette mesure.
La nouvelle mesure suscite beaucoup d’engouement auprès des producteurs locaux. Mais les autorités ghanéennes avertissent qu’ils pourraient lever cette interdiction si les premiers bénéficiaires n’arrivent pas à satisfaire la demande nationale au cours des prochaines années. «Maintenant que nous avons réduit les importations de poulets congelés, les producteurs locaux doivent se préparer pour nourrir la population. Mais si nous observons que cela ne marche pas, alors nous allons lever cette interdiction parce que le gouvernement a la responsabilité de nourrir le peuple aussi bien que de soutenir les producteurs locaux» a averti Dr. Gyiele Nurah, ministre d’Etat auprès de la présidence en charge de l’alimentation et de l’agriculture. Il a aussi souligné qu’il est temps pour les producteurs locaux de chercher à créer une chaîne de valeur afin de rentabiliser leurs activités. « Normalement, le gouvernement aurait aimé fournir aux consommateurs des produits avicoles locaux. Mais pour y parvenir, les producteurs ghanéens doivent se départir de certaines pratiques commerciales qui consistent à commercialiser les volailles avec des plumes en optant pour une commercialisation de la viande de poulet et les produits et préparations à base de viande de poulet tels que la saussice et le barbecue» a-t-il ajouté. Pour appuyer les producteurs d’autres mesures sont en cours d’élaboration avec pour objectif principal de réduire le cout de production des producteurs locaux à partir de 2018. Selon l’association des aviculteurs ghanéens, le coût des intrants alimentaires destinés aux volailles représenterait environ 60% du coût total de la production dans l’industrie avicole du pays. Déjà, l’introduction d’une hausse de 15% du TVA sur certains produits suscite beaucoup d’inquiétude chez les producteurs qui estiment que cela pourra avoir d’autres répercussions sur leurs activités. Pour rappel, la demande nationale en volailles est estimée à environ 175 000 tonnes alors que le pays produit seulement 35 000 tonnes chaque année, soit environ 25%.