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Ammar Khadraoui, l’exigence de l’excellence 

Dans ce monde challengé par le digital en perpétuelle révolution, Ammar Khadraoui, entrepreneur franco-algérien, n’a pas hésité, et ce à plusieurs reprises, à retourner sur les bancs de l’école pour acquérir et développer de nouvelles expertises. Diplômé d’école de commerce, c’est lors d’un master à Central Supelec en innovation qu’il découvre la gamification. Il devient l’un des rares à opérer dans ce domaine en Afrique et Moyen-Orient. Parcours. 

Par Dounia Ben Mohamed

“Je suis un beurre de lait”. C’est ainsi qu’aime à se définir Ammar Khadraoui. Franco-Algérie né à Bordeaux, ce dernier a en effet passé la première partie de sa vie dans l’hexagone où il poursuivra des études de commerce, à la Rochelle, avant d’entamer sa carrière professionnelle de consultant en stratégie après un passage en tant que directeur marketing adjoint chez Auchan île-de-France. Il poursuit sa carrière à l’internationale entre l’Europe et le Moyen-Orient avant de traverser la Méditerranée pour rejoindre le pays de ses parents.

“Mon père rêvait d’avoir un fils en Algérie. J’ai cherché un groupe avec une dimension internationale, j’ai rejoint Suez avant de créer, en 2011, mon cabinet de consulting, ASMOS Consulting. Nous faisons du conseil en stratégie, de la transformation, des métiers, des chaînes de valeur, du management, de la data… jusqu’à l’excellence opérationnelle, l’intelligence collective et la conduite du changement. Nous sommes présents aujourd’hui sur plusieurs pays: l’Algérie, le Rwanda, le Maroc, la Côte d’Ivoire, la RD Congo et bientôt de retour en France et en vadrouille au Moyen Orient.”

Confronté aux réalités d’un marché en perpétuelle renouveau et en quête de compétitivité, le chef d’entreprise décide de retourner sur les bancs de l’école pour une mise à jour. “J’ai intégré Centrale Supelec où j’ai travaillé sur une thèse professionnelle sur l’activation et l’accélération du changement et de l’engagement dans un contexte complexe. C’est là que je découvre la gamification.” Il décide de s’y mettre et devient l’un des rares à mener cette activité en Afrique. “Je suis rentré en Algérie fin 2018, j’ai recruté un infographe et j’ai commencé la business unit. Nous sommes aujourd’hui la seule entreprise en Afrique à faire du serious game physique sur mesure. Nous comptons parmi nos clients les Nations Unies, la Banque Mondiale, l’Union Européenne, Total, Schneider Electric, Société Générale, Henkel… des multinationales, des agences de développements, des leaders nationaux…On a tellement accompagné nos clients sur la transformation digitale que la fièvre des plateformes SaaS (« Software as a Service ») nous a prise.” 

“On se doit d’être compétitif” 

Un succès dû à une constante adaptation aux standards internationaux et une quête de compétitivité. “Si on est sur un marché, on se doit d’être compétitif à tous les niveaux et de savoir tenir son positionnement, quand nous choisissons les secteurs niches, on se doit de faire force d’innovation et de valeur ajoutée, observe l’entrepreneur. Aujourd’hui, nous disposons d’une gamme de plus de soixante-dix serious game, ce qui permet de passer d’une business unit à une nouvelle entreprise en mode spinoff à part entière.” Et de confier : “Je n’aurai jamais cru que depuis l’Algérie on puisse pénétrer des marchés tels que le Rwanda, la France, l’Arabie Saoudite. L’exigence s’adapte à tout. Comprendre les standards internationaux et les exigences nationales, la culture du glocal, nous a beaucoup porté. Tout autant que travailler auprès des multinationales. On les connaît, on les comprend, on a évolué avec elles. Elles sont toujours dans cette exigence d’innovation, de compétitivité, de changement, de développement durable et plus encore de développement et de capital humain.” 

 “La transformation au cœur du quotidien”

Et alors que l’Afrique cherche à réussir et à accélérer ses transformations digitales, Ammar invite ses pairs à ne pas sauter d’étapes majeures. “Nous devons mettre la transformation au cœur du quotidien, c’est un process incrémental, avec des prérequis indéniables, pas de systèmes d’informations, pas d’automatisation de processus et surtout pas données viables, fiables, clean et riches. À l’échelle de nos organisations, les compétences avaient une durée de vie de trente ans, depuis la Covid on est passé à quatre ans, deux ans tout au plus aujourd’hui. Le paradigme a changé. Si le digital a cassé les frontières et les droits d’entrée, les modèles de collaboration, de coopération et d’interdépendance, les exigences d’ingénierie, d’efficience, de recherche et développement demeurent au cœur des préoccupations. Tout autant que la nécessaire exigence de rendre nos écosystèmes apprenants. On doit apprendre en permanence, et permettre à notre richesse humaine d’apprendre à apprendre en autonome.”

Une nouvelle conjoncture qui se traduit par de nouvelles opportunités pour l’Afrique autant que des défis. “On peut être à Alger, Victoria Falls, Abidjan, ou partout ailleurs sur le globe et l’on peut répondre à des problématiques complexe à condition d’être au fait et agile avec les nouvelles mutations telle que l’intelligence collective, l’informatique quantique avec des nouvelles forces d’analyse, les technologies de l’instantané tel que la 5G et la 6G… Mais il est encore plus crucial d’être en mesure de comprendre, de créer, de développer et de faire émerger des usages qui répondent à des besoins concrets. Les dogmes sont tombés, sans diplômes des jeunes deviennent de grands développeurs, des spécialistes de la cybersécurité, du traitement et de l’analyse des données. Cela bouleverse les usages et les enjeux de souveraineté et de leadership. Mais c’est aussi les défis de nos écosystèmes africains pour réussir le défi de converger, de travailler en concert, en synergie pour couvrir les chaînes de valeurs et se concentrer sur les maillons stratégiques et créateurs de richesse, pas simplement de valeur.  Comment y arriver sans systèmes d’information, sans maîtrise des ingénieurs, des technologies, de la transformation des ressources, du partage des savoirs, de la qualité du management et de l’exigence du leadership avec de réelles visions prospectives, productrices et durables… L’humain, notre chance et notre capital net, est enclin à devenir notre ressource rare si nous ne construisons pas localement, régionalement et glocalement les réponses de notre Afrique sans frontières, sans complexes, sans dépendance et surtout ouverte aux échanges par la compétitivité de ses savoirs, de ses productions et de ses ressources humaines.”

“La capacité de faire foisonner l’intelligence collective”

Une exigence qui est au coeur du groupe ASMOS présent par ses offres de services sur la chaîne de valeur de la transformation, avec cette quête de l’excellence, de l’innovation et la “haute valeur ajoutée”. “Je suis persuadé qu’en apportant des offres complètes cela rendra nos transformations concrètes et durables : le conseil, la data, la capacité du changement par la gamification, et bien au-delà, la capacité de faire foisonner l’intelligence collective, assure le dirigeant. On parle beaucoup en Afrique, on écrit peu, la gamification permet de matérialiser cela.” A travers un outil spécifique lancé par le groupe, la plateforme Skillym. “Aujourd’hui, cette plateforme permet de comprendre les enjeux des entreprises, des organisations et des écosystèmes, de cartographier les savoirs, les savoir-être et les aptitudes personnelles et professionnelles avec des fonctionnalités pour créer des parcours, des carrières, des mobilités, des plans de formation et de développement. Nous l’avons déployé en Afrique du Nord. Trois plateformes vont être imbriquées à cette première couche : la conduite du changement, les RSE, la capacité à piloter les projets de développements pour les Etats et les Ministères, ce qui nous permettra d’accompagner les projets que nous avons initiés en RDC et au Rwanda. ” 

Le groupe ASMOS par sa filiale ASMOS Africa a signé un Mémorandum d’entente avec l’organisation panafricaine Smart Africa. Une concrétisation dont le fondateur et président du groupe, Ammar Khadraoui, n’est pas peu fier après treize années à bâtir au plus prêt du terrain. 

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