
On le surnomme le Steeve Jobs africain. Alain Capo-Chichi, dans son usine à Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, a conceptualisé et fabriqué localement le premier smartphone africain accessible avec plus de 50 langues africaines, dont 17 dialectes ivoiriens, intégrés via l’Intelligence artificielle (IA). Cela pour donner accès au smartphone à la majorité des Africains analphabètes et qui ne maîtrise pas une autre langue que celle du village. « Pourquoi cela devrait les handicaper de faire du business, de se cultiver ou simplement de communiquer plus facilement ? Le smartphone est une révolution de notre époque, il fallait qu’il soit accessible au plus grand nombre », explique-t-il. Son superphone baptisé « Open G » né en juillet 2022, est utilisable à 100% en commande vocale, capable même d’anticiper les besoins de son utilisateur. Téléphone intelligent, il intègre plusieurs innovations (assistant intelligent, mini applications, gamification et interactions avec son environnement).

Le smartphone est une révolution de notre époque, il fallait qu’il soit accessible au plus grand nombre
L’idée, il l’a eue en s’inspirant de ses propres parents. « Ce sont des gens très intelligents, très débrouillards, mais qui ne savaient ni lire ni écrire. C’est à eux que j’ai pensé en premier. Malheureusement, à ce jour il est trop tard, mais je n’ose pas imaginer ce qu’ils auraient pu faire avec un tel outil entre leurs mains : des merveilles ! ». Alain Capo Chichi, aujourd’hui maître-assistant des Universités en Génie Informatique, Docteur en sciences de l’Information et de la Communication de l’Université Paris 8, est également associé de la Chaire UNESCO sur les Tics de l’Université de Bordeaux, est avant tout un créatif ambitieux.
Meilleur jeune entrepreneur dans le domaine de l’innovation…en 2010
Inventeur de génie précoce, c’est en 1998, à l’âge de 20 ans seulement qu’il a lancé le projet initial de CERCO, qui est devenu en 2007, un groupe international avec 70 lycées et 5 instituts universitaires entre le Bénin, le Mali, la Côte d’Ivoire et la France. Pour sa dernière innovation, il a décroché le World Literacy Awards 2023, le prix mondial de l’alphabétisation 2023 lors du 5e sommet mondial sur l’alphabétisation en avril dernier à Londres. Mais son travail a déjà été salué bien plus tôt avec le lancement du « Bus de l’Internet » (des sessions de formations et d’accès au wifi via un bus) et de la première usine d’assemblage d’ordinateurs en Afrique de l’Ouest. En 2010, il a été désigné, par la CEDEAO, meilleur jeune entrepreneur dans le domaine de l’innovation et en 2005 parmi les 10 jeunes les plus remarquables au monde.

Il faut construire localement. Je l’ai toujours su, l’Afrique est l’avenir du monde. L’IA a facilité et va continuer à transformer la vie des africains
Si « Open G » est une réussite technologique, c’est aussi un exemple de construction industrielle africaine. « Le téléphone est 100% africain, donc conceptualisé et construit localement ». Le groupe Cerco du Béninois, est une entreprise de droit ivoirien, installée dans le village de l’information et de la biotechnologie (VITIB), dans la zone franche industrielle de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire. Il dispose d’une chaîne d’assemblage de superphones et d’ordinateurs d’une capacité de 4 000 unités par jour.
« Il faut construire localement, car je l’ai toujours su, l’Afrique est l’avenir du monde. L’IA a facilité et va continuer à transformer la vie des africains, il ne faut plus regarder vers le Nord, l’Europe, c’est le passé… Avec l’IA les Africains peuvent rattraper leur retard et même aller encore plus loin », s’enthousiasme-t-il.