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Sidi Ould Tah : un stratège discret à la tête de la Banque africaine de développement

Le 29 mai 2025, lors des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan, l'économiste mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de l'institution, succédant à Akinwumi Adesina. Avec 76,18 % des voix dès le troisième tour, il a devancé des candidats de renom tels que Samuel Maimbo (Zambie) et Amadou Hott (Sénégal) . Cette élection marque l'aboutissement d'un parcours exemplaire, alliant expertise technique, diplomatie feutrée et vision panafricaine.

Né en 1965, Sidi Ould Tah est diplômé en sciences économiques de l’Université de Nice-Sophia-Antipolis. Il débute sa carrière à la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce, avant d’occuper des fonctions stratégiques à la municipalité de Nouakchott et au Port autonome de la capitale. En 1996, il rejoint l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole à Khartoum, posant ainsi les bases de son engagement dans les banques multilatérales de développement.

Un parcours forgé entre institutions multilatérales et service public

En 2015, il prend la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), où il pilote une transformation majeure : augmentation de capital de 4,2 à 20 milliards de dollars, première émission obligataire de 500 millions d’euros en 2024 et amélioration de la notation de crédit de l’institution. Son leadership, alliant rigueur financière et innovation, est salué par les actionnaires et partenaires internationaux.

« L’avenir est encore à conquérir. Mais il ne nous sera pas donné. Il doit être construit – par les Africains, pour les Africains, avec des partenaires qui respectent notre capacité d’action et partagent notre ambition » plaide-t-il.

Un leadership salué par ses pairs

La candidature de Sidi Ould Tah a reçu le soutien de personnalités influentes du monde financier africain. Frannie Léautier, ancienne vice-présidente de la BAD et de la Banque mondiale, a déclaré : « Sidi Ould Tah est le mieux préparé pour diriger la BAD. Son expérience au sein des banques multilatérales de développement, son leadership prouvé et sa vision pour l’Afrique font de lui le candidat idéal ».

Le président ivoirien Alassane Ouattara, figure majeure de l’économie africaine, a également apporté un soutien discret mais stratégique à sa candidature, renforçant ainsi sa position auprès de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Une vision pour une BAD plus résiliente et innovante

Face aux défis actuels — réduction des financements internationaux, crises climatiques, endettement croissant — Sidi Ould Tah prône une approche centrée sur l’innovation financière et la mobilisation des ressources internes. Il envisage de renforcer les partenariats avec les États du Golfe pour développer les infrastructures africaines.

« La BAD doit se libérer des contraintes héritées et se positionner comme le moteur de la souveraineté économique de l’Afrique, explique-t-il pendant sa campagne.  La BAD ne doit pas simplement prêter plus d’argent — elle doit prêter de manière plus intelligente. Elle ne doit pas seulement mobiliser des financements — elle doit aider à construire des industries locales, générer des emplois, et favoriser des chaînes de valeur régionales. »

Son engagement en faveur du financement des PME, de la création d’emplois et de la valorisation des ressources naturelles africaines témoigne de sa volonté de positionner la BAD comme un catalyseur du développement durable et inclusif.

« Les petites et moyennes entreprises en Afrique font face à plusieurs défis, et le financement est un défi majeur car seulement 20 % des PME africaines ont accès au financement, souvent très coûteux par rapport à leur taille et à leurs besoins opérationnels », souligne-t-il.

Un homme d’action au service de l’Afrique

Discret mais efficace, Sidi Ould Tah est reconnu pour son pragmatisme et sa capacité à obtenir des résultats concrets. Son élection à la tête de la BAD symbolise l’émergence d’un leadership africain axé sur la compétence, la vision stratégique et la collaboration.

« Mon agenda priorise la rapidité d’exécution, ce qui signifie investir dans le renforcement des capacités et intégrer des solutions digitales, y compris l’IA et l’analyse de données, pour améliorer l’efficacité et la responsabilité… La BAD doit allier sérieux institutionnel, ambition, déploiement rapide des capitaux et gestion opérationnelle décentralisée. » Et de déclarer : « Le moment de l’Afrique est venu — mais il ne sera pas donné. Il doit être saisi, façonné et sécurisé. »

Alors que le continent fait face à des défis majeurs, sa présidence est porteuse d’espoir pour une Afrique résiliente, innovante et tournée vers l’avenir.

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