Sopnendu Mohanty : “Singapour voit en l’Afrique le continent du futur”
Singapour, souvent cité comme un modèle de développement, renforce ses liens avec l’Afrique à travers l’innovation, la FinTech et les investissements stratégiques. Supnendra Mohanty, directeur du réseau mondial de technologie financière (GFTN), revient sur l’expérience singapourienne et son potentiel d’échange avec l’Afrique.
Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed
Singapour est souvent considéré comme un modèle de développement à plusieurs niveaux. Qu’est-ce qui en fait une référence mondiale, notamment en FinTech ?
Traditionnellement, Singapour était un centre financier fort. Mais en 2015, nous avons décidé d’intégrer la technologie dans cet écosystème, faisant de la FinTech un véritable moteur de croissance. Ce virage stratégique a permis à Singapour de devenir une plaque tournante pour les entreprises FinTech, servant non seulement son propre marché, mais aussi l’ensemble de l’Asie.
Notre approche repose sur trois piliers : réunir les talents, les idées et le capital. Nous créons ainsi un écosystème dynamique qui favorise l’innovation et l’expansion économique, en connectant les acteurs du secteur avec des opportunités de financement et de collaboration.
Nous développons également des solutions concrètes qui améliorent la vie des citoyens. Un bon exemple est PayNow, une plateforme de paiement numérique qui permet de transférer de l’argent en trois clics, sans frais. Cette innovation a non seulement facilité les transactions à Singapour, mais a également été intégrée dans d’autres marchés asiatiques comme la Thaïlande, la Malaisie et l’Inde. Cela a accéléré le commerce, renforcé la finance et favorisé l’essor du e-commerce.
Comment Singapour perçoit-il son partenariat avec l’Afrique ?
Singapour voit en l’Afrique le continent du futur. Avec une population jeune et une économie en pleine croissance, l’Afrique est en train de devenir un hub mondial pour l’innovation et les talents.
Mais lorsque nous parlons du partenariat entre Singapour et l’Afrique, il faut le voir dans un cadre plus large : il s’agit d’une coopération Asie-Afrique. Singapour représente un pont entre ces deux régions, en apportant son expertise et en facilitant les investissements. Nous avons déjà des partenariats avec plusieurs pays africains, notamment le Rwanda, où nous travaillons sur des initiatives FinTech et de développement durable.
L’Afrique a beaucoup à offrir. Elle devient un laboratoire d’innovation où émergent des solutions financières adaptées aux défis locaux. Par exemple, les contraintes du marché africain ont conduit à l’essor de solutions comme le mobile money, qui inspirent aujourd’hui d’autres régions du monde.
Qu’est-ce que Singapour peut apporter aux pays africains et qu’est-ce que Singapour peut apprendre de l’Afrique ?
Singapour peut partager son expérience en matière de réglementation intelligente, de finance numérique et d’intégration technologique. Nous avons appris, au fil des années, à construire une économie résiliente et à optimiser les défis liés à la croissance rapide.
Mais nous avons aussi beaucoup à apprendre de l’Afrique. Le continent est en train d’inventer un nouveau modèle de développement durable, notamment dans la finance verte et les solutions inclusives. Les innovations africaines en matière de paiements mobiles, de microfinance et de technologies adaptées aux réalités locales sont des sources d’inspiration pour le reste du monde.
L’Afrique peut-elle devenir un leader mondial en FinTech ?
Absolument. Il est important de comprendre que les défis auxquels l’Afrique fait face ne lui sont pas uniques. Tous les marchés en croissance doivent faire face à trois grands défis : manque de capitaux, manque de talents et manque de temps.
Ce que nous voyons en Afrique aujourd’hui est similaire à ce que l’Asie a traversé il y a quelques décennies. Avec les bons investissements, les bonnes politiques et des partenariats stratégiques, l’Afrique a le potentiel de devenir un acteur majeur de l’innovation financière mondiale.
