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Côte d’Ivoire : La diaspora attendue pour sa participation au processus de développement

La diaspora ivoirienne est désormais attendue dans le processus de développement de la Côte d’Ivoire, en plein chantier. L’Etat et le secteur privé, leur font les yeux doux, pour prendre toute la place qui leur revient dans la construction de leur pays.

Par Issiaka N’Guessan, à Abidjan

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Ils sont 1 million 240 mille Ivoiriens, formant la diaspora selon les estimations du projet Etude Valyans diligentée par la Primature. Cette diaspora ivoirienne, peu présente dans l’économie nationale, est un atout qu’entend exploiter le Gouvernement. Quoique, pour l’heure, ces Ivoiriens hors du pays, traînent les pieds à prendre des parts dans l’économie ivoirienne.

En Afrique subsaharienne, l’économie et les budgets, dans certains pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, et même le Nigéria, prennent en compte l’apport de leurs diasporas. La Côte d’Ivoire veut suivre cette tendance et impliquer sa diaspora à son processus de développement en cours. 

La Côte d’Ivoire voudrait pouvoir compter sur ses ressources humaines endogènes et exogènes pour son avenir, dans plusieurs secteurs stratégiques dans lesquels, plusieurs de ses fils ont à l’extérieur été formés et acquis des expériences diverses. Dans un contexte où le gouvernement d’Alassane Ouattara a décrété « 2023, année de la jeunesse ivoirienne », il va s’en dire, qu’il faut plus qu’un slogan pour capter les jeunes diplômés qui sortent des universités et grandes écoles. Sans compter ceux qui arrêtent leur cursus dans les classes intermédiaires. Un challenge que le gouvernement ivoirien espère relever avec des créations d’emplois.

“La participation de la diaspora au développement de sa région d’origine reste un véritable enjeu de politique nationale et internationale”

De l’avis de Lassina Bamba, CEO 2ABCOM, Ivoirien installé France, « la participation de la diaspora au développement de sa région d’origine reste un véritable enjeu de politique nationale et internationale. A l’instar d’autres pays entres autres le Mali, Israël, Algérie, Tunisie, les régions de la Côte d’Ivoire, poumon économique de la sous-région ouest africaine n’échappe pas à cette réalité de la participation des communautés diasporiques à son développement ».

L’organisateur en chef des Journées internationales de l’entrepreneuriat des femmes africaines (JIEFA), Lassina Bamba, qui a opté pour Bouaké en 2023, soutient qu’ « avec un ensemble de programmes et de projets, le gouvernement ivoirien incite depuis des années la diaspora à rentrer et/ou à investir au pays afin de contribuer à la création, la production et à la valorisation de la richesse et au développement local. C’est dans cette dynamique qu’il est institué un forum de la diaspora depuis des années dont la première édition s’est déroulée à Abidjan les 7 et 8 Mars 2015 en présence du président de la république. A cette occasion, ce dernier, pour démontrer l’importance de la participation et de la contribution de la diaspora ivoirienne au développement national et local affirmait dans son discours :“ Vous les Ivoiriens de l’extérieur, vous êtes une force et une richesse pour la Côte d’Ivoire. Votre dynamisme, vos talents et votre courage sont des atouts pour la nation ivoirienne, dont vous êtes les dignes ambassadeurs. A ce titre, vous devez contribuer au rayonnement de notre pays, afin qu’il tienne son rang dans le concert des nations. » 

Reste, poursuit-il que « la démarche visant donc à l’associer au processus de développement et de relance socio-économique au plan régional exige des analyses minutieuses et l’élaboration d’une stratégie globale nationale, régionale et locale qui pourrait favoriser son engagement et son implication effective et efficiente. »

A ce titre la démarche d’association de la diaspora doit « permettre de déterminer les buts visés, mettre en place une politique d’identification de la diaspora, tisser des liens de confiance entre la diaspora et les acteurs nationaux. »

“La Côte d’Ivoire est le pays où le poids des transferts de fonds dans l’économie est le plus faible, avec moins de 1 %”

Le banquier et économiste Guillaume Liby du Cabinet William Khamey Advisors, spécialisé dans l’analyse macroéconomique et financière, indique que selon des données de l’OCDE, « les transferts de fonds envoyés par les émigrés ivoiriens vers leur pays d’origine, s’élevaient en 2019 à environ 330 millions USD (environ 200 milliards de FCFA) selon les estimations du Fonds Monétaire International (FMI). Ces transferts ont augmenté de 17 % entre 2005 et 2019. Le ratio entre les transferts de fonds et le PIB est passé de près de 1 % à 0.5 % entre 2005 et 2019/20, après avoir connu une hausse à la fin des années 2000 jusqu’en 2011 où il a atteint 1.6 % » Il est à noter toutefois, que « par rapport aux autres pays de l’UEMOA, la Côte d’Ivoire est le pays où le poids des transferts de fonds dans l’économie est le plus faible, avec moins de 1 %. »

Et de recommander, pour une prise de part efficiente de cette diaspora au développement de la Côte d’Ivoire, « de trouver des mécanismes pour insérer ses migrants dans la vie économique et politique du pays. Au plan économique, des missions d’incitation à l’investissement dans le pays devraient se multiplier. Les secteurs comme l’immobilier ou la dette publique pourraient trouver des investisseurs ivoiriens au sein de la diaspora. » Ce qui passe également par “l’intégration de cette diaspora à la politique nationale par une représentation  “au sein du parlement ivoirien.”

“Des services dédiés pour accompagner et faciliter les démarches relatives aux projets portés par la diaspora”

Selon la direction générale des Ivoiriens de l’Etranger, l’Etat, pour l’inclusion de ces ivoiriens dans le processus de développement économique, a « mis en place d’un outil de valorisation des compétences de la diaspora, des programmes pour faciliter le financement des projets socio- économiques de la diaspora et son implication dans l’économie nationale, la création de Côte d’Ivoire PME et la création de la société de garantie et de crédits aux PME ivoiriennes. » De même, le « Programme Expertise France qui a alloué un financement aux entrepreneurs de la diaspora. »

Lors de la dernière édition du Forum de la diaspora ivoirienne s’est tenu à Abidjan les 22 et 23 mai 2017, il a été décidé de créer des services dédiés pour accompagner et faciliter les démarches relatives aux projets portés par la diaspora ; optimiser les transferts de fonds par la mise en place de produits financiers nouveaux ; faciliter l’accès de la diaspora aux mécanismes financiers innovants (capital investissement, fonds souverains, financement des projets jeunes et des PME, etc.), élaborer un compendium des compétences et des besoins en cohérence avec les priorités nationales ; sensibiliser et mieux diffuser les informations à l’attention de la diaspora sur les conditions de création d’entreprise et encourager les partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner les projets et programmes favorisant la réinsertion et l’emploi des jeunes. »

Interrogés, des Ivoiriens de cette diaspora disent observer la mise en œuvre effective de ces résolutions. 

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