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Gitex Africa 2025 : les startups africaines en quête d’investisseurs pour faire gagner l’Afrique

Du 14 au 16 avril 2025, Marrakech a accueilli la 3e édition de GITEX Africa. L’événement a rassemblé plus de 45 000 visiteurs, 1 500 exposants venus de 130 pays et 250 startups. Pour ces dernières, l’objectif est clair : trouver des investisseurs…

Par Dounia Ben Mohamed à Marrakech

« Are you gonna make money for Africa? » a lancé la journaliste nigériane Mayowa Adegoke afin de galvaniser l’audience lors d’un panel incarne l’esprit de l’événement : stimuler l’innovation technologique pour le développement économique du continent.​

Organisé par KAOUN International, la filiale internationale du Dubai World Trade Centre (DWTC), en charge de tous les événements GITEX dans le monde, en collaboration avec les responsables du pays hôte, à commencer par le  Ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l’Administration, en partenariat avec l’Agence de Développement du Digital (ADD), la troisème édtion GITEX Africa 2025 qui se tenait à Marrakech du 14 au 16 avril a tenu ses promesses : avec plus de 45 000 visiteurs et 1 500 exposants venus de 130 pays,  125 entités gouvernementales et 250 startups, il confirme son statut de plus grand salon technologique d’Afrique. Objectif affiché : réunir tous ses acteurs stratégiques pour accélérer le développement numérique au profit du développement de l’Afrique. Avec des nuances que l’on soit un responsable marocain, une startup, ou un investisseur. 

Le Maroc en vitrine

Pour le Maroc, Gitex est devenu un levier stratégique. La ministre Amal El Fallah Seghrouchni a rappelé que cet événement s’inscrit dans les ambitions marocaines de faire faire du Royaume un hub digital régional. A ce titre, le plan national pour la souveraineté technologique, signé avec le groupe ABA Technology en marge de cette édition, prévoit la formation de 20 000 talents par an, l’accompagnement de 100 doctorants et le soutien à 50 startups locales.

Une ruée vers l’investissement

Pour tous les autres, Gitex c’est avant tout un marché, où l’on vient acheter et vendre.  

En 2025, plus de 400 investisseurs ont répondu présents, représentant 250 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Parmi eux, des géants comme la Société Financière Internationale (IFC), le Conseil européen de l’innovation (EIC), mais aussi de nombreux fonds africains ou de la diaspora. Objectif : dénicher la prochaine licorne africaine.

En coulisses, un investisseur confit. « Le dealflow est là. Mais il manque encore des modèles solides, bien accompagnés. Il faut arrêter de financer des slides et commencer à financer des équipes. »

Les 600 rendez-vous B2B organisés entre startups et investisseurs ont donné lieu à des discussions parfois prometteuses, d’autres moins…« On sent qu’il faut encore convaincre. Mais être là, c’est déjà capter l’attention », confie un startuppeur kenyan entre deux RDV “business”. 

L’Afrique veut séduire

Avec plus de 2 milliards de dollars levés en 2024, l’écosystème tech africain a retrouvé des couleurs. Des figures comme Awa Gueye (Wave) ou Olugbenga Agboola (Flutterwave) ont montré qu’il était possible de bâtir des géants depuis le continent. Mais la route reste longue. « L’Afrique est à la mode dans les slides des fonds, mais encore trop absente dans leurs portefeuilles », glisse un VC français. « Pourtant, les innovations africaines sont souvent plus pertinentes que celles qu’on voit en Europe. » De par leur résilience notamment. 

L’événement a aussi mis en lumière des secteurs clés comme l’AgriTech, l’EdTech, ou encore l’IA éthique. Innovations de cette édition, Africa Future Connectivity Summit a réuni les acteurs du cloud et de la 5G, tandis que le Diaspora Studio a cherché à rapprocher les talents expatriés des opportunités locales.

PME Tech et transformation numérique

Pour la première fois, un village dédié à la PME Tech a été installé. Redouane Lhaloui (APEBI) a souligné leur rôle invisible mais fondamental.« Ce sont ces PME qui installent, développent, sécurisent. Elles ne sont pas dans la lumière, mais ce sont elles les bâtisseuses du digital africain. »

Cette reconnaissance s’inscrit dans la stratégie « Maroc Digital 2030 », qui place l’intelligence artificielle au cœur des priorités. Mais l’IA, selon les experts, doit rester au service de l’humain : « Il ne faut pas en faire une mode. Elle peut standardiser les idées si elle est mal utilisée », avertit l’expert Yasser Monkachi.

Un salon, mais après ?

En clôture, une question restait dans les têtes : que restera-t-il après les pitchs, les panels et les photos ? Pour beaucoup de fondateurs, l’essentiel commence maintenant : transformer l’exposition en opportunité concrète. « On a des idées brillantes, des solutions adaptées au terrain. Ce qu’il nous faut, ce sont des partenaires qui misent sur le long terme », glisse en off un entrepreneur sénégalais dans la HealthTech.

Gitex Africa 2025 a prouvé que l’Afrique bouillonne d’initiatives. Reste à convertir cette énergie en investissements durables. Car oui, la vraie question demeure :  « Are you gonna make money for Africa? 

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