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Sommet États-Unis-Afrique 2024 : vers une nouvelle ère de coopération ?

De retour sur le sol américain pour sa 16ème édition, le Sommet États-Unis-Afrique 2024, qui s’est tenu du 6 au 9 mai 2024 à Dallas, marquera-t-il un tournant dans les relations entre les deux continents ? C’est du moins la promesse faite par les plus de 1 000 éminents dirigeants politiques et commerciaux d'Afrique et des États-Unis participants à la rencontre.

Par  Bilkyss Mentari

Après le Maroc et le Botswana, “back at home”, pour la 16ème édition du Sommet États-Unis-Afrique qui s’est tenu du 6 au 9 mai 2024 à Dallas. Un choix loin d’être dû au hasard : la ville de l’Etat du Texas abritant plus de 1,3 million d’habitants, soit la neuvième ville la plus peuplée des États-Unis accueille également l’une des plus grandes populations de diaspora née en Afrique aux États-Unis.

Sur le thème « Partenariat pour un succès durable » , l’évènement qui aura réuni au Kay Bailey Hutchison Convention Center à Dallas, plus de 1 000 éminents dirigeants politiques et commerciaux d’Afrique et des États-Unis, promettait d’inscrire les relations USA-Afrique dans une “nouvelle ère de coopération”.

Organisé par le Corporate Council on Africa (CCA), la principale association d’entreprises américaine axée uniquement sur la mise en relation des intérêts commerciaux en Afrique, le sommet a réuni plus de 1 500 dirigeants des secteurs public et privé américain et africain, notamment des chefs d’État, des investisseurs internationaux, des responsables gouvernementaux américains et africains et des parties prenantes multilatérales.

Parmi lesquels  Joseph Boakai, Président de la République du Libéria, Lazarus Chakwera, Président de la République du Malawi, Joao Lourenço, Président de la République d’Angola, Mokgweetsi EK Masisi, Président de la République du Botswana, José Maria Neves, président de la République de Cabo Verde, et l’hon. Nthomeng Majara, vice-premier ministre du Royaume du Lesotho.

Des “ partenariats équitables et mutuellement bénéfiques”

Objectif affiché :  favoriser des discussions approfondies et à forger des liens commerciaux plus solides entre les deux régions, avec des participants représentant un spectre diversifié, notamment des chefs d’État, des investisseurs internationaux, des responsables gouvernementaux et des parties prenantes multilatérales. Résultat des échanges : une volonté, commune, de renforcer la coopération entre les deux continents.

« Le secteur privé est le moteur de la croissance économique. Ce sommet offre une plate-forme unique pour mettre en valeur le potentiel de croissance de notre région et accélérer les opportunités pour les entreprises à travers l’Afrique” indiquait avant la rencontre Niyi John Olajide, président du CCA et par ailleurs à la tête de Cavista Holdings.

L’un des principaux points à l’ordre du jour a été la promotion de la coopération économique et commerciale. Les États-Unis ont réaffirmé leur engagement à renforcer les liens commerciaux avec l’Afrique, soulignant l’importance de partenariats équitables et mutuellement bénéfiques. Des discussions ont porté sur la diversification des échanges commerciaux, le renforcement des investissements et la promotion du commerce intra-africain.

Au menu des échanges également,  le développement durable et énergétique. Les deux parties ont convenu de l’urgence de promouvoir les énergies renouvelables et de lutter contre le changement climatique. Des initiatives visant à accroître l’accès à l’énergie propre, à développer les infrastructures durables et à soutenir la transition vers une économie verte ont été discutées en détail. L’innovation et la technologie également. Les participants ont mis en avant le rôle crucial de la technologie dans la transformation socio-économique de l’Afrique. Des discussions ont porté sur la promotion de l’entrepreneuriat, le développement des compétences numériques et la collaboration dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la blockchain et de la cybersécurité.

La paix et la sécurité enfin, véritable fil conducteur de la diplomatie américaine. Les dirigeants ont souligné l’importance de la coopération dans la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale et les conflits armés. Des stratégies visant à promouvoir la stabilité régionale, à renforcer les institutions de sécurité et à promouvoir la médiation et la résolution pacifique des conflits ont été explorées.

Le continent est en train de changer et nous sommes engagés dans les diverses initiatives de l’administration concernant l’Afrique

“ L’Export-Import Bank – comme nous l’appelons EXIM – est l’agence officielle de crédit à l’exportation des États-Unis. Nous avons été créés il y a 90 ans. EXIM a joué un rôle très important en favorisant les opportunités économiques pour les entreprises américaines et pour les pays partenaires avec lesquels les entreprises américaines font affaire dans le monde entier”, a rappelé la présidente de la Banque d’import-export des États-Unis, Reta Jo Lewis. Annonçant au passage la signature de trois partenariats clés pour les infrastructures et les investissements mondiaux, les projets PGII, en Angola. “Les projets que nous avons signés sont des prêts directs historiques de plus de 900 millions pour soutenir la construction de deux centrales solaires en Angola. Il s’agit du plus grand projet d’énergie renouvelable et de la plus grande transaction en Afrique subsaharienne au cours des 90 ans d’histoire d’EXIM (…) “ Depuis que nous avons conclu notre premier accord en Angola en 1942, EXIM dispose d’un partenariat commercial solide et fiable avec l’Afrique. Dans le cadre du travail que nous avons également accompli pour soutenir les exportateurs américains qui s’engagent en Afrique, nous avons signé six protocoles d’accord avec des gouvernements et des institutions africaines, ainsi que des mémorandums d’accord avec la Tanzanie et la Côte d’Ivoire. Chacun de ces accords a été conçu pour faciliter jusqu’à environ 500 millions de dollars de financement des exportations américaines et approfondir les relations commerciales avec ces pays. Nous travaillons avec beaucoup de diligence avec ceux du continent où nous avons signé et commencé à travailler dans le cadre de protocoles d’accord totalisant environ 1,3 milliard avec l’African Exim Bank, avec l’Africa Finance Corporation, et plus récemment avec la Bank of Industry au Nigéria. Au total, depuis que j’ai rejoint EXIM, nous avons signé environ 2,3 milliards de protocoles d’accord. Nous reconnaissons donc que le continent est en train de changer et nous sommes engagés dans les diverses initiatives de l’administration concernant l’Afrique.”

Réitérer l’engagement des États-Unis envers l’Afrique et l’engagement des États-Unis en faveur d’un partenariat économique du 21e siècle avec le continent

“ Ce sommet a été un succès pour nous jusqu’à présent, et qu’il est vraiment passionnant de voir combien de progrès ont été réalisés dans les relations commerciales entre les États-Unis et l’Afrique, non seulement depuis le sommet des dirigeants américano-africains de décembre 2022 à Washington, mais depuis que j’étais avec un si grand nombre d’entre vous l’été dernier à Gaborone lors du Sommet du CCA l’année dernière, rappelle la secrétaire adjointe adjointe du Département d’État américain chargée du Bureau des affaires africaines, Joy Basu. Une grande partie du travail interinstitutionnel est axé sur l’énergie et les infrastructures, car ces éléments sont essentiels au travail que créent d’autres industries. Nous avons également signé des accords incroyables avec l’USTDA et le Malawi, travaillant sur le stockage par batterie ; avec DFC et la Sierra Leone, travaillant sur l’énergie. Et nous avons eu des réunions ici pour nous appuyer sur les secteurs de la santé, de l’agriculture et des secteurs interfonctionnels comme les TIC.” Et d’en conclure : “Je pense que le but est de réellement réitérer l’engagement des États-Unis envers l’Afrique et l’engagement des États-Unis en faveur d’un partenariat économique du 21e siècle avec le continent. Et le travail ici à l’USABS contribue réellement à établir des partenariats avec nos gouvernements africains et le secteur privé africain et américain pour faciliter la croissance économique et la prospérité tirées par le secteur privé.”

MCC : “sur les 17 milliards de dollars que nous avons investis jusqu’à présent dans le monde, 10 milliards sont allés au continent”

L’occasion également de faire le point sur les véhicules de renforcement des échanges entre les Etats-Unis et l’Afrique, l’AGOA ou encore le MCC créé en 2004 par le président Bush qui célèbre ainsi ses vingt ans. “Depuis notre création, sur les 17 milliards de dollars que nous avons investis jusqu’à présent dans le monde, 10 milliards sont allés au continent. Nous avons travaillé dans 24 pays, a indiqué la directrice générale de Millennium Challenge Corporation, Alice Albright. Ainsi, en plus de rencontrer un grand nombre de nos partenaires, nous avons également annoncé cette semaine la mise en œuvre de notre 79e programme, il s’agit d’un programme de 350 millions de dollars au Malawi pour aider les agriculteurs acheminent leurs produits sur le marché à moindre coût et plus rapidement”. L’institution qui mène également des projets au Cap-Vert ou encore au Mozambique compte “actuellement 3 milliards de dollars de programmes actifs.”

« Au MCC, sommes très attachés à une approche très inclusive de la croissance économique. Nous travaillons dans presque tous les pays pour trouver comment inclure les femmes et les entreprises appartenant à des femmes dans notre travail ou les petites et moyennes entreprises. Cela prend donc souvent la forme de différentes réformes nécessaires pour permettre à des pans de la société qui ne sont généralement pas inclus de l’être. Nous avons de merveilleux exemples – celui du Lesotho tout récemment où des lois ont été modifiées pour permettre aux femmes de devenir propriétaires. Nous venons de clôturer un formidable programme au Maroc qui a offert des opportunités à un large éventail de personnes dans ce pays. Nous avons un merveilleux programme en Côte d’Ivoire, un partenariat avec Microsoft qui vise à apporter des compétences numériques aux femmes entrepreneurs en Côte d’Ivoire.  La croissance inclusive est donc au cœur de notre travail et je pense que nous progressons lentement et régulièrement dans ce sens”.

L’administration Biden a exprimé un ferme soutien à la modernisation de l’AGOA. Nous voulons le voir continuer à être la pierre angulaire du commerce

“L’administration Biden a exprimé un ferme soutien à la modernisation de l’AGOA. Nous voulons le voir continuer à être la pierre angulaire du commerce, mais aussi de faciliter notre utilisation et d’être plus impactant et plus stratégique” poursuit Basu avant de commenter : “Les entreprises américaines en Afrique contribuent non seulement à élever les normes (…) Ce que je demande à nos partenaires africains sur le continent, c’est de développer des stratégies d’utilisation pour accroître leur utilisation de l’AGOA, qui est un programme unilatéral vraiment incroyable permettant aux entreprises africaines d’exporter en franchise de droits vers les États-Unis. Et nous voulons voir davantage d’entreprises – petites et grandes entreprises – en profiter. C’est pourquoi mon effort auprès des partenaires africains en jeu est d’accroître la sensibilisation mais aussi d’augmenter les stratégies nationales qui permettront aux petites et grandes entreprises de tirer le meilleur parti de cet avantage. “

Cette 16e Sommet des Affaires États-Unis-Afrique aura ainsi témoigné de l’importance croissante des relations entre les deux continents. Alors que les économies mondiales évoluent, cette collaboration stratégique offre des opportunités sans précédent pour renforcer les échanges commerciaux, stimuler l’innovation et promouvoir le développement durable en Afrique.

En 30 ans, le Sommet est devenu un creuset pour forger des partenariats, explorer de nouvelles voies commerciales et façonner des politiques qui favorisent des relations commerciales et d’investissement solides entre les États-Unis et l’Afrique

Pour rappel, le Sommet des affaires États-Unis-Afrique, le principal événement annuel du Corporate Council on Africa (CCA), se veut une plateforme pour approfondir les liens commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique dans des secteurs clés, notamment l’agroalimentaire, l’énergie, la santé, les infrastructures, la facilitation du commerce, les TIC et la finance.  En 30 ans, le Sommet est devenu un creuset pour forger des partenariats, explorer de nouvelles voies commerciales et façonner des politiques qui favorisent des relations commerciales et d’investissement solides entre les États-Unis et l’Afrique. Attirant historiquement en moyenne 1 000 participants venus de 40 pays, dont 46 chefs d’État depuis sa création, le Sommet témoigne du dynamisme et de l’évolution du paysage économique américano-africain.

Depuis le sommet inaugural de 1997, le CCA a réuni avec succès des parties prenantes du monde entier pour discuter des défis, identifier des solutions et accroître les investissements entre les États-Unis et l’Afrique. Alors que l’édition 2023 marque le cinquième Sommet organisé sur le continent africain au Botswana, l’événement continue d’incarner l’esprit de collaboration et de croissance mutuelle.

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