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La lutte contre la corruption : l’essor des technologies innovantes

Depuis la fin du génocide de 1994, le Rwanda s'est engagé dans une lutte acharnée contre la corruption. Les autorités rwandaises ont adopté des outils technologiques innovants, tels que le portail Irembo, pour améliorer la transparence et l'efficacité des services administratifs, réduisant ainsi les possibilités de corruption.

Par Aimable Twahirwa

À l’époque de Cécile Nyiraminani, une agricultrice originaire de Ruhango, un district du sud du pays, la corruption était omniprésente à tous les niveaux administratifs. « Tout le système était corrompu car pour accéder à certains services administratifs, il fallait verser des pots-de-vin aux responsables concernés », se souvient cette femme d’une cinquantaine d’années.

Depuis l’arrêt du génocide par le Front patriotique rwandais (FPR), les autorités rwandaises ont intensifié leur lutte contre la corruption en adoptant des outils technologiques, devenus l’un des piliers de cette lutte. Parmi ces innovations, Irembo, le “portail” offre une gamme de produits numériques permettant aux institutions publiques d’assurer des services administratifs et des paiements en ligne, sans nécessiter de contact physique entre le prestataire et le bénéficiaire des services.

Cette adoption généralisée des technologies de l’information et de la communication (TIC) couvre désormais une large réalité au Rwanda et constitue un puissant instrument dans la lutte contre la corruption. Selon l’Office de l’Ombudsman du Rwanda, l’utilisation des TIC dans la prestation de certains services administratifs a contribué à réduire les tracasseries administratives et à faire progresser le pays dans sa lutte contre la corruption.

Le dernier rapport de Transparency International pour l’année 2023 révèle une avancée significative du Rwanda dans la lutte contre la corruption, citant notamment la capacité du gouvernement à contenir la corruption dans le secteur public et à réduire les formalités administratives excessives.

Grâce à ces avancées, la prévention de la corruption parmi les fonctionnaires et autres responsables administratifs est devenue une priorité absolue pour le Rwanda, devenant ainsi un modèle pour l’Afrique dans la lutte contre la corruption, grâce à l’utilisation des technologies innovantes.

Madeleine Nirere, l’Ombudsman du Rwanda, affirme que la promotion des technologies innovantes dans la prestation des services vise à limiter le contact physique entre le prestataire et le bénéficiaire des services, renforçant ainsi la transparence et l’efficacité.

En limitant les interactions humaines, notamment dans le domaine foncier où la corruption était répandue, les services en ligne ont permis de réduire les opportunités de corruption. De plus, les dispositifs de vidéosurveillance installés sur les voies publiques et dans certains endroits ont permis à la Police Nationale du Rwanda de sanctionner à distance les infractions au code de la route.

Les services administratifs publics peuvent être plus transparents et efficaces grâce au pouvoir de la technologie

Malgré l’impact positif de ces innovations technologiques, Apollinaire Mupiganyi, secrétaire exécutif de Transparency Rwanda (TR), souligne qu’un changement fondamental des mentalités est nécessaire pour éradiquer complètement la corruption endémique.

Avec un score de 53/100 selon l’Indice de Perception de la Corruption 2023 publié par Transparency International, le Rwanda montre des progrès significatifs dans la lutte contre la corruption. L’indice de corruption au Rwanda a connu une moyenne de 46,05 points de 2005 à 2023, atteignant un record historique de 56,00 points en 2018 et un minimum de 25,00 points en 2006.

« Les services administratifs publics peuvent être plus transparents et efficaces grâce au pouvoir de la technologie », affirme Mupiganyi.

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