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Irène Ochem, au service de l’entrepreneuriat féminin

Une vie au service de la cause féminine. Tel pourrait être l’intitulé du film de la vie d’Irène Ochem. Un parcours inspirant qui est en train de changer la vie de plusieurs femmes en Afrique.

Rien de son parcours ne laissait présager qu’Irène Ochem finirait par dédier sa vie à la cause des femmes entrepreneures. Née au Nigéria où elle passe une bonne partie de sa jeunesse jusqu’à l’obtention de son diplôme universitaire, elle décide de poursuivre ses études supérieures enEurope. Titulaire d’un MBA en gestion internationale, formation en tant que traducteur, fonctionnaire à l’Onudi, un programme des Nations Unies… le profil est intéressant. Sans doute suffisant pour s’installer durablement en Europe. Mais non. Le destin en a décidé autrement. « Je me suis rendue en Italie pour y vivre et y travailler. Mais j’ai toujours eu le sentiment qu’il me manquait quelque chose, que je ne faisais pas ce que j’étais censée faire. Plus tard, l’occasion s’est présentée de revenir en Afrique, pour des raisons familiales. Nous avons donc déménagé au Cap », raconte-t-elle. De retour en Afrique, elle travaille pendant deux ans à l’université du Cap, avant de décrocher un poste de consultant pour l’Union africaine à Addis-Abeba.  

Le déclic

Avec l’Union africaine, Irène se voit confier l’organisation d’une journée de l’industrialisation africaine en 2012. Des préparatifs qui lui ont donné l’occasion de rencontrer de nombreuses femmes chefs d’entreprise ou qui avaient réussi dans l’industrie dans toute l’Afrique. Quelque chose commence à la tarauder. « J’en étais également à un stade où je réfléchissais à la manière de me réinventer et de vivre mes expériences personnelles en tant que personne. J’ai été élevée par une mère veuve. En grandissant, elle m’a appris l’importance de travailler en tant que femme pour s’assurer d’être économiquement autonome. J’ai donc voulu faire quelque chose qui pourrait enseigner aux femmes ou leur montrer comment devenir économiquement autonomes… », se souvient-elle. 

C’est ainsi qu’elle lance Awiefen 2015. Le projet était tellement clair dans sa tête que la mayonnaise a vite pris. Au départ, il s’agissait pour Irène, de réunir des femmes entrepreneurs dans le cadre d’une conférence, afin de présenter celles qui ont réussi et de servir de modèles aux jeunes qui aspirent à devenir entrepreneurs. Ayant toujours eu à l’esprit « d’en faire une plateforme panafricaine, en travaillant avec des femmes de toute l’Afrique », Irène commence par lancer la conférence au Nigéria en 2015, ensuite en Afrique du Sud, un an plus tard. « J’ai réalisé que beaucoup de jeunes femmes assisteraient à cette conférence et rencontreraient des femmes qui ont réussi et qu’elles n’ont normalement pas l’occasion de rencontrer et d’interagir avec elles. C’est donc devenu une plateforme pour rassembler les femmes, leur proposer un contenu de qualité et discuter des problèmes et des défis liés à la création, au développement et à la pérennisation d’une entreprise », a-t-elle expliqué. Aujourd’hui, l’organisation s’est forgée une dimension panafricaine. Elle travaille avec des partenaires au développement dans la conception de projets et programmes pour soutenir le développement des femmes au point de contact. 

Awief, la consécration

De l’accès aux compétences à l’accès aux finances en passant par le développement de l’entreprise, la création d’un réseau…l’approche d’Irène embrasse tous les maillons de la chaîne de performance d’une entreprise. Devenu depuis 2017, une vraie machine organisationnelle, Awief a entamé plusieurs programmes qui lui ont permis de travailler avec des structures internationales comme l’Usaid, la Banque africaine de développement, l’Union européenne, la Nedbank, la GIZ…

« Nous avons besoin de soutenir les femmes avec des investissements prêts à l’emploi, de sorte que nous puissions mener ce programme de renforcement des capacités au cours de l’année. La conférence est donc devenue un lieu, une plateforme où nous rassemblons l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial, de sorte que non seulement nous présentons notre impact, ce que nous faisons, mais aussi que l’écosystème peut venir s’engager et partager des connaissances, partager des idées et présenter des opportunités », souligne-t-elle.

Kigali est un modèle d’autonomisation des femmes

Pour la neuvième édition, la conférence se tient à Kigali autour du thème : « Tirer parti de l’économie numérique pour innover, redéfinir les activités et renforcer les capacités des entrepreneurs ». Un choix du lieu loin d’être fortuit si l’on croit Irène.« Le choix de Kigali s’est fait d’abord parce que c’est un pays en Afrique de l’Est, une région qui fait référence aujourd’hui. Mais ce n’est pas tout, Kigali est un modèle d’autonomisation des femmes, qui soutient la croissance de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine du leadership et des affaires. Et Kigali, en tant que ville, dispose également d’une bonne infrastructure, attractive pour ce type d’évènements. C’est une condition préalable pour un événement comme celui-ci qui attire de jeunes entrepreneurs, des femmes entrepreneurs de toute l’Afrique. Il est donc facile pour les Africains de participer. Il n’y a pas de frais de visa ni de difficultés à surmonter. Enfin, c’est un leader mondial dans le domaine des affaires et de l’autonomisation des femmes. Il était donc logique de l’organiser ici », a-t-elle indiqué.

Pour Irène, aucune initiative n’est de trop, eu égard aux défis qui interpellent les femmes. « Même si nous aimerions que les choses évoluent rapidement, il y a toujours un énorme fossé entre ce que les femmes obtiennent et ce que l’autre partie doit obtenir. Si nous parlons de l’accès au financement, il y a un écart de plus de 60 milliards de dollars dans l’accès au financement dans tous les secteurs. Ainsi, le digital, les compétences numériques, nous avons beaucoup de problèmes pour être en mesure de tirer parti des opportunités de l’économie numérique. Il faut des compétences adaptées. Vous savez, pour que cela se produise et dans cet espace, il faut des compétences numériques. Il existe un fossé numérique entre les hommes et les femmes qui doit être comblé », a-t-elle lancé.

Sur le même sujet : https://africa-news-agency.com/awief-2023-la-celebration-de-lentrepreneuriat-feminin/

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