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En Afrique, et depuis toujours, femme et entrepreneuriat vont ensemble !

Les femmes entrepreneurs représentent une composante vitale pour l'économie fleurissante du continent africain. Ceci est un fait incontestable. En effet, l'Afrique a le taux le plus élevé de femmes entrepreneurs au monde, avec environ 26 % des femmes adultes impliquées dans une activité entrepreneuriale.

Par Dhekra Khelifi, Partenaire-associé de 216 CAPITAL

L’étude Women in Africa Entrepreneurship Study (2018) de Roland Berger a révélé que les femmes entrepreneurs ont contribué entre 250 et 300 milliards de dollars à la croissance économique africaine en 2016, ce qui équivaut à environ 13 % du PIB du continent. Aussi, et selon McKinsey, l’économie féminine est le plus grand marché émergent au monde, avec le potentiel d’ajouter 12 000 milliards de dollars au PIB mondial d’ici à 2025.[1]

 Ces femmes injectent un dynamisme renouvelé, une innovation constante ainsi qu’une créativité et une résilience sans égales dans leurs business. Cependant, malgré leur riche tradition d’entrepreneurship et leur présence marquée dans divers secteurs économiques, elles restent malheureusement sous-représentées, en particulier dans le domaine de la technologie et du numérique.

Moins de femmes dans le domaine de la technologie et du numérique

Cette sous-représentation des femmes entrepreneurs dans les secteurs de la technologie et du numérique peut être expliquée par un ensemble de facteurs. Parmi ces derniers, on peut citer les obstacles structurels dans plusieurs pays du continent tels que l’accès limité à l’éducation et aux ressources financières. En outre, les stéréotypes de genre et les attentes socioculturelles, ainsi que les biais inconscients et systémiques de la part des investisseurs contribuent également à cette situation.

Les biais des investisseurs :

Les investisseurs, qu’ils soient conscients ou non, peuvent être victimes de biais qui ont un impact direct sur leurs décisions d’investissement. Passer à côté d’une opportunité d’investissement à cause de ces pratiques souvent inconscientes est une perte considérable pour l’investisseur car son rôle est de dénicher les startups qui vont assurer un gain économique à toute la chaîne de valeur. Se passer de 50% de la taille de l’échantillon en excluant les startups portées par des femmes à cause de préjugés est certainement le plus grand manque à gagner de cette industrie!

Ces biais, souvent négligés et ce gain économique souvent sous-estimé font que le nombre de startups portées par les femmes qui accèdent à un investissement est très faible à la limite de l’embarras.

Les femmes africaines entrepreneurs dans la tech qui ont réussi à lever des fonds en 2023 l’ont fait dans quasiment tous les secteurs même ceux qui ne sont pas traditionnellement par ces biais cultuels, associées aux femmes. A chances égales, les femmes ont pu dire leur mot.

Enfin, le nombre de femmes dans les VCs en Afrique augmente d’une manière encourageante. La représentativité compte et peut changer les mentalités. Il est essentiel que les perspectives des femmes investisseurs soient aussi prises en compte dans les phases de sélection et dans les différentes phases de la levée de fonds et même au-delà dans l’accompagnement et le développement.

Les startups portées par des femmes, réussissent et surperforment !

A moins qu’il y ait un changement de paradigme total et irrévocable, nous allons continuer à voir les investisseurs s’engager majoritairement en faveur des entreprises détenues par des hommes. Les femmes vont malheureusement continuer à rencontrer plus d’obstacles fondés sur le genre lorsqu’elles cherchent à lever des fonds auprès d’investisseurs et de banques.

Mais…

Etant donné que les femmes ont moins de chance d’être” backée “ par un VC, leurs startups vont être confrontées à une évaluation plus méticuleuse. Ces préjugés de la part d’investisseurs vont faire en sorte qu’ils ne vont pas être impressionnés à moins qu’ils soient exposés à un quelque chose qui surpasse leurs attentes pour obtenir un financement. Ces entreprises sont donc souvent prédisposées à “surperformer” par la suite.

Autre facteur important, et comme les fondatrices sont souvent plus lucides en termes de prévisions financières, elles tendent généralement à lever uniquement ce dont elles ont besoin. Elles se concentrent davantage sur les “unit economics et l’efficacité, ce qui en fait des managers plus performants.

Comment approcher l’investissement pour les startups menées par des femmes ?

  1. Le network/ La recommandation : créez et entretenez des liens solides avec d’autres entrepreneurs, des professionnels de l’industrie et des investisseurs potentiels. Quand vous pensez qu’un VC pourrait être le bon match et que vous connaissez un fondateur de leur portfolio, demandez à ce qu’elle/il vous introduise. Les introductions des fondateurs sont prises en compte et très au sérieux par les investisseurs.
  1. Prenez-la Parole/Ne soyez pas parfaite mais confiante. Vous maitrisez votre sujet : Faites ressortir de manière convaincante ce qui rend votre entreprise investissable. Mettez en avant votre technologie innovante, votre approche business ou votre expérience du secteur. L’idée n’est pas copiée le style d’un entrepreneur masculin mais de se servir de ses propres atouts sans succomber aux comparaisons ou à des standards parfois faussés de comment présenter son business. Soyez vous-même et surtout soyez la première personne à croire en vous. C’est contagieux.
  1. Team/collaboration/Leadership : Constituez une équipe fondatrice solide et unie. Les investisseurs accordent une grande importance à l’équipe, alors prouvez que votre équipe a la capacité de réaliser votre vision et montrez votre apport.
  1. Soyez persévérante : La quête de financement peut être éprouvante, mais maintenez votre persévérance et votre résilience face au rejet et aux obstacles.
  1. Comprenez les investisseurs : Saisissez les critères d’investissement des VC et ayez l’ouverture d’esprit d’ajuster votre approche en conséquence. Visez les investisseurs qui correspondent le mieux à votre entreprise et à votre vision et surtout en priorité ceux qui ont déjà investi dans des femmes !
  1. Il y a des alternatives ! : les VC et les banques ne sont pas les seuls moyens pour financer un business.  Le crowdfunding en est une qui semble échapper aux biais et offrir des fonds qui proviennent d’individus (ou entités) qui veulent investir et investissent sur le seul critère du mérite. De plus, ces plateformes offrent une exposition à différents acteurs et pourraient être une aubaine pour rencontrer des clients potentiels et développer l’image de marque. Dans les premières phases critiques du lancement d’une startup où 60% des startups ne réussissent pas à survivre (plus du côté des startups portées par des femmes), Le Crowdfunding peut devenir l’alternative qui va sauver les pépites portées par des femmes en Afrique !

Pour les femmes entrepreneurs tech en Afrique, il est clair que le chemin est plus difficile pour des raisons qui souvent sont injustes et préjudiciables. Mais les femmes de ce continent ne vont jamais accepter d’être des “victimes”. Ce n’est pas dans les gènes des Africaines d’attendre que les choses changent car elles savent qu’elles ont toujours porté ce continent sur leurs épaules, leurs dos, et maintenant sur le bout de leurs doigts.  Je reste confiante que les années à venir seront rythmées par les exploits tant attendus des startups portées par des femmes en Afrique.

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