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eLearning Africa 2024 : l’Afrique en quête de solutions numériques innovantes pour transformer son système éducatif

La 17ème édition d’eLearning Africa s’est tenue du 29 au 31 mai 2024 à Kigali, capitale du Rwanda. « Berceau d’idées, d’innovations et de nouvelles solutions pour l’éducation, la formation et le développement des compétences en Afrique », elle a confirmé l’essor de l’elearning en Afrique tout en en soulignant les défis. Mais là également le continent se veut terre d’innovation !

Par Aimable Twahirwa, à Kigali

1,5 milliard de dollars. C’est la valeur du marché de l’enseignement à distance en Afrique d’ici 2030, d’après le cabinet conseil Ambient Insight. Des chiffres qui en disent long sur le potentiel. En Afrique, même si des défis sont à relever comme l’accès à internet dans certaines zones, on s’accorde à reconnaître que l’e-learning est clairement l’avenir de l’éducation. Tant par la flexibilité qu’elle permet d’avoir que par la possibilité de proposer des offres plus modernes aux apprenants.

“Démocratiser” l’enseignement à distance, c’était le fil conducteur de la 17e édition, eLearning Africa, du 29 au 31 mai 2024, à Kigali une nouvelle fois, souvent qualifié de « Ville de l’innovation en Afrique » pour ses initiatives en matière de TIC et d’innovation. Le thème de l’événement, « L’éducation comme moteur d’innovation et l’investissement comme catalyseur des compétences : l’évolution rapide de l’Afrique », s’aligne sur les changements mondiaux et l’engagement de l’Afrique envers l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Car c’est l’idée, positionner l’éducation comme un vecteur de développement grâce aux outils numériques.

« Préparer tous les apprenants à la révolution technologique du XXIe siècle, et au-delà »

@eLearning Africa

« eLearning Africa 2024 réaffirme l’engagement du continent à adopter les technologies numériques en vue de révolutionner l’éducation et le développement de compétences, rappelle Rebecca Stromeyer, PDG et fondatrice d’eLearning Africa. En favorisant des collaborations intersectorielles, nous visons à stimuler l’innovation dans l’apprentissage numérique, en dotant les jeunes Africains de capacités pour en faire des leaders à l’ère du numérique. »

« Il existe aujourd’hui un besoin croissant d’adopter un mode d’apprentissage mixte pour favoriser un accès plus large à une éducation de qualité et la résilience des systèmes éducatifs, de sorte à préparer tous les apprenants à la révolution technologique du XXIe siècle, et au-delà », souligne Claudette Irere, la ministre rwandaise chargée des TIC et de l’EFTP.

Les pays africains ont besoin de démocratiser l’utilisation des ressources pédagogiques numériques pour redynamiser leurs systèmes éducatifs

Bekere Amassoma,  Gestionnaire des Programmes Afrique à l’Académie Oracle@ANA

« Les pays africains ont besoin de démocratiser l’utilisation des ressources pédagogiques numériques pour redynamiser leurs systèmes éducatifs », observe Bekere Amassoma, gestionnaire des programmes Afrique à Oracle Academy, observe.

Ce que propose Oracle Academy offre des ressources gratuites en ligne pour aider les étudiants à développer leurs compétences technologiques. Depuis la pandémie de la COVID-19, Oracle Academy  propose un programme complet et gratuit sur les techniques de gestion de bases de données, l’utilisation des serveurs informatiques à distance, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique. Ces initiatives visent à vulgariser les connaissances technologiques essentielles pour l’enseignement à distance en Afrique.

Bekere Amassoma affirme que plusieurs facteurs montrent le potentiel transformateur de la technologie numérique pour l’éducation en Afrique : « En Afrique, il existe plusieurs facteurs clés de succès qui montrent combien la technologie numérique recèle le plus grand potentiel de transformation de l’éducation ». Par exemple, l’accès gratuit à des serveurs informatiques à distance permet aux enseignants et aux étudiants de transférer rapidement des données, facilitant ainsi l’apprentissage à distance.Oracle Academy propose également des plateformes numériques offrant l’accès à une multitude de ressources en ligne, notamment des manuels, des vidéos, des exercices interactifs et des cours en ligne ouverts à tous (MOOC). « Cela permet de combler le fossé lorsque les ressources physiques sont limitées ou obsolètes, notamment dans des zones isolées à travers le continent », ajoute Amassoma.

Jacqueline Umurerwa, enseignante et responsable scolaire au Groupe Scolaire de Kanombe, près de Kigali, reconnaît qu’au Rwanda, l’un des principaux défis de l’éducation à distance réside dans l’accessibilité et la connexion aux ressources en ligne, surtout pour les régions éloignées. De fait, selon un récent rapport de l’UNESCO souligne que l’un des problèmes majeurs auxquels sont confrontés la plupart des pays en Afrique subsaharienne est lié à l’infrastructure numérique nécessaire pour faciliter l’accès aux ressources, aux processus d’apprentissage et aux évaluations. Certains experts recommandent des systèmes dotés d’une forte capacité de fonctionnement hors ligne comme solution à long terme face au déficit énergétique et à l’accès limité à l’internet.

Parmi ces solutions, l’installation de serveurs miroir, une innovation proposée par l’Université Numérique Francophone, vise à renforcer l’enseignement virtuel dans les régions isolées. Pierre-Francois Descheerder, responsable informatique et Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE) à l’Université française d’Artois, explique : « La technologie des serveurs miroirs permet aux étudiants de suivre et de participer aux cours et d’accéder à plusieurs ressources en ligne, même en cas de connexion faible ou coupée, grâce à un serveur local ». Pour surmonter ces difficultés, l’Université Numérique Francophone propose des systèmes internes propres aux universités africaines, où l’enseignement à distance pourrait progressivement remplacer le système traditionnel en présentiel.

La collaboration entre les pays africains et les partenaires internationaux est essentielle pour partager les meilleures pratiques, les ressources et les innovations technologiques

Les experts prédisent que le continent pourrait devenir un leader mondial en matière de technologies éducatives si les gouvernements et les institutions continuent de promouvoir et de soutenir ces initiatives. Bekere Amassoma souligne l’importance de la coopération régionale et internationale pour accélérer ce processus : « La collaboration entre les pays africains et les partenaires internationaux est essentielle pour partager les meilleures pratiques, les ressources et les innovations technologiques. »

L’intégration des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et augmentée, ainsi que les systèmes de blockchain pour la certification des compétences, est envisagée comme la prochaine étape pour transformer radicalement l’éducation en Afrique. Ces technologies pourraient non seulement améliorer l’accès à l’éducation mais aussi la rendre plus interactive, personnalisée et adaptée aux besoins spécifiques des apprenants.

Jacqueline Umurerwa, elle, veut y croire : « En surmontant les obstacles actuels, nous pouvons offrir une éducation de qualité à tous les enfants, indépendamment de leur lieu de résidence. Cela nécessitera des investissements continus dans les infrastructures, la formation des enseignants et l’innovation technologique. » Et d’ajouter : « l’amélioration de la qualité des résultats de l’enseignement à distance doit non seulement passer par un changement de mentalités, mais aussi par le renforcement des capacités des enseignants. »

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