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Djibouti : Djibouti in the futur

Grâce à sa situation géostratégique, Djibouti est devenu une plateforme commerciale et logistique régionale. La modernisation de ses infrastructures, portuaires et ferroviaires, et l'aménagement des zones franches participent à l'attractivité du pays. Un positionnement qui doit être renforcé avec la création de la Djibouti International Free Trade Zone (DIFTZ). Hub technologique, avec huit câbles sous-marins, escale dans le projet chinoisdes routes de la soie, Djibouti multiplie les investissements dans le numérique. Une projection dans le futur qui se concrétise dès maintenant pour faire de l’un des plus petits pays du continent le hub de la Corne de l’Afrique.

Par Dounia Ben Mohamed

Alors que la reprise du commerce régional et international a fortement contribué au rebond de la croissance djiboutienne, après la crise du Covid 19, cette année 2023 confirme l’activité du pays, dopée par le port maritime international. Avec 5,3% de croissance en 2023 selon les projections de la Banque Mondiale, cet État de la Corne de l’Afrique concentre de nombreux atouts.

Pourtant, Djibouti partait avec plusieurs handicaps, au lendemain de son indépendance. A commencer par sa taille : Djibouti est l’un des plus petits territoires du continent avec 23 200 km², pour une population estimée à près de 900 000 personnes selon la Banque mondiale. Par ailleurs, Djibouti ne dispose pas de ressources minières ou d’hydrocarbures, contrairement à ses voisins de la péninsule arabique. Cela étant, le pays a su tirer avantage de ses atouts. En premier lieu, sa position géographique, à l’entrée de la mer Rouge, qui en fait un État stratégique pour la communauté internationale. De fait,le pays abrite six bases militaires étrangères dont celles de la France, des Etats-Unis, de la Chine ou encore du Japon.

Seul accès à la mer pour l’Éthiopie, Djibouti, où transite plus de 90 % du commerce éthiopien, selon le ministère des finances, s’est naturellement imposé comme un carrefour commercial. Un positionnement en voie d’être renforcé avec l’entrée en activité de la Djibouti International Free Trade Zone (DIFTZ). Si l’économie djiboutienne repose encore sur son complexe portuaire, parmi les plus modernes au monde, le pays s’est résolument engagé dans la voie de la diversification. L’économie devrait notamment bénéficier, à moyen terme, des programmes d’investissement du secteur privé et des entreprises d’État, à savoir le développement du parc industriel de Damerjog et la création de nouvelles installations de stockage de carburant et d’un terminal pétrolier. Pour accompagner cette diversification, des réformes structurelles ont été entreprises dans le cadre de la mise en œuvre du deuxième plan national de développement, baptisé Djibouti ICI (Inclusion-Connectivité-Institutions). Ces réalisations stimuleront la croissance du PIB qui devrait atteindre 5,3 % en 2023, puis 6,2 % en 2024 selon les projections de la Banque mondiale.

L’afflux d’investissements directs étrangers (IDE)constitue le moteur du processus de modernisation des infrastructures portuaires et ferroviaires, transformées en zones franches par le gouvernement. Ce dernier poursuit sa mise en œuvre du plan de développement Vision 2035. L’ambition est de renforcer la position régionale sur le plan du commerce et de la logistique de Djibouti mais également tripler le revenu par habitant et améliorer les indicateurs de développement humain et social.

Un centre mondial des TIC

Pour atteindre ces objectifs, Djibouti compte notamment sur le numérique.  Déjà centre technologique régional, avec l’accueil de huit câbles sous-marins, Djibouti multiplie les investissements dans le domaine et ambitionne de devenir un hub régional, spécialisé dans les technologies de l’information et de la communication (TIC). Djibouti Telecom, l’opérateur national, dispose de deux stations d’arrivée de câbles sous-marins qui desservent plus de cinquante opérateurs et permettent des connexions vers plus de quatre-vingt-dix pays dans le monde.

« Il ne fait aucun doute, dans mon esprit, que Djibouti contribuera à connecter davantage l’Afrique au reste du monde et à devenir également un centre mondial du traitement de données » a récemment déclaré le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, lors d’une visite officielle dans le pays. « Il existe un ‘Djibouti au-delà des ports’, une nation en marche pour devenir une plaque tournante des TIC à l’échelle mondiale. »

De belles perspectives pour les énergies renouvelables

Pour accompagner cette ambition, la BAD a investi 60 millions de dollars dans la première interconnexion électrique avec l’Éthiopie. Djibouti a approché la Banque pour un investissement similaire afin de distribuer une ligne supplémentaire de 320 mégawatts (MW) de Semera en Éthiopie à Nagad à Djibouti, soit une distance de 192 kilomètres.

Ces installations s’inscrivent dans la stratégie de développement énergétique du pays, laquelle s’oriente vers les énergies renouvelables. Alors que la BAD a octroyé 20 millions de dollars pour l’exploration géothermique autour de la région du lac Assal, des discussions sont en cours pour la construction d’une centrale solaire qui produira 15 MW d’électricité. Cette centrale fera partie de l’initiative Desert to Power, conçue par la BAD et qui prévoit un financement de 20 milliards de dollars pour fournir de l’électricité à 250 millions de personnes, réparties dans onze pays.

Après une première annonce, en 2019, du groupe français Engie, la centrale photovoltaïque de Grand Bara va finalement voir le jour sous l’égide de l’émirati Amea Power qui a signé un contrat de construction, d’exploitation et de transfert (Build-own-operate and transfer) et un projet partenarial d’aménagement (PPA) de vingt-cinq ans avec les pouvoirs publics djiboutiens.

En attendant, le pays a inauguré, le 10 septembre dernier, sa première ferme éolienne.Avec cette installation d’énergie renouvelable, inédite, Djibouti prévoit de devenir le premier pays africain à produire une énergie 100 % verte. Situées dans la baie du Ghoubet, une centaine de kilomètres au Nord de la capitale, juchées à 230 mètres d’altitude, sur le site le plus venteux du territoire, les dix-sept éoliennes ont été installées par l’espagnol Siemens-Gamesa. Ce parc a une capacité de production quotidienne de 60 MW, qui viennent s’ajouter aux 120 MW déjà produits selon les données fournies par les autorités locales lors de l’inauguration. De quoi projeter le pays dans le futur… Et l’espace. Loin de se satisfaire des réalisations actuelles, le pouvoir djiboutien a annoncé en janvier dernier un projet de construction d’une base de lancement spatial.  Désormais, the sky isn’t the limit.

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