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Crypto : une adoption en pleine mutation

Entre régulation prudente au Botswana et essor rapide sur le continent, l'adoption des cryptomonnaies en Afrique reflète des opportunités économiques prometteuses et des défis systémiques. Analyse des tendances et enjeux récents.

Par Bilkyss Mentari

La communauté des cryptomonnaies célèbre une fin d’année historique avec le bitcoin franchissant brièvement la barre des 100 000 $ avant de se stabiliser autour de 95 000 $. Cet exploit, accompagné de l’approbation des ETF Bitcoin et Ethereum par les autorités américaines, a ravivé l’intérêt mondial pour la crypto. Dans cet élan, les pièces mêmes et projets de tokenisation, tels que les RWA, ont aussi attiré les projecteurs, signalant une résurgence des investissements dans les actifs numériques.

Une tendance qui n’échappe pas à l’Afrique, bien au contraire. Pour preuve, de plus en plus états, au départ récitent, lâchent du lest et adoptent une réglementation favorable aux cryptomonnaies.

A ce titre, le Botswana s’est positionné comme un modèle de régulation mesurée en Afrique. La Banque centrale, dans son dernier rapport sur la stabilité financière, a jugé que les risques liés aux cryptomonnaies étaient pour l’instant limités. Cependant, elle insiste sur l’importance d’un cadre réglementaire strict pour prévenir le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Des mesures spécifiques, telles que la surveillance des plateformes et la conformité aux normes anti-blanchiment (AML) et anti-financement du terrorisme (CFT), figurent parmi les recommandations clés du rapport. Cette approche équilibrée permet au Botswana de rester attractif pour les investisseurs tout en minimisant les risques.

Des initiatives continentales diversifiées

Partout en Afrique, les gouvernements et institutions adoptent progressivement des mesures pour intégrer les cryptomonnaies dans leurs économies. Au Maroc par exemple, après une interdiction de six ans, la Banque centrale élabore une loi pour réguler les cryptomonnaies et explore la création d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC).

Au Kenya, la Nairobi Securities Exchange (NSE) s’est associée au Hedera Council pour accélérer la tokenisation des actifs financiers. Le gouvernement prévoit également de générer 465 millions de dollars de revenus fiscaux liés à la crypto d’ici 2029.

Mais c’est le Nigeria qui demeure le leader africain en termes d’adoption, avec une forte utilisation des cryptomonnaies pour les transferts de fonds et le commerce en ligne, malgré une réglementation fluctuante.

L’adoption de cryptomonnaies officielles dans des économies émergentes pourrait augmenter de 30 % d’ici 2030

Le Salvador a ouvert la voie en septembre 2021 en adoptant le bitcoin comme monnaie légale. Cette initiative a inspiré d’autres pays à envisager l’intégration des cryptomonnaies dans leur économie nationale. En Afrique, la République centrafricaine (RCA) a suivi en 2022, en faisant du bitcoin une monnaie officielle aux côtés du franc CFA.

La RCA espère ainsi attirer des investissements étrangers et favoriser l’inclusion financière dans un pays où moins de 10 % de la population a accès à un compte bancaire. Cependant, l’adoption reste compliquée, en raison d’infrastructures numériques limitées et de la méfiance des institutions internationales.

Selon un rapport de la Banque mondiale, l’adoption de cryptomonnaies officielles dans des économies émergentes pourrait augmenter de 30 % d’ici 2030, renforçant ainsi leur rôle dans le développement économique mondial.

Une croissance annuelle de 25 % des transactions en cryptomonnaies en Afrque

Selon Chainalysis, l’Afrique subsaharienne a enregistré une croissance annuelle de 25 % des transactions en cryptomonnaies, atteignant une valeur totale de 65 milliards de dollars en 2024. Ces chiffres témoignent de l’intérêt grandissant pour ces actifs, notamment pour les paiements transfrontaliers, où les cryptomonnaies permettent de réduire les coûts et les délais.

Malgré cet essor, plusieurs obstacles freinent une adoption plus large. A commencer par le manque de régulations harmonisées expose les utilisateurs à des risques de fraudes et d’escroqueries. De même, la volatilité des prix des cryptomonnaies constitue un frein pour les investisseurs institutionnels.

Vers une inclusion financière accrue

Pourtant, pour beaucoup les cryptomonnaies jouent un rôle déterminant dans l’inclusion financière en Afrique. En offrant des solutions d’épargne, de crédit et de paiement accessibles, elles contribuent à combler le fossé financier dans des régions où l’accès aux banques traditionnelles reste limité.

L’Afrique, avec son approche hybride de prudence et d’innovation, continue de tracer une voie unique dans l’écosystème mondial des cryptomonnaies. Les efforts coordonnés entre régulateurs, entreprises et utilisateurs seront essentiels pour maximiser les avantages tout en minimisant les risques.

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