BAL : quand le basketball devient moteur de transformation économique en Afrique
La Conférence du Nil de la Basketball Africa League (BAL), qui se tient à Kigali jusqu’au 25 mai 2025, promet du spectacle sur les parquets, mais aussi en dehors. Entre joueurs venus de toute l’Afrique, stars de la NBA et espoirs locaux, la BAL incarne bien plus qu’un tournoi sportif : elle devient un levier d’intégration et de développement économique pour le continent.

Kigali, capitale du basketball africain pendant neuf jours, accueille la Conférence du Nil dans le cadre de la cinquième édition de la Basketball Africa League (BAL). Quatre équipes – Al Ahli Tripoli (Libye), MBB (Afrique du Sud), Nairobi City Thunder (Kenya) et APR (Rwanda) – s’affronteront pour décrocher l’un des trois derniers billets pour les playoffs à Pretoria.
Les Africains peuvent désormais vivre l’expérience NBA dans leurs propres pays. En termes de qualité et d’organisation, nous apportons véritablement la NBA sur le continent
La ville s’est parée aux couleurs de la BAL pour célébrer cet événement, qui va bien au-delà du sport. « Les Africains peuvent désormais vivre l’expérience NBA dans leurs propres pays. En termes de qualité et d’organisation, nous apportons véritablement la NBA sur le continent », affirme Clare Akamanzi, PDG de NBA Africa. Une déclaration qui résume l’ambition de cette ligue cofondée par la NBA et la FIBA : faire du basketball un catalyseur de transformation sur le continent. (Lire son interview https://africa-news-agency.com/clare-akamanzi-le-sport-peut-transformer-les-economies-africaines/)
Des stars internationales aux jeunes talents africains
Pour cette Conférence du Nil, trois équipes effectuent leur première apparition en BAL : Al Ahli Tripoli, MBB et Nairobi City Thunder. La compétition promet d’être intense, notamment avec l’entrée en scène de Jaylen Adams, ancien joueur NBA passé par les Hawks, les Blazers et les Bucks. Vainqueur du championnat australien en 2022 et MVP de la saison, il tentera de propulser les Libyens vers la finale.
Autre attraction, David Craig, Sud-Africain de 2,18 mètres, devient le joueur le plus grand de l’histoire de la BAL. À ses côtés, Emmanuel Onoja, 16 ans, arrivé grâce au programme BAL Elevate, incarne l’avenir du basketball africain.
Un impact économique de plus en plus visible

Loin d’être un simple spectacle sportif, la BAL s’impose comme un vecteur de croissance. D’après Clare Akamanzi, « la BAL sera une force de transformation pour l’Afrique. Nous espérons qu’elle deviendra une source majeure d’emploi au cours des dix prochaines années. Grâce à la BAL, environ 650 000 jeunes Africains devraient accéder à des opportunités professionnelles de qualité. Rien que ces quatre dernières années, nous avons déjà généré près de 37 000 emplois. »
La BAL sera une force de transformation pour l’Afrique. Nous espérons qu’elle deviendra une source majeure d’emploi au cours des dix prochaines années
L’économie du sport en Afrique, bien que sous-exploitée, commence à montrer son potentiel. Selon l’Union africaine, le secteur pourrait représenter jusqu’à 1 % du PIB continental d’ici 2030, notamment à travers les infrastructures, l’événementiel, le marketing sportif et l’industrie textile.
Candy Basomingera, Directrice générale adjointe du Rwanda Convention Board a récemment indiqué qu’entre 2021 et 2024, le Rwanda a accueilli 70 événements sportifs dont le Congrès de la FIFA, les Assemblées générales de la Fédération internationale de l’automobile, avec 50 millions de dollars injectés dans l’économie, des dizaines de visiteurs. « C’est la première fois que nous organisons la Conférence du Nil. La semaine sera bien remplie d’activités. Il y a une soirée de bienvenue, pas mal de concerts, un sommet sur les innovations, des opportunités de networking…On profite de la visibilité de la BAL pour mettre en lumière les talents locaux », a-t-elle souligné.
Une vitrine pour l’intégration africaine
La BAL symbolise aussi une forme d’unité africaine en action. Douze clubs issus de douze pays s’affrontent dans quatre villes hôtes : Rabat, Dakar, Kigali et Pretoria. « La BAL concrétise déjà le rêve d’intégration économique de l’Afrique », déclare Akamanzi. « Quand on observe les équipes, on voit des joueurs venus de pays très divers. Le fait que des clubs de différents pays s’affrontent et collaborent montre que la BAL réalise déjà, à sa manière, l’intégration économique tant souhaitée. »
En effet, la compétition offre un espace de rencontre unique aux talents du continent, dans un contexte de circulation régionale des compétences, en cohérence avec les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Un public de plus en plus fidèle
À Dakar, lors de la Conférence Sahara, le public a répondu présent, avec des tribunes pleines, des concerts et des célébrités comme Khaby Lame. Ce succès populaire illustre l’enthousiasme grandissant pour la BAL : de 45 000 spectateurs en 2021, la ligue est passée à 120 000 en 2024.
La diffusion s’étend désormais à 214 pays en 17 langues via des partenariats TV (Canal+, ESPN, NBA TV, TV5 Monde…) et plateformes numériques. Une visibilité qui contribue à faire rayonner le basketball africain à l’international.
Vers la grande finale à Pretoria
La Conférence du Nil est la dernière étape avant les playoffs de Pretoria, où les deux premiers de chaque conférence et les deux meilleurs troisièmes s’affronteront pour le titre de champion d’Afrique. APR, hôte rwandais en quête de rédemption après l’échec de 2024, espère bien tirer parti de l’avantage du terrain pour se hisser parmi les meilleurs.
Entre spectacles sportifs de haut niveau et ambitions économiques assumées, la BAL montre que l’Afrique peut rêver grand avec son propre modèle. Et Kigali, une fois de plus, en devient le symbole vibrant.
Première ligue professionnelle créée par la NBA en dehors de l’Amérique du Nord, la BAL a vu le jour en 2019 grâce à une collaboration entre la NBA et la Fédération internationale de basketball (FIBA). Avec pour mission de soutenir le développement du basketball en Afrique, de propulser les talents locaux sur la scène internationale et d’inspirer la jeunesse, la BAL regroupe 12 clubs venus de 12 pays africains.
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