Amadou Bagayoko : la voix de l’Afrique s’est éteinte
Musicien malien de génie, moitié du duo mythique Amadou & Mariam, Amadou Bagayoko s’est éteint à Bamako à l’âge de 70 ans. Aveugle mais visionnaire, il a su faire rayonner la musique malienne, africaine plus largement, aux quatre coins du monde, aux côtés de sa femme Mariam Doumbia. Retour sur le parcours exceptionnel d’un artiste hors du commun, dont la voix continue de résonner dans les cœurs.

C’était un dimanche à Bamako, et cette fois-ci, ce n’était ni un jour de mariage ni de fête. Amadou Bagayoko, icône de la musique malienne et continentale, s’est éteint à l’âge de 70 ans des suites d’une maladie, a annoncé sa famille. Le ministre malien de la Culture, Mamou Daffé, a exprimé sa consternation face à cette disparition soudaine, tandis que le monde musical rend hommage à celui qui, avec Mariam, a incarné l’amour, la résilience et le talent.
Aveugle depuis l’enfance, Amadou n’a jamais laissé son handicap éteindre ses rêves. C’est à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako qu’il rencontre en 1976 Mariam Doumbia. Il a 21 ans, elle en a 18. Très vite, c’est l’évidence : les cœurs et les voix s’accordent. Ensemble, ils chantent l’amour, le quotidien, l’Afrique, et donnent naissance à un duo unique dans l’histoire de la musique africaine.
Musicien hors pair, guitariste inspiré, Amadou puise dans le répertoire mandingue, le blues, le rock et les sons traditionnels maliens pour forger un style reconnaissable entre tous. À deux, ils sillonnent les scènes africaines dans les années 1980, jusqu’à ce que leur destin bascule avec la sortie de Un dimanche à Bamako, en 2004. Produit par Manu Chao, l’album les propulse sur la scène internationale. Le monde découvre alors ce couple d’artistes lumineux, toujours main dans la main, dont les chansons font danser les foules de Paris à Tokyo.
Sur toutes les scènes, dans les festivals du monde entier, Amadou & Mariam ont porté les couleurs du Mali et de l’Afrique avec fierté
Amadou & Mariam deviennent des ambassadeurs de l’Afrique joyeuse et engagée. Ils chantent la paix, l’unité, la vie simple et belle. Sur toutes les scènes, dans les festivals du monde entier, ils portent les couleurs du Mali avec fierté. Leur musique transcende les frontières, tout comme leur histoire d’amour inspire des millions de fans.
Leur dernière apparition marquante remonte à septembre 2024, lors de la clôture des Jeux paralympiques de Paris. Leur interprétation de “Je suis venu te dire que je m’en vais”, hommage poignant à la flamme qui s’éteint, prend aujourd’hui une signification encore plus émouvante.
Dans son sillage, Amadou laisse non seulement trois enfants, mais aussi un héritage artistique immense. Il a prouvé qu’on peut être aveugle et éclairer le monde. Sa musique reste un pont entre les cultures, une preuve que l’amour et le talent peuvent tout surmonter.
Les hommages pleuvent. Manu Chao salue « un frère » et promet d’être « toujours avec lui ». Sidiki Diabaté pleure « une légende ». Youssou Ndour évoque une amitié inoubliable. Fally Ipupa, avec qui une collaboration était en préparation, regrette que le projet n’ait pas vu le jour.
À Mariam, son éternelle partenaire de scène et de vie, les messages de soutien affluent. Leur amour, plus fort que les project.