Nassreddine Riahi, CEO de la startup franco-tunisienne, Cynoia : « Le climat d’investissement en Algérie s’est amélioré » 

Par Nadjoua Khelil, à Alger

Créée en 2019, Cynoia assure aux entreprises des solutions qui centralisent les fonctionnalités essentielles de communication numérique et de collaboration des équipes allant du chat, gestion des fichiers, emails, calendriers et d’autres outils sur une même interface.

« Pour une adoption en masse de nos solutions »

Cette plateforme est née d’un « besoin criant, identifié, d’une solution de collaboration africaine tout-en-un qui permet aux petites structures africaines –TPE/PME- n’ayant pas les moyens de payer les solutions existantes, de rendre la collaboration simple, efficace et performante pour une meilleure productivité » explique Nassreddine Riahi, fondateur de Cynoia, au parcours professionnel atypique. Après des études universitaires en génie mécanique, l’entrepreneur lance successivement, en Tunisie, trois salles de jeux en réseau. A l’avènement de l’ADSL, il quitte la Tunisie pour poursuivre une carrière corporate, au sein de l’entreprise Cortix, une agence web française spécialisée dans la conception de sites internet. “J’ai gravi les échelons un par un. Puis, en 2010, je suis retourné à l’entreprenariat dans différents domaines (technique, consulting). Après une solide expérience en gestion de produits et en développement commercial, j’ai fondé Cynoia avec Ayoub Rabeh pour aborder les défis de la collaboration d’équipe dans le monde” raconte le jeune PDG quarantenaire.

Cynoia réussit à s’imposer, avec trois mille utilisateurs répartis dans neuf pays à travers le monde. Ces chiffres reflètent son efficacité. “Nous visons une adoption en masse de nos solutions et pour cela, nous innovons pour rendre notre plateforme plus accessible” précise Nasreddine Riahi.

Et d’insister : “cette expansion s’est faite grâce au travail acharné avec Ayoub Rabeh et toute notre équipe qui se donne à fond pour atteindre les objectifs de la startup”.

Cynoia va étendre ses services au continent africain et investir dans la recherche et développement. Des projets sont en cours de réalisation au Sénégal et en Côte d’Ivoire. “Nous travaillons avec des fournisseurs d’accès internet et des opérateurs téléphoniques pour intégrer notre plateforme directement dans leurs offres, en profitant de leurs bases de données clientèle, et permettre un accès facile et économique à nos services. Un lancement au Congo est prévu pour 2024. “En Afrique, notre but est de démocratiser l’accès aux outils de collaboration et communication numériques” précise Nassreddine Riahi.

Le climat d’investissement favorable en Algérie en fait une option attractive pour Cynoia

Pour Nassreddine Riahi, investir en Algérie, porte d’entrée en Afrique du Nord, est un choix stratégique. “Le pays présente un marché en pleine croissance, avec une jeunesse dynamique et un besoin évident de solutions numériques innovantes. Nous avons découvert cet écosystème en 2022, en passant quatre mois dans un incubateur d’entreprises, IncubMe. Cela nous a permis de rencontrer des partenaires stratégiques et des entreprises aux besoins spécifiques. Le climat d’investissement en Algérie s’est amélioré. Nous avons d’ailleurs été en contact avec l’Algerian Startup Fund (ASF), un fonds d’investissement, et le ministère de l’Economie de la connaissance et des Startups qui effectuent un travail important. Tout cela fait du pays une option attractive pour nous.”

“Dans cette optique, sans entrer dans les détails, nous sommes en discussion avec plusieurs opérateurs de téléphonie en Algérie mais aussi avec des sociétés, des clubs d’étudiants. Nous espérons pouvoir annoncer des partenariats dans les prochains mois” confie le PDG très optimiste.

 L’intelligence artificielle  pour renforcer les compétences décisionnelles

Dans le cadre de la recherche et développement, la startup travaille avec un laboratoire français sur un projet à fort impact économique. “Nous allons investir dans le développement de modules d’analytique avancée et de tableaux de bord interactifs. De plus, nous sommes en train d’intégrer des technologies d’intelligence artificielle (IA) pour aider les équipes à prendre des décisions plus éclairées en temps réel”. Il s’agit d’une formule novatrice qui va au-delà des tableaux de bord standard. Concrètement, l’IA permettra d’analyser les données pour fournir “des insights actionnables aux équipes”. Le process permettra aux entreprises d “optimiser le temps et une prise de décision plus éclairée à l’impact direct sur la productivité et par ricochet sur l’économie”.

“Les réseaux de startups entre les marchés voisins peuvent créer des synergies”

Par ailleurs, Nassreddine Riahi continue d’être un membre très actif  de l’association Tunisian Startups. “Nous nous sommes engagés à créer des ponts entre les différents écosystèmes. Des projets en Algérie et en Afrique sont actuellement à l’étude”. D’après lui, les réseaux de startups, entre des marchés voisins, semblables, “peuvent créer des synergies et avoir un effet de levier”. Dans ce sens, l’Algérie et la Tunisie, en se connectant, constituent un marché plus important avec des compétences complémentaires. A cet égard, tous les pays africains se sont inspirés du Startup Act tunisien. Conçu pour faciliter le lancement et le développement des startups de Tunisie, ce cadre intègre vingt mesures structurées autour d’un label de mérite et de nombreux avantages.

Compte tenu de la croissance rapide de Cynoia, une levée de fonds de série B est envisagée. “Cela nous permettra de développer de nouvelles fonctionnalités, de pénétrer de nouveaux marchés et d’élargir nos équipes” précise Nassreddine Riahi.