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Women in Africa « Démontrer que les femmes entrepreneurs peuvent changer le continent »

La seconde édition de Women in Africa (WIA) se tiendra en septembre prochain à Marrakech à nouveau. Une annonce faite lors d’une rencontre le 6 mars à l’ambassade du Maroc à Paris. L’occasion d’un nouveau plaidoyer en faveur des femmes africaines. Pour plus de synergies entre les actions portées par les femmes sur le continent notamment.

Par Dounia Ben Mohamed

C’est à l’ambassade du Maroc à Paris que, le 6 mars, Aude de Thuin, fondatrice et présidente de l’initiative Women in Africa (WIA),  accompagnée de certaine de ses ambassadrices, à annoncer la tenue de la seconde édition de Women in Africa (WIA)  les 27 et 28 septembre prochains à Marrakech à nouveau. « Après l’impossibilité d’organiser la première édition de WIA à Addis, l’Ethiopie étant entrée en état d’urgence, le Maroc nous est apparu comme une évidence, explique Aude de Thuin. Un pays, il faut le dire, pas toujours favorable aux femmes. Mais je suis une femme d’affaire et je suis convaincue que c’est par l’économie que nous aurons un plus grand impact. Si nous avions le statut d’association nous n’arriverions pas à faire ce que l’on fait. Entre autre, la création d’un fond dotation qui nous permet de soutenir l’entreprenariat féminin africain. Ces femmes nous les suivons et nous les coachons. Nous devons montrer haut et fort ce que nous les femmes pouvons apporter. » A travers notamment un réseau de 31 ambassadrices dans le monde, dont 27 en Afrique, et la présence de 5 hommes, tout de même, au sein du conseil d’administration. « Parce qu’il n’y a pas d’économie sans hommes, lesquels disposent de 95 % des actions ».

« Le poids des stéréotypes reste encore fort. »

Et c’est à un homme justement qu’elle donne la parole. Chakib Benmoussa, l’ambassadeur du Maroc à Paris. L’occasion pour se dernier de rappeler les réformes menées au Royaume en faveur de la promotion des femmes, de la réforme du code de la famille en 2004 à la récente promulgation de la loi contre les violences faites aux femmes, en passant par la loi sur la parité politique. « Il nous reste encore de nombreux défis, notamment la promotion des droits des femmes dans les zones rurales, la lutte contre la vulnérabilité et la pauvreté des femmes à travers des projets générateurs de revenus. Mais, comme le dit le sociologue Michel Crozier, on ne change pas une société par décret. Le poids des stéréotypes reste encore fort. »

« Les femmes africaines sont des entrepreneurs nés »

Parmi les hommes. Les femmes également ainsi que le souligne Seynabou Dia, sénégalaise installée au Gabon, PDG de Global communication. « Notre responsabilité est de travailler sur le branding de notre continent par l’action, indique-t-elle avant de poursuivre. Les femmes africaines sont des entrepreneurs nés. Et à vrai dire on n’ attend pas grand chose des hommes. Les femmes africaines ont cette particularité d’être aventurière et de ne pas faire l’économie de l’effort quand il s’agit de leur famille. » Reste à prendre conscience de leur potentiel et de voir grand. « Nous avons principalement deux défis. Le premier celui de faire circuler l’information au sein même de notre continent. Très peu de femmes se connaissent. Nous devons réfléchir à des modèles de collaboration. Ensuite, nous avons la responsabilité de donner de la visibilité à nos actions. » Et la jeune femme de plaider en faveur d’une plus grande synergie entre les initiatives portées par les femmes sur le continent, pour un plus grand impact.

« Si à Berlin ou à Paris, quand les femmes entreprennent, c’est par choix, en Afrique, c’est une question de survie »

Le second homme de la soirée, Khaled Igue, président du think tank 2030 Afrique et membre du conseil de WIA, mènera à son tour un plaidoyer en faveur de l’éducation des femmes. « J’ai toujours pensé que les femmes africaines avaient beaucoup à apprendre au monde entier. Elles n’ont pas attendu d’avoir les poste dans les administrations pour créer des commerces. Et je suis convaincue, parce que nous vivons dans un monde cyclique, que nous allons assister à l’avènement d’un monde nouveau où les femmes vont passer devant les hommes. » Ceci dit, il met en garde : « Comment faire pour que les femmes trouvent leur place dans la société ? La question de fond est celle de l’éducation. Si à Berlin ou à Paris, quand les femmes entreprennent, c’est par choix, en Afrique, c’est une question de survie. Or, depuis les indépendances, en Afrique, nous avons donné tout le pouvoir au politique et nous avons oublié de créer des entreprises. Pourtant, je vous assure que si on intègre l’initiation à l’entreprenariat dans les collèges, sur les deux prochaines générations, l’Afrique donnera au monde quelque chose qu’il n’a jamais vu, à savoir un continent où la moitié de la population à moins de trente ans et où cette moitié entreprend. Alors on assistera aux Trente glorieuses africaines. » Un avenir radieux où le rôle des femmes est fondamental. « Les femmes transforment 80% de ce que nous mangeons sur le continent alors que seulement 20% d’entre elles ont accès à la terre. Les femmes ne se rendent pas compte de leur puissance. Qu’elles peuvent demander un crédit en banque avec un titre foncier. Le développement de l’Afrique ne pourra se faire sans l’éducation de la femme ! »

Une plateforme digitale

Et les initiatives à ce niveau se multiplient. « Il n’y a pas besoin de créer, observe Aude de Thuin, juste voir l’existant et l’accompagner. » Ce qui est précisément la vocation de WIA. Et en attendant le prochain RDV annuel à Marrakech, les WIA, des RDV ponctuels, se tiendront le 12 avril prochain à Dakar, sur le thème de la femme et l’entreprenariat, et en fin d’année, à Johannesburg, sur la finance. « L’Afrique est le continent au monde où les femmes font le plus d’entrepreneuriat, souligne la fondatrice de WIA. Ce sommet vise à avoir un impact sur le continent. Montrer comment les femmes entrepreneurs peuvent changer le continent. » A travers également une plateforme digitale, laquelle sera lancée sur le web dans quelques jours, pour mettre en lumière les initiatives portées par les femmes à travers le continent et ailleurs.


 

Par Dounia Ben Mohamed

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