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Union africaine De nouveaux espoirs…

Comme à travers tout le continent, la jeunesse Burkinabé espère beaucoup de l’Union africaine. Elevée avec les idées des grands leaders panafricains de l’histoire et déçue par la politique de l’Union, cette jeunesse se prête au rêve d’une Afrique unie, ambitieuse et forte.

Par Ibrahima Sanou, à Ouagadougou

« Les discours de Kwame Nkrumah ou de Thomas Sankara ont tous quelque chose en commun, la souveraineté des pays africains, la transformation de l’économie africaine, la création et le contrôle du marché africain ». C’est dans ces termes que Neya Pema, responsable de l’Union des étudiants pour la promotion de la culture africaine et le leadership (UEPCAL) résume ses attentes quant à l’avenir de l’Union africaine. À l’université Ouaga 1 Pr Joseph KI-ZERBO, de jeunes étudiants regroupés au sein de l’organisation « 2 heures pour Kamita » (l’Afrique) se retrouvent chaque jour ouvrable sur un espace public pour débattre de sujets d’intérêts et notamment de l’unité africaine. « On assiste aujourd’hui à une floraison de mouvements panafricains qui invitent à la mise en application des promesses des leaders africains, car les attentes du peuple n’ont toujours pas été réalisées », assure le jeune responsable.

« Il est inconcevable que l’Union européenne ou l’Organisation des Nations Unies soient plus préoccupées par la résolution des problèmes africains que l’institution africaine elle-même »

À travers leurs débats, les membres de l’association se sont rendus compte qu’une masse critique de jeunes souhaitait une Union africaine qui œuvre pour un bonheur partagé de tout un continent. Neya Pema pense que les Africains attendent de l’UA qu’elle prouve qu’elle n’est pas le satellite des puissances extérieures : « Il est inconcevable que l’Union européenne ou l’Organisation des Nations Unies soient plus préoccupées par la résolution des problèmes africains que l’institution africaine elle-même ». « Quand il y a des enlèvements de filles au Nigeria, les regards se tournent vers les grandes puissances. Il y a suffisamment de raisons qui prouvent que l’UA depuis 2002 est obsolète », poursuit le jeune Burkinabé. Pour Lianhoué Imhotep Bayala, coordinateur de l’union étudiante : « l’UA a tout de même le mérite d’exister, il lui faut seulement des acteurs qui s’assument », rejetant le poids des échecs sur une majorité de chefs d’État « sans vision et qui n’ont pas donné à l’institution toute la force qu’elle méritait ». Selon lui, la commission au fil des ans, a traité beaucoup de projets ambitieux (monnaie, santé, énergie notamment) « ces projets restent inappliqués à ce jour, parce que des chefs d’États africains craignent de soulever la colère des dirigeants européens. Ces présidents africains sont un frein à l’application des réformes de la commission. »

« La redynamisation de l’institution doit être panafricaine avec des nations exemplaires capables de guider les autres » 

« L’institution a besoin d’États leaders pour porter ses ambitions à l’image du couple franco-allemand pour l’Union européenne », explique Neya Pema. Des leaders pourtant difficiles à trouver : « Je vois mal l’Afrique du Sud donner des leçons sur la corruption aux autres pays africains quand elle-même n’a pas, à sa tête, des dirigeants honnêtes ». Même chose pour le Nigeria, « qui aurait pu porter l’institution », mais est englué dans des scandales et doit lutter contre le terrorisme. L’Union africaine est dirigée depuis janvier dernier par le président du Rwanda, Paul Kagamé qui a affiché sa volonté de redynamiser l’institution. « Il a très peu de chances de réussir » reste sceptique Neya Pema. Le jeune Burkinabé lui témoigne pourtant « de grandes qualités de bâtisseur au vu de ce qu’il a fait dans son pays ». Il ne sera finalement jugé que sur sa capacité à rassembler. « La redynamisation de l’institution doit être panafricaine avec des nations exemplaires capables de guider les autres », explique Neya. Cependant, de l’avis de Lianhoué Imhotep Bayala, le président rwandais pourra bénéficier du soutien de certains de ses homologues comme Nana Akufo-Addo du Ghana ou Muhammadu Buhari du Nigéria. « Nous le jugeons capable de mener à bien le bateau même s’ils ne sont pas beaucoup à être comme lui. En Afrique, nous avons les ressources, ce qui nous manque, c’est la rigueur dans la gestion afin de servir toutes les populations. »


 

Par Ibrahima Sanou, à Ouagadougou
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