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Un plan d’action nationale face à la forte urbanisation des villes ghanéennes

Selon le dernier recensement de la population et de l’habitat réalisé en 2010 au Ghana, environ 50% de la population vit dans les V et cette tendance pourrait atteindre 60% à l’horizon 2030. Il en ressort aussi que 51% de la population urbaine vit dans des habitations peu décentes alors qu’elle contribue à environ 60% de la richesse du pays. Ce boom démographique urbain a aussi négativement impacté le développement des villes ghanéennes.

En effet, des quartiers entiers, à l’instar d’Agogbloshie et Old Fadama dans la capitale ghanéenne, sont en marge des aménagements urbains. Les industries et les habitations sont souvent construites dans des zones inondables ou inappropriées ; les retombées économiques de la ville ne sont pas équitablement réparties sur le territoire et les services publics de base n’atteignent pas certains quartiers. Conscientes des défis à relever dans ce secteur, les autorités ghanéennes ont élaboré, fin 2013, un plan pilote de développement urbain pour les cinq années à venir. Il s’agit du Plan d’action nationale pour la politique urbaine qui vise à planifier, d’une manière cohérente, l’urbanisation dans les grandes agglomérations du pays tout en prenant en compte les besoins vitaux de la population urbaine. « Les systèmes urbains sont devenus dominants dans notre pays, de nos jours. Si nous ne mettons pas en place une politique de bonne gouvernance urbaine, nous serons confrontés à des phénomènes tels que les embouteillages sur nos routes, d’ici 10 à 20 ans », a déclaré le Président John Dramane Mahama au lancement de cet ambitieux projet, premier du genre dans le pays dont la population urbaine a presque doublé, passant de 4,5 millions en 1984 à 15 millions en 2014 sur une population totale estimée à environ 30 millions d’âmes.

Les premiers résultats n’ont pas tardé

Elaboré autour de 12 grands axes, ce plan de développement urbain permet de contrôler l’urbanisation des grandes agglomérations du Ghana tout en facilitant l’accès des citoyens à tous les services de base. Il s’agit entre autres de promouvoir un développement économique urbain, de faciliter une implantation équitable de la population urbaine, d’améliorer la qualité environnementale de la vie urbaine, d’assurer la planification et le contrôle de la croissance urbaine entre les grandes agglomérations et les petites villes et de promouvoir la sureté et la sécurité pour les populations urbaines. Le plan va également permettre d’assurer l’accès à une habitation décente accessible à toutes les bourses, renforcer la bonne gouvernance dans la politique de planification urbaine des municipalités et adapter le volet du changement climatique aux mécanismes de développement des villes. Désormais, le Plan d’action nationale pour la politique urbaine va permettre aux différents acteurs du secteur de l’urbanisation de trouver des solutions idoines aux problèmes liés à la forte urbanisation à travers une approche participative et sectorielle. « On ne peut pas développer nos villes sans penser à recueillir l’avis de tous les acteurs. Des canaux ont été mis sur pied pour mener à bien les actions de développement dans les villes.

Désormais, les représentations locales travaillent en collaboration avec le gouvernement central pour répertorier les besoins réels des populations dans les villes », a expliqué Kwado Yeboah, responsable de la division de la planification urbaine au ministère du Développement rural et de la Gouvernance locale. Les différentes actions menées depuis le lancement de ce plan n’ont pas tardé à donner des résultats. Ceci grâce à l’appui multiforme des partenaires au développement. En effet, le Plan d’action nationale pour la politique urbaine, qui vient en appui à d’autres projets de développement urbain en cours d’exécution depuis des années, a permis de construire des latrines publiques et scolaires, des gares routières, des réseaux d’adduction d’eau potable et du système de drainage des eaux de pluie. Pour une participation beaucoup plus active de la couche vulnérable de la population urbaine à la vie socioéconomique, des centres commerciaux ainsi que des logements sociaux sont en cours de construction dans la capitale ghanéenne et à Kumasi, la deuxième grande ville de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Des espaces verts ont aussi été réaménagés dans certains quartiers d’Accra et de Kumasi.

Une politique inclusive pour une orientation efficiente des ressources allouées à la planification des villes

La mise en place de cet ambitieux programme a permis au pays d’orienter, d’une manière beaucoup plus efficiente, les ressources allouées aux secteurs clés qui sont mis à mal par la forte pression démographique dans les villes. « Aujourd’hui, il est beaucoup plus facile d’évaluer les besoins des différents endroits des agglomérations. Il suffit que les représentations locales, c’est-à-dire les élus locaux, évaluent les besoins pour les transmettre directement au gouvernement via le ministère en charge du Développement et de la Planification », a rassuré M. Yeboah. Désormais, tous les acteurs de développement ont leur mot à dire dans ce processus de planification urbain en cours dans le pays. Qu’il s’agisse des organisations de la société civile, des chefs traditionnels ou encore les entreprises privées, tous accompagnent cette vision de développement urbain du gouvernement ghanéen. « Le gouvernement ne peut jamais savoir les besoins des populations d’un milieu donné si ce ne sont ces derniers qui en font cas. Donc, cette vision inclusive va permettre de colmater les brèches pour rapidement faire face aux besoins liés à la forte urbanisation de nos villes », a indiqué Christopher Badu, directeur d’un cabinet d’architecture.

Ce que dit le dernier rapport conjoint de la Banque mondiale et des autorités ghanéennes

Malgré tous ces acquis, le dernier rapport conjoint intitulé «La forte croissance dans les villes du Ghana», publié par la Banque mondiale et le gouvernement ghanéen en mai 2015, a relevé certains défis qui devraient être pris en compte dans les années à venir par le Plan d’action nationale pour la politique urbaine. Il s’agit entre autres du manque d’industries de transformations dans les grandes villes pour absorber le chômage, du manque de connectivité entre les différents endroits des villes, l’accès difficile à la terre qui entraîne l’apparition anarchique de nouveaux quartiers dans les banlieues. Le rapport a élaboré des actions visant à adresser ces besoins. « Le Plan national d’urbanisation a été formulé pour adresser ces défis rencontrés dans le processus de développement urbain. Il est important de noter que ce plan fait partie des initiatives audacieuses prises par le gouvernement pour intervenir d’une manière compréhensible dans le secteur urbain afin de faciliter et de promouvoir le développement durable des cités et villes ghanéennes. C’est un processus inclusif qui prend en compte les besoins des groupes vulnérables », a expliqué Samuel Ofosu Ampofo, le ministre ghanéen du Développement rural et de la Gouvernance locale.

Malgré toutes les mesures prises pour la pérennisation de cet ambitieux plan de développement urbain dans les autres agglomérations du pays, beaucoup reste à faire pour juguler le rythme d’urbanisation des grandes villes à l’instar de la capitale qui devrait voir sa population doubler à l’horizon 2030. Mais pour l’heure, cette initiative a permis de changer le vécu quotidien d’une frange de la population urbaine dans la capitale ghanéenne avec notamment la construction de logements sociaux. En tout, 200 nouveaux bus ont été mis en circulation pour faciliter le transport urbain et environ 4.720 logements à coût abordable sont en cours de construction, depuis 2014, dans les différentes capitales régionales. L’espoir est encore permis.


 

Par Blamé Ekoué

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