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« Trois projets que nous finançons au Togo » – Makhtar Diop, vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique

Depuis qu’il a atteint le point d’achèvement du programme des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) en 2010, le Togo continue de bénéficier du soutien financier des institutions de Bretton Woods, et entre autres de la Banque Mondiale. Cette dernière vient d’annoncer plusieurs mesures prises pour soutenir le Togo dans les années à venir, et ce par la voix de Makhtar  Diop, vice-président Afrique de l’Institution, lors de son récent séjour à Lomé. Interview.

Propos recueillis par Blamé Ekoué

Le groupe de la Banque Mondiale a tout récemment pris de fortes décisions pour accompagner le Togo. Quelles sont-elles ? Et quel est le coût global de ces nouvelles mesures ?

Nous avons décidé d’apporter notre soutien financier à trois projets. Le premier accord signé porte sur un projet de filets sociaux et des services de base –  évalué à 29 millions de dollars – environ 17,5 milliards de FCFA  – approuvé par le conseil d’administration de la Banque Mondiale. Sa finalité est d’aider le  Togo à poursuivre convenablement la mise en œuvre de sa politique nationale de développement de la sécurité sociale. Le deuxième projet va permettre d’avoir une surveillance accrue au niveau de la santé animale, mais surtout de la santé des personnes. Estimé à 21 millions de dollars US, ce budget pour la santé togolaise vise à ce que les épidémies comme celles que nous avons connues avec le virus Ebola ne puissent pas se reproduire. Nous allons doter ainsi le Togo des moyens de détection des premiers éléments d’épidémie.  Le troisième projet, d’un montant de 15 millions de dollars US, est beaucoup plus axé sur le social et l’employabilité, avec le financement de travaux à haute intensité de main d’œuvre. Il vise à donner un emploi aux jeunes vulnérables : je veux parler ici d’emplois plus durables dans le temps, afin de générer des sources de revenus pour la jeunesse. En tout, il y a donc trois projets qui ont été financés – et ce pour un coût total de 65 millions de dollars US. C’est une enveloppe financière importante.

Outre le financement de ces trois projets, votre Institution augmente aussi sensiblement son appui budgétaire aux autorités togolaises… on parle de plus de 350 millions de dollars ?

Oui, vous avez raison. Déjà, durant les trois prochaines années, nous allons faire passer notre appui budgétaire au Togo, initialement de 30 millions de dollars US, à 50 millions. Ceci pour soutenir les réformes macroéconomiques et structurelles en cours dans le pays. Il s’agit aussi de donner au Togo une vraie marge de manœuvres dans l’exécution des actions de première nécessité. Par exemple, le pays a réalisé des avancées significatives en matière de gestion budgétaire – mais maintenant il va falloir les consolider jour après jour. Notre groupe se doit  donc d’être au côté du Togo pour faire aboutir les efforts.  Nous venons ainsi de décider de porter le volume de financement global pour le Togo à 370 millions de dollars US – et ce pour l’horizon 2030. Ceci constitue un accroissement significatif qui pourra  éventuellement être revue à la hausse…

Quels sont les mécanismes qui permettraient de pérenniser au mieux ces nouveaux financements ?

Ce que nous attendons, c’est principalement une amélioration de ce qu’on appelle le CPIA – ou « l’indicateur de mise en œuvre des politiques et reformes dans les pays soutenus. » Et je peux vous dire que, concernant le Togo, nous ne sommes pas les seuls à être déjà extrêmement satisfaits. Je pense bien sûr aux discussions entre le pays et le Fonds monétaire International (FMI). Cet autre partenaire a, tout comme la Banque Mondiale, jugé que le Togo est en mesure d’appliquer les bonnes réformes. Je crois d’ailleurs savoir  qu’une nouvelle rencontre aura lieu bientôt entre les autorités togolaises et le FMI – qui a déjà débloqué 238 millions de dollars en début d’année – afin de voir comment le pays pourrait bénéficier d’un soutien financier encore plus important.

Le Togo est-il un cas isolé dans l’expansion des financements, ou bien cela concerne-t-il finalement toute la sous-région ?

C’est vrai qu’on remarque un accroissement du volume de financements octroyés au Togo.  Mais, ce n’est pas seulement le seul pays qui va bénéficier d’un tel appui budgétaire dans les années à venir. La Banque Mondiale va injecter une enveloppe financière importante en Afrique subsaharienne dans les trois prochaines années, afin d’aider certains pays à réformer et diversifier leur économie pour renouer avec la croissance. La nouvelle stratégie que nous proposons a donc pour objectif d’aider la zone à mettre en place les conditions pour une croissance économique plus inclusive et durable, tirée par un secteur privé dynamique et des politiques publiques efficaces au cas par cas. Par exemple, au Togo, cela rentre dans le cadre de notre soutien au Programme national de développement. Mais les objectifs restent souvent les mêmes : renforcer la performance du secteur privé,  promouvoir l’inclusion économique et sociale, agir sur la soutenabilité et sur la résilience.


 

Auteur : Blamé Ekoué // Photo : Makhtar Diop © DR

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