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Tribune « La santé bucco-dentaire est l’affaire de tous »

En Afrique,  la santé bucco-dentaire ne fait malheureusement pas partie des préoccupations majeures. Et pourtant les rapports de l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) sont clairs. 60 à 90% des enfants scolarisés souffrent de pathologies dentaires dans ces pays en voie de développement où l’accès au fluor et aux soins est difficile.

Par Daisy Lekounda*

Les praticiens sont unanimes, la population du continent ne cesse de croître et les besoins en soins dentaires ne sont pas en reste.

Alors que dans les pays développés, la réponse en termes de soins est suffisante, en Afrique la demande est plus importante que le nombre de praticiens. Les centres de soins existants ne permettent pas de couvrir les besoins des populations aussi bien d’un point de vu public comme prive.
Peu de pays africains mettent en place des politiques de santé publique de prise en charge de cette spécialité importante de la médecine. En effet la santé bucco-dentaire a un retentissement primordial sur la santé en général. La bouche étant une porte d’accès aux bactéries, aux virus et aux champignons. Tout cela peut bien évidemment fragiliser la santé générale; et cela sans en exclure les nombreuses pathologies immunitaires, cardiaques, respiratoires et endocriniennes qui nécessitent une hygiène et une santé bucco-dentaire irréprochables.

« Les soins dentaires ne correspondent qu’à 10% des dépenses globales de santé »

Nous sommes finalement face à un problème de santé qui touche au-delà de sa spécialité. Cela met bien en évidence la nécessité d’un travail collectif des équipes médicales entre elles.

En effet, la santé bucco-dentaire est l’affaire de tout acteur du système de santé, des agents primaires aux médecins et chirurgien- dentistes. Le pédiatre par exemple peut se trouver en première ligne dans la sensibilisation et le dépistage précoce des pathologies buccales.
Le manque de prévention précoce conduit plus souvent les individus à un état de polycaries (plusieurs caries) amenant les États à dépenser d’avantage pour les soins.

Dans les pays de la zone Cipres (pays ayant une politique de couverture sociale tels que le Bénin,  Burkina Faso,  Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo), les soins dentaires ne correspondent qu’à 10% des dépenses globales de santé.

Reprogrammer les leçons d’hygiène en milieu scolaire

Il fut une époque où l’hygiène dentaire était enseignée dans les établissements scolaires en plus de l’éducation des parents. Ne devons-nous pas penser à le réinitier afin de maximiser les efforts de prévention ? Les enseignants seront également impliqués de façon positive dans la propagation des messages de santé en Afrique. C’est aussi une façon pour ces derniers de veiller à ce que nos enfants soient des individus conscients de leur capitale vie.

Un mauvais état de santé bucco-dentaire provoquant un état de fragilité de leur santé générale… et une perte d’estime de soi

Les personnes en situation de précarité ont plus souvent un mauvais état de santé bucco-dentaire provoquant un état de fragilité de leur santé générale. Et ce délabrement dentaire occasionne une gêne fonctionnelle et esthétique.
En tant que chirurgien-dentiste spécialisée en Esthétique du sourire, je rencontre énormément de patients en situation d’handicap social à cause de leur sourire. Donc, mon cri de détresse est pour tous ces jeunes qui n’ont pas pu bénéficier de l’apprentissage de gestes préventifs simples comme le brossage des dents avec un dentifrice fluoré et qui se retrouvent victimes de discrimination quant à leur intégration sociale due à une dentition inesthétique. Aussi anodin que cela puisse paraître, les individus ayant un sourire disgracieux développent une diminution de confiance et d’estime de soi. C’est le résultat d’une étude de certains sociologues occidentaux. Le but de mon travail lorsque je refais des sourires n’est pas toujours de donner un sourire hollywoodien à mes patients, mais de répondre d’abord à une souffrance psychologique et sociale. En effet, selon l’O.M.S., la Santé est « un état complet de bien-être physique, mental et social ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Il est grand temps pour les pays africains de se mobiliser d’avantage afin que des politiques globales de prévention bucco-dentaire soient enfin établies avec le concours et le savoir-faire de tous les agents de santé et de l’éducation nationale.  Les bons gestes peuvent s’apprendre aussi de façon ludique avec des moyens très simples comme des campagnes de sensibilisation via certains ateliers éducatifs sur la santé, et des journées d’information et de dépistage.

*Daisy Lekounda est Gabonaise. Après des études de médecine en France elle se spécialise dans la médecine dentaire puis par l’esthétique dentaire à l’Université de New York. Elle commence ensuite sa carrière professionnelle à Bordeaux et Paris avant d’ouvrir son propre cabinet au Gabon, Smile Design Specialise où elle continue d’exercer.


 

Par Daisy Lekounda*

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