ArchivesLe dossier du mois

Togo : comment financer un taux d’électrification acceptable ?

Malgré l’énorme potentiel énergétique dont dispose le Togo, une bonne majorité de sa population souffre d’un manque accru en électricité. La demande devenant très croissante, et conscientes du rôle inaliénable de l’énergie électrique pour l’économie et le bien-être social, les autorités togolaises ont mis en place plusieurs projets « micro et macro » énergétiques pour faire changer la donne.

L’électrification au Togo est encore à un niveau insuffisant. Le Ministère de l’Energie parle de 30,27% de taux d’électrification urbain, avec 57% en zone urbaine pour 6% en milieu rural. Afin de venir à bout de cette insuffisance, le gouvernement a mis en place une planification énergétique qui met les populations au centre.

« Notre ambition est de pouvoir atteindre un taux d’électrification de 50% en 2020. Si le programme se poursuit au rythme prévu, le Togo parviendra à un taux d’électrification de plus de 50% à l’horizon 2020 et de 90% en 2030 », a récemment déclaré, le Ministre de l’Energie et des Mines, Marc Ably Bidamon. Selon le Ministre, le plan est une réaction aux demandes sans cesse croissante en électricité et réclame un financement de plusieurs milliards.

Uemoa, Boad et autres à la rescousse

Afin de favoriser l’accès énergétique et de trouver des solutions à la demande, le Togo a validé un plan en accord avec des institutions financières, qui promeut les énergies renouvelables. Dans cette perspective, en novembre 2016, la Banque ouest-africaine de développement (Boad) a conclu avec le Togo un accord de prêt d’un montant de 6 milliards de FCFA pour le financement partiel du projet d’électrification rurale décentralisée de 62 localités dans les 5 régions du Togo, à partir de système solaire photovoltaïque. Outre ce prêt direct de la Boad, le projet devrait également bénéficier d’un financement de 14,183 milliards FCFA du Fonds de développement énergie (FDE) mis en place par l’Uemoa, et dont la Boad assure la gestion.

« Ce projet constitue la première des 3 étapes prévues dans la réalisation du Programme de valorisation de l’énergie solaire, dont le coût global  est estimé à 80 milliards FCFA. Il  permettra  l’accès de 12 300 ménages ruraux à l’électricité à partir de 2018, et contribuera à l’amélioration  du taux d’électrification rurale du pays en le faisant passer de 6% en 2016 à 7,5% à partir de 2018 », a confié Christian Adovelande, Président de la Boad. Selon le top management, ce projet est une urgence à laquelle le gouvernement togolais et la Boad devront vite s’atteler.

Par ailleurs, le Programme de promotion de l’énergie pour le développement (PPED) a été officiellement lancé en janvier 2017 à Tsévié (environ 35 km au nord de Lomé). Subventionné à hauteur de 955.250 euros (environ  627 millions de FCFA, 80% par  l’UE et 20% par la mairie de Tsévié), cette initiative a pour objectif de faciliter l’accès durable des populations aux services essentiels dans la commune et ses environs. Ce projet à court et à long terme permettra de répondre durablement au déficit énergétique dont souffre la ville (chef-lieu de la région maritime).

Horizon 2030

A en croire le Ministre des Mines et de l’Energie, avec un taux d’accroissement moyen de 8% par an, la demande en énergie électrique s’est envolée ces cinq dernières années. « A la faveur des grands projets d’extension, de renforcement du réseau électrique et d’électrification, cette demande ne cesse de s’accroître passant de 216 MW en 2014 à une prévision de 314 MW en 2020 et 610 MW à l’horizon 2030 », a déclaré Marc Ably Bidamon.

Ainsi, le Togo a démarré le branchement de plus de 32.000 nouveaux abonnés dans les quartiers périphériques de Lomé (Zanguéra, Kégué, Djagblé, Adétikopé, Légbassito) et sur le tronçon Lomé-Agbodrafo (Dévikinmé, Togokomé, Agovodou, Agbodrafo, Djassemé et Kpessi). D’un coût global de 1,539 milliards de FCFA, la première phase des travaux devra prendre fin en mai 2017.

Il faut rappeler tout de même que – malgré les grands projets mis en place par le gouvernement togolais pour sa politique énergétique – il y a encore du chemin à faire pour atteindre l’objectif de l’émergence et de l’indépendance en ce domaine. Et ce même pour 2030, les prévisions ne permettent malheureusement pas encore aujourd’hui de l’envisager.

 


 

Auteur : Emmanuel Atcha // Photo : Panneaux photovoltaïques dans les rues de Lomé © Emmanuel Atcha
Découvrez le dernier ANAmag intitulé « Diaspora, une expertise à valoriser » conçu en partenariat avec Expertise France

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page