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« Sans une synergie totale publics et privés, pas de développement »

Interview de Mohamed El Kettani, PDG AttijariWafa Bank

 

L’occasion de la quatrième édition du Forum Afrique Développement a été saisie par ANA pour accrocher Mohamed El Kettani, PDG d’AttijariWafa Bank, qui insiste sur la nécessité d’aller « vers des coopérations sud-sud équilibrées et équitables ». Entretien 

ANA : Cette quatrième édition du Forum Afrique Développement et la présence de délégations africaines importantes confirment le positionnement du Maroc sur le continent…Peut-on ainsi dire que Casablanca est devenue la capitale des nouvelles relations sud-sud… mais aussi nord-sud ?

Mohamed El Kettani : C’est une vision pertinente. D’une édition à l’autre, on sent que l’on répond à un besoin pressent qui vise à conforter la coopération sud-sud. On a compté plus de 4000 inscrits à notre forum, cette année, avec 4800 RDV be to be pendant ces deux jours, sans compter les RDV informels. Ce qui confirme que ce forum répond à une demande qui est celle de rapprocher les opérateurs économiques du continent africain et d’étudier les opportunités qui se présentent aux pays africains pour trouver un modèle de développement économique qui fixe une bonne partie de la chaîne de valeur au niveau du continent africain, parce que c’est cela l’enjeu. Comment faire, au lieu d’être exportateur net de matières premières brutes, pour créer l’emploi et l’industrialiser, dans des filières de transformations de ces matières premières en produits semi-finis et finis. C’est là que l’axe nord-sud devient également important. Le continent africain ne peut pas se développer seul. Il ne peut se développer qu’avec un partenariat rééquilibré. Il faut alors que les pays développés acceptent de fixer une partie de la chaîne de valeur au niveau du continent africain. Ce qui demande d’intensifier la coopération sud-sud. Et dans ce sens, la vision de sa Majesté le Roi, initiée depuis son intronisation, a été extraordinaire puisqu’il a fait de l’axe de la coopération sud-sud un axe prioritaire de son règne. C’est une conviction profonde.

 

L’initiative du ce forum vient du secteur privé marocain à l’adresse des secteurs privés du continent. N’est-ce pas là leur rôle, accompagner cet élan « sud-sud » ? En est-il de même pour les banques continentales ?

 

On a démontré, pendant les trois premières éditions, encore plus au cours de celle-ci, que le secteur privé africain a besoin d’interagir au niveau du continent, car quand on écoute les opérateurs économiques des différents pays, on fait face aux mêmes problématiques. Des problématiques liées au climat des affaires, aux infrastructures, à l’énergie, à l’entreprenariat, des jeunes notamment… C’est un dénominateur commun à l’ensemble des pays. Ce qui fait qu’aujourd’hui, l’ensemble des secteurs privés, à travers les organisations patronales, à travers les interactions avec les gouvernements, et avec le soutien du canal bancaire, dont le soutien est essentiel, car il conforte la confiance entre opérateurs, nous sommes à même d’être une véritable force de proposition pour nourrir les stratégies de développement des gouvernements. Sans une synergie totale entre les secteurs publics et privés, nous n’allons pas réaliser les objectifs de développement de notre continent. Ce qui ressort des différents panels, en vue de renforcer les partenariats publics-privés, à travers une réglementation très claire, stable, parce que ce sont des investissements lourds qui demandent une vision à moyen et long terme, et des conditions d’exercice d’activités claires et transparentes avec le moins possible de bureaucratie pour permettre au secteur privé de se libérer et de se consacrer au développement de ces projets.

 

D’où la création du Club Afrique Développement…

 

En effet, l’idée de créer le Club Afrique Développement s’inscrit dans cette démarche. Compte tenu de cette demande exprimée par le secteur privé, nous étions amenés à fédérer toutes ces forces vives au sein du Club. Nous commençons à enregistrer les adhésions, qui, demain aboutirons à une plateforme, une force de proposition du secteur privé, qui va exprimer ses besoins, les leviers à activer, pour améliorer les conditions d’activité en Afrique, pour faciliter l’investissement, l’entreprenariat, et surtout ouvrir des possibilités nouvelles aux secteurs privés africains pour interagir avec le monde. A ce titre, nous avons signé une convention important avec BPI France, d’un côté, avec Banco Santander, de l’autre côté. Ce qui nous fait une base de données de 35 000 entreprises à travers le monde, un réseau conséquent pour de nouvelles opportunités.

 

Justement, vous parlez d’entreprises internationales. Qu’est-ce qui fait, selon vous, qu’elles soient de plus en plus nombreuses à s’implanter au Maroc ? Y compris pour démarcher le continent africain…

 

Le Maroc a, effectivement, réussi à développer un modèle économique, grâce à la vision globale du Roi, qui a commencé par combler le déficit du pays en termes d’infrastructures, d’une part, tant au niveau aéroportuaire et portuaire, routier et autoroutier, ferroviaire, mais également au niveau des capacités énergétiques et télécoms, pour lesquelles nous sommes aujourd’hui aux standards internationaux. Ce qui fait que de plus en plus d’opérateurs internationaux choisissent le Maroc comme une plateforme de la production industrielle.

 

Une attractivité dont rêvent d’autres pays du continent. Peut-on dès lors parler d’un modèle marocain transposable en Afrique ?  

 

On ne peut pas parler d’un modèle marocain exportable auprès des pays frères africains. Si l’on se réfère à la vision de sa Majesté, avec des orientations très précises pour les secteurs publics et privés marocains, c’est pour aller vers des coopérations sud-sud équilibrées et équitables. Le Maroc est certes interpelé pour aller échanger avec les pays frères son expérience, avec ses échecs et ses réussites. Et le pays livre, de manière ouverte et transparente, ses expériences. Nous-mêmes, nous avons des choses à apprendre d’eux, de telle sorte que nous puissions assurer une co-émergence du continent africain. Voila la vision du Maroc.

Maintenant, le Maroc est aussi en train de développer, à travers ses stratégies sectorielles, des activités où nous avons des avantages comparatifs intéressants. Ce qui est en train de se faire dans le domaine de l’équipement aéronautique, automobile, dans l’agrobusiness, avec des choses intéressantes qui impactent la croissance économique de manière durable. Mais chaque pays a ses spécificités, avec ses points faibles et ses atouts. Et je crois que le plus important, ça a été dit, dans le domaine de l’agriculture et de l’énergie, une demande expresse de ministres de pays subsahariens, ils souhaitent que le Maroc puisse s’impliquer davantage auprès d’eux pour rattraper un certain nombre de déficits, notamment en matière d’infrastructures énergétiques et dans le domaine agricole, parce qu’on voit les réalisations au Maroc. Avec l’exemple de l’Office nationale de l’électricité, plusieurs pays bénéficient de leur assistance technique. Le ministre de l’Agriculture a également annoncé, au cours du forum, que son département est engagé pour moderniser les filières agricoles et surtout améliorer les rendements et les productions pour les pays qui l’on demandé.


 

Dounia BMD

lire interview/ article : http://www.africanewsagency.fr/?p=3223

http://www.africanewsagency.fr/?p=3216

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