Rwanda 30 ans après : Mutuelle de santé, un exemple pour l’Afrique

Par Aimable Twahirwa

La Mutuelle de santé, introduite en 1999, est un système d’assurance maladie solidaire dans lequel des personnes (familles) se réunissent et paient des cotisations pour bénéficier des services et de l’accès aux soins médicaux. Elle a été créée afin d’aider les personnes à faible revenu à accéder à des soins médicaux à un coût abordable.

Actuellement, plusieurs programmes d’assurance maladie au Rwanda ciblent des groupes spécifiques de la population. Cependant, le plus important en termes d’adhésion est le système de mutuelles, dont la participation est organisée sur une base par ménage, avec un paiement annuel de 3000 francs rwandais (2.3 US$) par membre de la famille.

Les estimations du Conseil rwandais de la sécurité sociale (RSSB), un organe gouvernemental responsable de la coordination des mutuelles au Rwanda, montrent que l’adhésion à ce système d’assurance couvre 51 % de l’ensemble de la population rwandaise, estimée à 13.5 millions d’habitants.

Le reste de la population bénéficie d’une assurance maladie de la part d’autres prestataires de ce même service, tant du secteur public que privé.

Depuis le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, les autorités rwandaises ont mobilisé les communautés dans la gestion et la création d’un système de financement des soins de santé. L’un des moyens pour y parvenir a été la mise en place de mutuelles d’assurance maladie, connues au Rwanda sous le nom de mutuelles de santé ou mutuelles.

Selon Déogratias Ntigurirwa, responsable chargé de la mobilisation au sein du Service central des Mutuelles au Rwanda, la quasi-totalité des hôpitaux et cliniques du pays acceptent actuellement les membres de ce système d’assurance maladie.

Mobilisation de plusieurs sources de financement

À titre d’exemple, au centre de Santé de Masaka situé dans la périphérie de la ville de Kigali, seulement 200 patients sont admis quotidiennement, dont 10 n’ont pas de mutuelle de santé, tandis qu’à l’hôpital de référence avoisinant, sur 6 000 patients accueillis chaque mois, 2 000 sont hospitalisés, dont 95 % sont membres de la mutuelle de Santé.

En plus des fonds publics et d’autres sources de financement mobilisées pour appuyer les mutuelles de santé, il y a aussi des subventions reçues de la part des employés des secteurs public et privé, des entreprises de télécommunications, des caisses d’assurance maladie, etc.

Selon le ministère de la Santé, 91 % des Rwandais sont membres de plusieurs systèmes d’assurances maladies, ce qui a permis une forte augmentation du nombre d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié, actuellement estimé à 94 % dans l’ensemble de la population rwandaise.

Grâce à cette forte adhésion aux mutuelles de santé, une large partie de la population a accès à des soins de santé appropriés. L’espérance de vie au Rwanda est de 67 ans, alors que le taux de fécondité des femmes est de 4,1 enfants, mais l’objectif est d’atteindre 2,3 enfants d’ici 2050.

La mortalité maternelle est de 203/100 000, avec un objectif de moins de 20/100 000 décès d’ici 2050.

Le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans, estimé jusqu’ici à 33/1 000, n’a jamais été aussi bas d’après les dernières estimations officielles, qui visent à ramener ce chiffre à 18/1 000 d’ici 2050, avec 33 % de l’objectif d’ici 2050.

Selon les statistiques officielles, 94 % des mères accouchent avec l’aide d’un médecin, et 64 % disposent de moyens de contraception.

La plupart des gouvernements en Afrique pourraient s’inspirer de ce modèle rwandais

« La plupart des gouvernements en Afrique pourraient s’inspirer de ce modèle rwandais et l’appliquer dans leurs pays respectifs », commente Dr. Laurent Musango, haut cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé.

L’accessibilité financière aux soins de santé et l’équité, tout en garantissant un accès équitable aux services de qualité à la population est au cœur de la politique de reconstruction du Rwanda. Depuis le génocide de 1994, les mutuelles de santé sont devenues l’une des options pour le pays, non seulement permettant à la population de se faire soigner à temps et en cas de besoin, mais aussi constituant une stratégie de lutte contre la pauvreté.