Réunis à Londres les 10 et 11 mars, près de 200 leaders politiques, économiques, actrices de la société civile et autres femmes d’influence originaires de l’ensemble du continent, ont signé un nouveau pacte « changing the game ».
« Si une fille veut aller sur la lune dites lui oui, tu peux le faire ! » Ces propos, signés de Jeanine Mabunda, représentante personnelle du chef de l’Etat congolais chargée des questions des violences sexuelles, résume l’état d’esprit qui a entouré la première édition du New African Woman Forum. L’évènement, qui s’est tenu les 10 et 11 mars, à l’Andaz Hotel de Londres, proposait à près de 200 leaders politiques, économiques, actrices de la société civile et autres femmes d’influence originaires de l’ensemble du continent, de réfléchir, ensemble, sur les possibilités de « changing the game », plus concrètement de répondre aux problèmes que rencontrent les femmes sur le continent. Et ils sont nombreux : accès à l’éducation, à l’emploi, aux financements, violences sexuelles, … Mais les panélistes_ Joyce Banda, ex-présidente du Malawi, Hannah Tetteh, Ministre des affaires étrangères du Ghana, Monica Geingos, première dame du Malawi, Tsitsi Masiyiwa, présidente de la fondation zimbabwéenne Higherlife, Mareme Mbaye Ndiaye, directrice général Ecobank, etc._ fortes de leur parcours et expériences, ont donné les arguments, et les solutions, pour changer la done.
« Ce sont nos filles, c’est notre avenir ! »
« Si j’ai accepté d’être là, c’est parce que pour tout le monde, it’s time for africa, mais, ajoute Jeanine Mabunda, seulement pour les hommes». Or, le décollage de l’Afrique ne pourra se faire sans les femmes qui représentant 52% de la population du continent. Et pour prendre l’exemple de la RD Congo, tristement connue sous le nom de capitale mondiale du viol, elle explique le combat qu’elle mène pour lutter contre l’impunité qui nourrit le phénomène. « Depuis deux ans et le début de ma mission, j’ai fait le tour du pays, et en particulier l’est de la RDC, et j’ai parlé aux gens. J’ai rencontré les commandements militaires, les populations, les victimes… » Résultat, des hommes ont été jugés et condamnés et les derniers rapports internationaux attestent de la réduction des violences sexuelles en RDC. Mais la guerre est loin d’être gagnée. « Ce sont nos filles, c’est notre avenir ! C’est essentielle pour les femmes, c’est essentielle pour la dignité du Congo, mais aussi pour l’Afrique parceque cela contribue également à maintenir l’image négative du continent. »
Changer la perception des femmes sur elles-mêmes et sur ce qu’elles peuvent faire
Changer l’image du continent, changer également la perception des femmes sur elles-mêmes et sur ce qu’elles peuvent faire. Le sujet a été évoqué par de nombreuses participantes. « On parle souvent des milliardaires et des succès story masculine mais non des femmes qui réussissent en Afrique » regrette l’une d’entre elle. C’est la mission qui incombe aux médias panafricains. « Ebola, Boka Haram, … nous avons besoin de raconter des histoires africaines » confirme Eloïne Barry, co-fondatrice et directrice de l’ African Media Agency, basé en Guinée. Des histoires comme celles racontées lors du forum. « Mon père m’a encouragé, confie Hannah Tetteh. Avec un tel père, j’ai eu la chance d’avoir accès à une bonne éducation. »
« En tant que femme africaine, je dois faire la différence ! »
Education, le fil rouge de tous les échanges. Un préalable à toute émancipation des femmes. Permettre à toutes les petites filles d’aller sur les bancs de l’école… et surtout d’arriver au terme de leur scolarisation et d’entamer ensuite des études supérieures. Comme le fait la fondation Higherlife, portée par Tsitsi Masiyiwa, qui a accompagné à ce jour 25 000 enfants, jusqu’à Yale pour certaines, et vise les 2 millions d’ici 2020 ! Mais si la femme continue d’être limitée dans son parcours par des freins culturels, l’effort est vain comme le souligne Mareme Mbaye, directrice générale chez Ecobank, évoquant son propre exemple. « J ‘ai grandi en Côte d’Ivoire et au Kenya, et aujourd’hui je suis basé au Rwanda, je suis une véritable panafricaine, explique en guise d’introduction avant de poursuivre, je suis dans la finance, je suis à la Banque, en tant que femme africaine je dois faire la différence ! Alors qu’on me disait, Mareme tu es une femme, tu es une femme musulmane, tu es une femme africaine, tu dois être réservée. Or, les opportunités ne viennent qu’une fois, il faut les saisir ! A la table des négociations, c’est toujours plus dure pour une femme que pour un homme. Il faut casser cette image ! »
Etre courageuse, audacieuse, persévérante, compétente… Autant de qualificatifs utilisés comme des mots d’ordre par nos New African Women. « Ce forum a une particularité qui fait son intérêt, indique Mireille Adotevi, CEO d’Ethnical Care, participante : les femmes qui s’expriment, qui sont des femmes leaders, tiennent des propos très francs, très concrets, parce qu’elles sont face à des femmes, elles n’auraient pas tenu les mêmes avec des hommes. » Ce qui était tout l’objectif de cet évènement dont les participantes attendent déjà la seconde édition. « Dans notre beau continent » a promis l’initiatrice de la rencontre, Leila Ben Hassen directrice générale d’IC Publication, groupe éditeur du magazine New African Woman. « Le thème de cette première édition a été aligné sur celui de la Journée internationale de la femme, « Planète 50-50 pour 2030 : Intensifier les efforts d’égalité de genre (Planet 50-50 by 2030 : step it up for gender equality). Nous pensons que c’est notre responsabilité de renforcer le rôle que nous avons, en tant que femmes africaines, d’accélérer les progrès de notre continent. »
A suivre donc… En attendant, la veille, lors d’un dinée de gala, des Trophées ont été remis à des femmes africaines qui excellent dans un domaine, Business, éducation, politique, sport… L’occasion de mettre en avant les compétences des femmes africaines.. et d’en appeler d’autres !
Les lauréates des Trophées New African Woman
Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine, a obtenu le Trophée de la Femme africaine dans le secteur de la politique/de l’administration 2016.
Le Trophée Femme africaine de l’année a été décerné à Geraldine Fraser-Moleketi, envoyée spéciale de la Banque africaine de développement pour les questions de genre.
Trophée Femme africaine de demain pour la jeune réalisatrice, et activiste, Zuriel Oduwole, 16 ans, pour sa lutte en faveur de l’éducation des filles en Afrique.
Trophée Femme africaine dans la société civile pour Ezekwesili, qui a organisé la campagne #Bringbackourgirls, qui a mobilisé l’opinion internationale sur l’enlèvement des filles de Chibok.
Le Trophée Femme africaine dans l’éducation est revenu à Wanjiru Kamau-Rutenberg, directrice du Programme African Women in Agricultural Research and Development, conçu pour renforcer les compétences et le leadership de femmes agronomes en Afrique subsaharienne afin d’améliorer les rendements agricoles.
Le Trophée Femme d’affaires africaine a été décerné à Olajumoke Adenowo, baptisée « Starchitech » par CNN, elle incarne l’architecture au Nigeria. Elle lutte pour l’égalité des sexes sur son émission radio intitulée « Voice of Change ».
Trophée Femme africaine dans les sciences, la technologie et l’innovation pour la plus jeune chef d’entreprise ghanéenne, Winnifred Selby, 20 ans, cofondatrice de Ghana Bamboo Bikes Initiative (qui produit entre 60 et 100 vélos par mois).
Trophée Femme africaine dans les finances et la banque, Arunma Oteh, ancienne directrice générale de la Commission boursière du Nigeria, elle a récemment été nommée vice-présidente et trésorière de la Banque mondiale.
Le Trophée Femme africaine dans les médias a été octroyé à Mo Abudu, première Africaine à avoir lancé une chaîne de télévision panafricaine. Après avoir créé son émission ‘Moments with Mo’, première du genre en Afrique, elle a lancé EbonyLifeTV.
Trophée Femme africaine dans le sport pour la coureuse de fond éthiopienne Almaz Ayana qui a battu le record du 5000 m en 14:14:32 lors du Championnat de Pékin 2015.
Le Trophée Femme africaine dans les arts et la culture 2016 est revenu à la réalisatrice primée aux BAFTA, Amma Asante. Cette Ghanéenne a réalisé la production britannique « Belle » qui a suscité un débat sur l’histoire de l’esclavage en Grande-Bretagne. Son prochain film dissèquera à nouveau la complexité des relations entre les races, en dépeignant le mariage controversé entre le premier Président du Botswana, Seretse Khama, et la Britannique Ruth Williams.