ArchivesParcours

Mzi Khumalo : le «Monsieur mine» du Zimbabwe

A la tête de Metallon Corporation, l’entrepreneur sud-africain Mzi Khumalo est devenu un symbole de la réussite sociale des leaders de la lutte contre l’apartheid. Rudy Casbi l’a rencontré.

Mzi Khumalo est un homme qui rêve les deux pieds sur terre, comme disait Lénine. Cet ancienne figure de la lutte contre l’apartheid qui a passé 12 ans derrière les barreaux en Afrique du sud est passé sans transition de la lutte anti-apartheid au business. «Dès que nous avions terminé notre lutte contre l’apartheid. J’ai dit à l’entourage de Nelson Mandela ‘ la politique pour moi, c’est fini. Place au business !». Et c’est en prison qu’il a commencé à mûrir son projet professionnel: «En détention, je trouvais toujours un moyen de m’informer en lisant des livres ou autres. J’ai profité de ces années pour m’abreuver. Je n’ai jamais cessé de le faire». Encore aujourd’hui, ce serial-entrepreneur issu d’une famille modeste en ressent le besoin: «Chaque jour, je commence à travailler à 11h. Je regarde les journaux TV sur l’économie sur Bloomberg TV. Puis je me couche vers 7 h après avoir regardé leur dernière édition. J’ai toujours besoin de m’informer tout au long de la journée. Je consulte bon nombre de sites internet spécialisés sur les mines ou sur l’économie». Mzi Khumalo est surtout un boulimique de travail: «Pour tout vous dire, c’est même durant la nuit que je suis le plus efficace dans la conception de stratégies d’entreprises!», tranche-t-il.

Metallon Corporation bientôt en RDC ?

C’est peut-être durant l’une de ses nuits qu’il a dû concocter son stratagème pour se positionner dans le secteur des mines en République Démocratique du Congo: «Nous sommes en discussions avec les autorités de la République Démocratique du Congo. Nous souhaitons dans un futur proche explorer les sols près de Bukavu dans la province de Maniema. Et j’ai été très surpris par l’écoute du président Kabila sur notre projet. Il est facile d’accès et très direct», avance Mzi Khumalo. En même temps, Kinshasa pourrait voir d’un bon œil l’arrivée de nouveaux investisseurs dans le secteur des mines qu’on dit en perdition. La Chambre nationale des mines avait indiqué que près de 3 000 emplois directs et 10 000 postes avaient été supprimés ces dernières années. Une crise qui se fait ressentir sur le terrain. «Nous allons au marché avec un sac fini. Un sac produit fait 150, 160 kg mais quand on va chez les Chinois: le sac ne fait plus que 60-70 kg! », nous a confié André Bilonga, un mineur opérant en RD Congo. Le secteur peine à retrouver des plumes malgré une croissance économique positive qui ne devrait pas dépasser les 7,3 % selon les prévisions du FMI.

Au Zimbabwe, malgré les crises

Les crises ne semblent pas avoir d’effets sur Mzi Khumalo. Au Zimbabwe, où il possède pas moins de 4 champs miniers, ses équipes – nous dit-on – travaillent d’arrache-pied pour protéger les investissements depuis le départ de Robert Mugabe du pouvoir: «Nous avons cinq sites sur place. Ces derniers temps, nous avons procédé à plusieurs restructurations. A Mazowe, nous l’avons agrandi. Nous pouvons désormais extraire 70 000 tonnes de minerais créant également 100 emplois directs». Mais derrière ces ambitions se cachent aussi parfois d’autres réalités.

L’entreprise a aussi connu quelques difficultés. Peut-être en raison des dépenses effectuées l’an passé pour 31 millions de dollars dont une partie pour la restructuration du site de Mazowe estimée à 18 millions de dollars. Selon des sources concordantes, Metallon Corporation aurait également connu des défauts de paiements l’an passé. Sur la mine de Mazowe, un site dont la production a rapporté au minimum 205 000 dollars brut l’an passé, plusieurs salariés ont fait savoir qu’ils n’avaient reçu que partiellement leurs salaires voire rien du tout quelques mois. De son côté, Mzi Khumalo s’en défend : «comme beaucoup de sociétés, nous passons par des moments difficiles. Mais aujourd’hui, je peux vous assurer que mes 4 000 salariés représentent mon plus grand bonheur professionnel.  Et aujourd’hui, tout se passe bien » conclue-t-il.

Les mines : un business juteux

Metallon Corporation a enregistré l’an dernier, un chiffre d’affaires brut de 60 millions de dollars selon leurs sources internes. Ce joli succès ne doit rien au hasard. Mzi Khumalo n’est pas seulement un travailleur hors-pair. C’est aussi un homme qui sait flairer les bons coups. Mais aujourd’hui, la concurrence se fait de plus en plus pressante. Elle porte un nom: la Toronto Listed Caledonia «Nous sommes très actifs dans le secteur des mines. Au Zimbabwe, nous exploitons des terrains d’une surface de 750 mètres de profondeur », nous explique son directeur Maurice Mazon. Les activités de cette société canadienne offriraient par ailleurs des avantages non négligeables pour les finances zimbabwéennes en panne de devise, selon Maurice Mason : « l’or extrait depuis les mines du Zimbabwe est vendu par la Réserve de la Banque centrale du Zimbabwe et nous percevons un pourcentage. De cette manière, ils peuvent convertir la manne de cette matière première en dollars. Chaque année, la Banque centrale du Zimbabwe enregistre un gain de 70 millions de dollars en devises étrangères grâce à cette matière première », affirme Maurice Mason. C’est un argument de poids pour une économie dont l’inflation a provoqué la disparition de sa monnaie locale, le dollar zimbabwéen. Face à cette réalité, le groupe Metallon n’a pas tardé à réagir. « Afin de faire face au mieux à la concurrence, nous avons décidé d’injecter près de 400 millions de dollars au Zimbabwe d’ici les cinq prochaines années pour tenter d’augmenter notre ratio d’extractions de minerais », nous explique Ken Mekani – représentant du groupe Metallon Corporation à Harare, capitale du Zimbabwe. Autant dire que Mzi Khumalo n’a pas encore fini de faire parler de lui au Zimbabwe.


 Crédit photo : metallon corporation – crédit DR

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page