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Michael Djimeli : “ Nous avons besoin de former des ingénieurs en Afrique, dès le plus jeune âge ! ”

Avec son entreprise, Kodji Robot, l'ingénieur camerounais, Michael Djimeli, accompagne les étudiants, souvent mal formés, pour finaliser leur maquette de fin d’études. Il comble ainsi leur manque de pratique. Installé en Tunisie, il a été élu meilleur entrepreneur migrant 2022 par l’incubateur Kufanya. 

Par Mérième Alaoui 

Tout petit, au Cameroun, Michael Djimeli se passionne pour la robotique. “Je regardais mon frère, lycéen en filière technique, construire un amplificateur de son. J’étais très attiré par l’électronique aussi, tout ce qui était téléguidé. Cela me fascinait et je voulais aller plus loin”. Et c’est ce qu’il a fait. Michael Djimeli, 29 ans, a vite trouvé sa voie. Il passe un baccalauréat électrotechnique et commence à travailler la nuit tout en étudiant. “Je réalisais des cartes, des panneaux, des enseignes lumineuses pour les pharmacies notamment. Ainsi, j’ai appris la programmation des composants qui permettent de fabriquer des objets automatiques.”

En 2018, il poursuit ses études en Tunisie et intègre l’Ecole supérieure privée d’ingénieurs de Monastir (Esprims). Bien installé au Maghreb, il décide de lancer sa propre entreprise de formation une fois diplômé. “Quand je suis entré en contact avec Kufanya, un incubateur d’entreprises dédié aux migrants, j’avais déjà lancé ma société et disposait même d’un local. Mais, grâce à leur formation, j’ai développé mon pitch et mieux travaillé mon business plan”. En Tunisie, son chiffre d’affaires atteint 25 000 dinars (7 847 euros) fin août 2022, avec trente étudiants à encadrer. 

“J’ai eu l’idée de mettre en contact les étudiants avec des formateurs compétents pour les assister car la pratique et l’expérience manquaient dans leur cursus”

Kodji Robot répond à un besoin très concret des étudiants ingénieurs : les aider pour la présentation de leur projet de fin d’études, soit une innovation robotisée à présenter au jury. “ J’ai eu l’idée de mettre en contact les étudiants avec des formateurs compétents pour les assister car la pratique et l’expérience manquaient dans leur cursus. Il leur fallait des soft skills, une méthodologie moderne” explique celui qui n’est pas tendre avec la pédagogie proposée aux ingénieurs dans la plupart des pays d’Afrique francophone. “L’accent est seulement mis sur la théorie, les calculs, les mathématiques… Ce n’est seulement qu’après deux années de classes préparatoires que la pratique intervient. Pour maintenir le niveau et l’attention, il faut construire le plus vite possible. ”

“ C’est différent au Nigéria, au Ghana, au Rwanda, et dans la majorité des pays anglophones. Ils sont davantage organisés en matière d’éducation, avec des gouvernements plus sérieux.  Il suffit de voir les projets de fin d’études des étudiants sud-africains par exemple, pour s’en rendre compte. ” 

“Pour construire des machines, imaginer, créer et répondre à des besoins concrets, le continent africain a besoin d’ingénieurs formés. Nous devons pouvoir créer et produire, sur le continent, ce que l’on importe”

Passer à la pratique plus tôt ? Et pourquoi pas dès l’enfance ? C’est l’autre volet de son entreprise : former des enfants, dès cinq ans, à la robotique. “ Il faut commencer dès le plus jeune âge, avant l’adolescence. Ensuite, le jeune a d’autres préoccupations. C’est plus difficile de l’intéresser. J’accompagne, par exemple, depuis longtemps, un garçon de 14 ans. Aujourd’hui, il est très doué. Je pense que, d’ici deux ans, son niveau lui permettra d’intégrer une entreprise ! ” soutient-il. Les enfants dont l’imagination est sans limite peuvent, tout à fait, selon Michael, monter un projet, le poser en 3D, et apprendre à le construire. Pour eux, il s’agit d’un jeu. 

L’Afrique manque cruellement d’ingénieurs. C’est pourquoi le projet de réforme et d’accompagnement de formations, proposé par Michael, a eu l’attention du jury de Kufanya. “Pour construire des machines, imaginer, créer et répondre à des besoins concrets, le continent africain a besoin d’ingénieurs formés. Nous devons pouvoir créer et produire, sur le continent, ce que l’on importe.” 

Désolé d’avoir vu sa demande de renouvellement de carte de séjour refusée par les autorités tunisiennes, l’entrepreneur camerounais vient de saisir une occasion de développer son ingénierie aux États-Unis, pays très friand des clubs de robotique pour enfants. “J’ai tout de même maintenu mon entreprise en Tunisie. Et je souhaite y revenir dès que possible pour la développer en Afrique, en particulier dans mon pays natal, le Cameroun”. 

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