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RCA: Un nouveau plan budgétaire

La République centrafricaine (RCA) a connu une guerre civile en 2013 lorsque les rebelles Seleka ont pris le pouvoir, renversant le président François Bozize et causant le déclin d’une économie nationale déjà fragile. Cependant, en novembre 2016, la RCA a été au cœur d’une conférence des donateurs à Bruxelles, laquelle a abouti à la mise en place d’un plan budgétaire quinquennal de relance estimé à 3,1 milliards de dollars.

L’Assemblée nationale de la RCA a approuvé un projet de loi de finances qui prévoit d’importants investissements dans le pays en 2017, car le gouvernement estime qu’un retour progressif à la paix va booster le développement, en dépit des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants encore déplacés à cause des violences.

Ancien Premier ministre réputé, Martin Ziguélé est un politicien et économiste centrafricain très respecté. Il a indiqué que, depuis qu’il est devenu Président de la Commission des Finances, de l’économie et de la planification à l’Assemblée nationale de la RCA, il a pu encourager publiquement ses collègues parlementaires à voter le budget de 2017. Il estime que ce budget est crédible, bien que certains points doivent encore être améliorés.

« Le budget 2017 prévoit de booster l’économie à travers une relance forte: lancement de l’agriculture et des produits d’exportation tels que le coton et le café, et la réhabilitation des routes et des infrastructures de transport. Le budget connaît une hausse de 27,88% des revenus intérieurs par rapport à l’année dernière, soit 137 milliards de francs CFA en 2017 contre 105 milliards en 2016, » a indiqué Ziguélé.

Ce plan est très important pour le pays

Muhammad Zakaria, économiste et chercheur principal en zone CEMAC, estime que la revitalisation économique ne peut se faire que si l’on renforce les capacités de la production nationale et du secteur productif de l’économie. De plus, il faudra à tout prix encourager la libre circulation des personnes et des capitaux. Malheureusement, le gouvernement de Bangui n’arrive toujours pas à concilier ses différents objectifs.

« Il pourrait y avoir un effet positif sur la revitalisation de l’économie à court terme, cependant, le nouveau plan est perçu comme un dilemme économique à long terme, avec des enjeux différents » indique Zakaria.

Selon M. Ziguélé, le plan de relance est très important pour le pays, c’est une question de vie ou de mort pour la RCA. « Je veux juste vous rappeler les chiffres de notre PIB au cours des quatre dernières années pendant la crise: -36,7% en 2013, 1% en 2014, 4,8% en 2015, et + 5,7% en 2016. Et la croissance du PIB 2017 devrait être de 4,8% au moins cette année. »

Des capacités pour stimuler l’économie

  1. Ziguélé pense que les ministres actuels de l’économie et des finances sont bien conscients des défis économiques à relever dans le monde, car ils ont l’expérience nécessaire pour stimuler l’économie. Mais pour autant que tout le monde le sache, il y a des problèmes internes, notamment l’insécurité, qui a une forte influence sur la tendance de la reprise économique et financière.

Zakaria semble être au fait des problèmes de la RCA sur le terrain; Il a indiqué que l’absence du contrôle gouvernemental a suscité l’émergence de nombreux groupes monopolistiques qui ont pris le contrôle de la circulation des marchandises, ce qui a horriblement causé la hausse des prix, des biens et des services.

« Les aides et subventions étrangères ne seront utiles qu’avec le renforcement des capacités de la production locale » a indiqué Zakaria – qui étaye son propos en prenant «  pour preuve, l’échec de la mise en œuvre des aides d’un montant de 43,4 milliards de francs CFA pourtant allouées au pays en 2015 par le Trésor français » en l’absence d’une réelle stratégie à l’époque.

“Le budget a été bien planifié”

  1. Ziguélé a expliqué que ce budget a été bien planifié pour résoudre les problèmes administratifs, sociaux et sécuritaires. Mais bien évidemment, il ne peut résoudre tous les problèmes cette année car le déficit budgétaire est de 2,9% du PIB, bien en deçà des 3% tel que défini par le FMI. Il rappelle que le pays fait partie du Programme FEC avec le FMI depuis 2016.

Onze pour cent du budget ont été alloués au ministère de la défense, pour un total de 27 milliards de francs CFA pour payer les salaires des forces de sécurité.

« Sur les 237 milliards de francs CFA, le budget est réparti comme suit: 145 milliards (soit 61, 2%) pour les dépenses intérieures, 72 milliards (soit 30, 37%) pour l’investissement et 19 milliards (soit 8%) pour le paiement de la dette » a détaillé Ziguélé.

Des actions supplémentaires nécessaire

Mr Ziguélé a affirmé que même si le soutien des donateurs demeure une bonne solution en raison des urgences que connaît le pays, il ne peut toutefois pas être suffisant car le déclin de l’économie est enraciné depuis les années 1990. La nécessité d’une reprise totale est évaluée à environ 20 000 milliards de francs CFA pour les cinq prochaines années, ce qui est totalement impossible à obtenir aujourd’hui. « Nous devons donc prendre également des mesures internes drastiques pour accroître le revenu fiscal national » a souligné M. Zigué


 

Auteur: Idriss Zackaria Idriss // Photo: Martin Ziguélé – Muhammad Zakaria © Idriss Zackaria Idriss

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