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L’UA veut relever le défi du financement des infrastructures

Les besoins en financement des infrastructures sont immenses en Afrique, malgré un rythme soutenu de croissance depuis quelques décennies. Désormais, plusieurs approches sont à l’étude afin de mobiliser les financements à travers une nouvelle orientation du Plan d’action prioritaire du programme de développement des infrastructures en Afrique (PAP/PIDA) de l’Union africaine.

 Placée sous le thème « financement de l’infrastructure en Afrique », la rencontre de Lomé, du 13 au 17 mars dernier, conduite par le Comité technique spécialisé (CTS) de l’Union africaine (UA) sur « le transport, les infrastructures transcontinentales, interrégionales, l’énergie et le tourisme », a servi de cadre pour évaluer les progrès accomplis dans le financement des projets à mettre en en œuvre pour l’Agenda 2063. Elle a aussi permis d’analyser les défis et les moyens de renforcer les capacités aux plans national et régional, pour encourager la participation des institutions financières au développement du continent et favoriser son indépendance financière.

Une Afrique autonome à l’horizon 2063 

Pour les différents participants, le principe « des trois P : partenariat public-privé  » a été retenu comme un moyen pour faire décoller l’économie du continent à travers l’amélioration des infrastructures. « La question du financement de nos infrastructures demeure une préoccupation majeure  pour notre continent qui veut à l’horizon 2063 une Afrique unie, prospère et autonome. Dans cette optique, il faudra accroitre les investissements dans la construction des infrastructures durables et améliorer les partenariats public-privé en Afrique afin de pouvoir relever les grands défis auxquels le continent est confronté », a expliqué Robert Dussey, ministre des Affaires Etrangères et de l’Intégration Africaine du Togo.

En effet, les instituions éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver des financements spécifiques pour les infrastructures tant sur les marchés régionaux ou internationaux. Face à ce constat, il s’avère nécessaire de renforcer les capacités des institutions publiques afin d’être aptes à négocier d’égal à égal avec les investisseurs privés pour un partenariat gagnant-gagnant. « Pour travailler avec le secteur privé, il a falloir renforcer les capacités de nos institutions, c’est-à-dire de nos services administratifs et des ministères pour être aptes à participer à la mise en œuvre de ces infrastructures. Car, le partenaire privé ne vient pas pour nos beaux yeux – mais il vient pour chercher de l’argent. Donc nous devront être aguerris pour pouvoir discuter d’égal à égal avec lui », a souligné M. Jean Claude Afonzack, responsable en charge du secteur des transports de la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

Redéfinir de nouveaux curricula 

Pour véritablement mettre en œuvre la vision 2063 de l’Union Africaine, des mécanismes de financements innovants ont été évoqués. Ce qui pourra permettre aux Etats africains de créer aussi des emplois. Mais avant d’en arriver là, les participants sont unanimes sur le besoin de redéfinir de nouveaux curricula. « On a des ressources pour financer le développement des infrastructures mais on ne dégage pas les financements additionnels ou intégrés pour justement prendre en charge la question de l’employabilité des personnes qui vont travailler dans les nouveaux métiers qui seront générés par ces infrastructures », regrette Jean Claude Kouamé, ministre ivoirien de l’Emploi et de la Protection sociale, également économiste spécialisé dans le transport maritime et transit.

« En même temps que le secteur privé construit les infrastructures, il doit s’investir davantage dans le financement de ce qui peut garantir d’abord la réalisation de ces infrastructures par les pays bénéficiaires  et également l’entretien de ces infrastructures par les citoyens. Malheureusement, nous pensons que les formations qui sont faites actuellement ne sont pas adaptées aux besoins du marché des infrastructures. »

Promouvoir les financements fonciers 

Les PME/PMI doivent aussi jouer un rôle dans le financement des infrastructures. Partis du constat que les Africains disposent des terres, les panélistes ont souhaité que les Etats se penchent désormais sur l’établissement des titres fonciers afin de valoriser des ressources de financement projets. « Il urge de faciliter les procédures pour l’attribution des titres fonciers dans nos Etats en Afrique. Car, un opérateur économique du secteur des BTP peut utiliser ces vastes domaines comme une hypothèque auprès des institutions de financement » défend Honyiglo Pascal, opérateur économique béninois.

Des recommandations ont ainsi été faites en ce sens, afin d’inscrire la problématique du financement aux travaux du prochain sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union africaine. Car la mauvaise qualité des infrastructures en matière d’alimentation électrique, d’eau, de routes et des TIC coûte à chacun des pays africains deux points de croissance chaque année et réduit la productivité de 40%.

Pour rappel : le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique  estime les besoins de financements des infrastructures prioritaires sur la période 2012-2020 à 68 milliards de dollars.


 Auteur : Blamé Ekoué // Photos : Premier Ministre du Togo, lors de la table ronde d’ouverture de l’UA © Blamé Ekoué

 

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