Le réveil difficile du web algérien
Le déploiement de la 3G et le lancement récent de la 4G booste le web algérien. Même si les internautes se plaignent de la lenteur du débit et des prix élevés de l’internet, le nombre d’utilisateurs ne cesse de croître, et les contenus locaux émergent malgré un environnement difficile.
Avec 16 millions d’abonnés 3G et deux millions d’utilisateurs potentiels de la 4G, les développeurs de contenus web ont de quoi faire. Ces dernières années, les sites internet et les applications « Made in DZ » se sont multipliés sur la toile algérienne. Avec plus ou moins de succès d’ailleurs. Si bon nombre de ces plateformes apparaissent puis disparaissent au gré des tendances, certaines sont bien parties pour rester. Elles répondent à un besoin réel qui s’adapte à la culture locale.
S’adapter au marché algérien
Dans certains cas, ces sites se placent même sur un marché quasi-vierge, à l’image de Freehali, une plateforme lancée ce mois et qui met en contact les freelancers algériens ou encore Mawiid qui propose un « concept inédit de rencontres entre célibataires». Le site web, lancé en novembre 2015 a dépassé les 700 références, explique sa fondatrice, Mounira Benhalima.
« Nous avons tenu à nous adapter aux conditions et à la tradition algérienne », ajoute-t-elle. Pour éviter les mauvaises rencontres, le site s’implique directement dans le processus de sélection des candidates en procédant à un entretien privé avec chacun des sélectionnés avant le fameux rendez-vous des célibataires dans l’un des cafés ou restaurants partenaires. « Le gens surfent beaucoup via leur smartphone. On a eu énormément d’inscriptions par téléphone. D’ailleurs on a tenu à ce que notre site soit adapté aux tablettes et aux mobiles », ajoute la jeune femme qui travaille avec deux autres salariés.
Pour ce qui est de l’e-administration et des services proposés aux citoyens, ils sont encore minimes et peu médiatisés alors les initiatives privées prennent le relais. On pense ainsi à Sahti.Dz, devenu le premier site d’information de santé en Algérie. Cette plateforme propose un annuaire permettant de trouver rapidement un praticien et fait partie des initiatives récompensées en décembre 2016 lors de la 4ème édition des Algeria Web Awards. Durant le concours, 32 lauréats ont été choisis parmi 1085 projets présentés : 600 sites web, 300 médias sociaux et 100 applications mobiles.
Peut-on parler d’économie numérique ?
« Si on observe les chiffres, le nombre de site internet – toute catégories confondues – est très limité. Sur les 600 000 entreprises, cela m’étonnerait qu’on dépasse les 5% ayant un site web », répond Younes Grar, consultant en TIC. Ce qui explique le retard de l’Algérie dans les rapports élaborés par les organismes internationaux, notamment celui de l’Union internationale des télécommunications, où elle était classé 103ème en 2016. Même si le pays a gagné six places par rapport à 2015, beaucoup de choses restent à faire, estime l’expert.
« Il y a un manque de coopération et de prise en charge réelle des administrations, ce qui pousse le privé à tenter sa chance. Mais il y a peu de suivis, les initiateurs de projet doivent se débrouiller tout seul. Donc beaucoup n’aboutissent pas », regrette Younes Grar.
Pourtant un fonds, créé il y a une dizaine d’années et doté initialement de 5 milliards de dinars, existe au sein du Ministère de la Poste et des TIC, poursuit le consultant, reste que celui-ci « n’a pas été exploité pour différentes raisons ». Au-delà du manque de financement, l’écosystème algérien est toujours marqué par la non-généralisation du paiement électronique et des textes juridiques qui « ne sont pas encore adaptés », conclut Younes Grar.