Kenya « Nous sommes toujours le Hub! »
Pour l’équipe aux commandes, le président Uhuru Kenyatta (56 ans) et sa golden boy, le cap est maintenu. Plus rien ne doit ralentir la machine jusqu’à 2030, date à laquelle le pays doit atteindre l’émergence.
Reportage à Nairobi, Par Dounia Ben Mohamed
« Nous sommes toujours le hub ». Kiprono Kittony, président de la Chambre de commerce et d’industrie kenyane, personnalité influente sur la scène locale, accessoirement millionnaire, est formel : « Nous sommes toujours le hub! » Et de s’expliquer : « Nous devions atteindre les 7% mais notre croissance a été ralentie en raison des récents événements liés aux élections qui ont été plus longues que prévues, même si elle reste forte, supérieur à 5%. Nous avions un challenge à relever. Il en ressort que le Kenya est une réelle démocratie et il se démarque ainsi des autres pays africains. »
La sécheresse mais surtout l’épisode électoral qui s’est traduit par trois mois de crises socio-politiques n’ont pas été, en effet, sans impact sur l’économie kenyane. Mais, même si l’opposition maintient la pression, pour le chef de l’Etat et les autorités en place, sur la table du gouvernement comme sur la scène privé, l’heure est à la reprise. Pour preuve, la ligne ferroviaire Nairobi-Mombassa, opérationnelle depuis juin dernier, connait un succès tel qu’il faut s’y prendre trois jours à l’avance pour espérer acheter des billets. En ligne, via M Pesa, l’application de paiement mobile qui continue son expansion locale et régionale à travers la diversification de ses services. Konza Technology City, future cité numérique, est sortie de terre. En partie. Technopolis, un bâtiment construit en son coeur, entièrement dirigé par les Tics et vert, se veut être la vitrine de se projet destiné à confirmer le positionnement du pays comme hub numérique régional.
» Le Kenya reste un passage obligé pour développer des activités d’exportation ou importation au Burundi ou en Ouganda, »
Mais s’il faudra pour cela attendre que les investisseurs y prennent place, d’autres secteurs connaissent un regain d’attractivité. L’automobile notamment. Après Volkswagen, c’est Peugeot qui s’implante, à travers une unité d’assemblage. De quoi porter la capacité du parc automobile kényan à 5 millions de véhicules en 2030, avec en plus de Volkswagen et Peugeot, Isuzu, Toyota, Nissan, Mitsubishi… Ce qui répond aux nouvelles ambitions industrielles du chef de l’Etat. “L’industrie kényane est en mouvement » s’est ainsi réjoui le président Kenyatta assurant que son pays est en passe de consolider sa position de moteur économique de l’Afrique de l’Est.
De fait, les affaires semblent avoir repris. « Le Kenya reste un passage obligé pour développer des activités d’exportations ou importations au Burundi ou en Ouganda, souligne Vimal Shah, CEO de Bidco Africa autre millionnaire et figure du patronat kenyan, avant d’admettre: L’année 2017 n’a pas été bonne en raison des élections mais ça reprend. Les élections sont passées. Maintenant, il faut se tourner vers les cinq prochaines années et faire en sorte que le Kenya devienne plus fort. »
Dans le top 5 du Doing Business 2018
Et il continue, à cet effet, à renforcer son attractivité. Après être devenu le second pays d’Afrique en matière d’IDE après l’Afrique du Sud avec près de 2 milliards de dollars d’IDE en 2016 contre 390 millions de dollars en 2013, selon les données de l’Autorité kenyane des investissements (KenInvest), désormais, les autorités visent les 3 milliards d’IDE en 2018. Jusque-là freiné par la corruption, quasi généralisé, le Kenya a progressé dans le classement Doing Business et a réussi à se classer dans le top 5 du classement 2018 de la Banque Mondial, pour les réformes menées entre 2016 et 2017 en matière d’amélioration du climat des affaires.
« Le temps de la politique est terminé. Il est désormais temps de parler développement »
Et si l’opposition maintient la pression_Raila Odinga (73 ans), le challenger de Kenyatta pour le scrutin d’août dernier, invalidé par la cour constitutionnelle et réorganisé en novembre dernier, ne s’avoue pas vaincu pour autant et organisait le 30 janvier dernier, à Nairobi son investiture en tant que « président du peuple »_, pour Kenyatta, « le temps de la politique est terminé. Il est désormais temps de parler développement. Le dialogue par lequel nous sommes aujourd’hui intéressé, c’est le dialogue pour transformer des vies et apporter le développement”. Avec, parmi ses promesses électorales, des logements à prix abordables et la mise en place d’un système de santé universel.