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Cart’Afrik Gambie, redécouverte de la « Côte souriante d’Afrique »

Durant la crise politique qu’a récemment connue la Gambie, le tourisme, pilier de l’économie gambienne, a subi un recul sans précédent. Avec des pertes financières considérables, estimées à hauteur de 200 millions de dollars, il semble urgent que la « Côte souriante d’Afrique » puisse retrouver l’affection des touristes.

 

Victime de sa popularité en qualité de destination, la Gambie dépend intrinsèquement de son tourisme pour faire tourner son économie. Le secteur reste l’une des principales sources d’emploi et pourvoyeur de liquidités. Mais l’impasse politique causée par l’ancien dictateur du pays – Yahya Jammeh qui refusait de quitter le pouvoir après sa défaite électorale – a frappé le secteur. Alors que des milliers de réservations ont été annulées, que les vols vers la Gambie de décembre 2016 ont été suspendus par les agences de voyage, et que les habitués ont préféré différer leur séjour, tous espéraient une sortie de crise pacifique, pour l’ex dirigeant Jammeh, mais surtout, pour la vitalité du secteur.

Perte de plus de 200 millions de dollars américains

Pendant l’impasse, le taux d’occupation des touristes, dans tous les hôtels de la Gambie est passé de 95% à 0%. Aujourd’hui, les hôtels ont retrouvé entre 20 et 25% d’occupation, c’est qui est encore loin des taux nécessaires. Le secteur hôtelier a donc subi une perte de revenus de plus de 200 millions de dollars pour environ 30 à 35% des revenus.

Pour aider à la reprise, l’un des principaux opérateurs économiques du secteur, The Gambian Experience, a repris ses vols touristiques vers la destination Gambie, avec des vols charters qui affichent de nouveau complet, depuis Gatwick en Angleterre.

Selon le Directeur Général de l’Agence publique de tourisme, Abdoulie Hydara, « la Gambie est en effet la Côte souriante de l’Afrique, comme cela a été démontré lors de l’impasse politique puisqu’il n y a pas eu de victime… Nous sommes très heureux de constater la redynamisation touristique avec la première arrivée des vols de The Gambian Experience, marquant ainsi la reprise du tourisme dans le pays après l’impasse politique », a-t-il ajouté.

« Le tourisme est la principale source de revenus du pays »

Pour sa part, Hassoum Ceesay, conservateur du Musée national de Gambie, souvent visité par les touristes, estime que l’impasse a donné un coup trop dur au secteur. « Le nombre de visiteurs de notre musée a diminué de moitié et cela s’est produit à un moment où nous étions censés être au sommet de la saison », a-t-il déclaré. « Nous dépendons beaucoup des visites des touristes pour ce qui est du patrimoine, car les populations locales ne visitent rien. Lorsque les touristes ne viennent pas, nous en souffrons. Ce sont seuls les revenus issus de l’activité touristique qui nous permettent d’entretenir les sites de patrimoine et le musée. »

Pour l’économiste et enseignant à l’Université de Gambie, Dr Matarr Njie, si les investisseurs n’aiment pas l’incertitude, il en est de même pour les touristes – ils ne vont pas là où il y a des problèmes. « Tout ce qui détruit le secteur du tourisme détruit également l’économie gambienne. Nous ne devrions pas plaisanter avec ce secteur important, c’est notre principale source de revenus. »

Déplorant l’impact négatif de l’impasse politique sur la chaîne d’approvisionnement du pays, et sur les variables macro et micro économiques pour la Gambie, l’économiste tire la sonnette d’alarme : « Nous avons beaucoup perdu. L’ancien président Jammeh devrait être ramené au pays et jugé pour des crimes économiques. L’Afrique doit apprendre à résoudre pacifiquement les problèmes politiques si nous voulons attirer – et conserver – les touristes. »


 

Auteur: Momodou L JAITEH // Photo: Banjul © DR

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