La crise mondiale, née de la chute du prix du baril, a touché sévèrement le Gabon, l’un des principaux pays pétroliers du Golfe de Guinée. Alors que le groupe Shell annonce son retrait définitif, le pays s’adapte tant bien que mal à la nouvelle donne économique planétaire.
Chute des recettes pétrolières
Quand le marché pétrolier mondial est en crise, toute l’économie gabonaise va mal. « Les ressources budgétaires de l’Etat pour 2017 sont évaluées à 2.477,5 milliards de FCFA (3,77 milliards d’euros) contre 2.626 dans la loi de Finances 2016, soit une baisse de 145,5 milliards (95,7 millions d’euros) », selon le projet de budget adopté en Conseil des ministres. Cela n’est un secret pour personne : cette baisse des ressources publiques est tributaire de la chute des recettes pétrolières du pays.
« Les recettes pétrolières seraient en baisse de 122,1 milliards FCFA par rapport à la loi de Finances 2016, reflétant le recul de la production pétrolière en volume, malgré une légère remontée des prix sur le marché international », selon des sources gouvernementales. Dans une récente communication le nouveau Premier Ministre, Emmanuel Issoze Ngondet faisait savoir également que les recettes pétrolières du Gabon sont passées de 1500 milliards à 400 milliards FCFA entre 2012 et 2016, soit une baisse de 1100 milliards.
Un marché du travail très tendu
L’impact négatif de la crise n’a pas épargné le marché de l’emploi au Gabon, notamment dans les sociétés pétrolières, particulièrement à Port-Gentil, la capitale économique du pays, où l’essentiel des emplois sont liés à l’activité du secteur. Selon le secrétaire général adjoint de l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP), Sylvain Mayabi Binet : « à ce jour, on enregistre plus de 1 500 emplois précarisés. C’est une réalité que beaucoup de familles vivent difficilement. En termes de licenciements économiques, nous avons déjà enregistré près de 800 employés ayant perdu leurs emplois suite à la crise pétrolière… En termes de congés techniques, nous avons déjà enregistré près de 400 travailleurs mis sur la touche. Concernant les départs négociés, il y a quelques entreprises qui essaient de privilégier cette séparation à l’amiable, qui garantit aux travailleurs de meilleurs avantages sociaux. 300 employeurs sont ainsi concernés par ces mesures. »
Robert Services, une société de services pétroliers a annoncé en 2016 un licenciement de près de 400 agents pour motif économique. Toutes les compagnies pétrolières, entre autres Total, Maurel&Prom, Perenco et Schlumberger ont réduit de manière drastique leurs effectifs. La presse locale fait état de plus de 3000 emplois au total perdus dans le secteur pétrolier en 2016. Après 56 ans de service dans le pays, le groupe anglo-néerlandais Shell a décidé de quitter définitivement le Gabon en cédant sa filiale locale à l’américain Carlyle, une société de gestion d’actifs mondiaux fondée il y a trente ans.
Recruter et former localement
Face à la crise pétrolière qui secoue le pays, le gouvernement prend des mesures pour résister, mais aussi pour assainir ce secteur vital de l’économie. Parmi ces mesures on peut citer l’audit en profondeur du secteur pétrolier et le renforcement des contrôles, la création d’une Société nationale des hydrocarbures, Gabon Oil Company et la mise en place d’un nouveau code pétrolier. Le nouveau code a aussi permis de bâtir un cadre juridique clair et attractif pour relancer les investissements et l’exploration pétrolière.
Par ailleurs, des dispositions de la loi incitent désormais à favoriser le recrutement de Gabonais dans les contrats avec les sous-traitants. Pour renforcer les capacités et les opportunités de la main d’œuvre nationale dans la filière pétrolière et combler l’insuffisance de compétences locales, l’Etat a créé l’Institut du pétrole et du gaz (IPG) à Port-Gentil. Les résultats de ces très récentes initiatives sont pour l’heure encore impalpables.