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Fabrice Le Saché coordinateur de l’index : « Être représentatif de la diversité de l’investissement français en Afrique »

Le MEDEF international s’est associé à UP Afrique pour créer l’index UP40. Cette action a pour objectif de réunir les 40 meilleures start-up françaises opérant en Afrique. L’index UP40 permettra non seulement de mettre en valeur les 40 sociétés françaises les plus innovantes en Afrique mais aussi d’assurer une meilleure coordination des jeunes entrepreneurs français.

Entretien avec Fabrice Le Saché, coordinateur de l’index UP40 et co-fondateur d’Aera Group.

 

Réunir les 40 meilleures start-ups françaises opérant en Afrique, un défi majeur, n’est-ce-pas ? Pouvez-vous nous parler de votre projet ?

Le réseau Up Afrique est né de l’initiative de dix entrepreneurs français actifs sur le continent africain. Nous avons décidé de nous unir avec pour objectif de dynamiser nos échanges avec le continent. Comme vous le savez, l’Afrique est l’une des seules zones où notre balance commerciale est excédentaire, soit 5,4 milliards d’euros en 2015, mais également un ensemble au sein duquel nos parts de marché régressent continuellement alors même que la croissance, dans un certain nombre de pays africains, se situe entre 5% et 10% par an. Nous sommes convaincus que pour retrouver une force commerciale, nous devons proposer des produits et services à forte valeur ajoutée en préemptant de façon proactive des sujets qui sont utiles et qui intéressent nos contreparties. Nous en avons identifié trois : l’entrepreneuriat pour absorber les flux de jeunes actifs ; le changement climatique pour répondre aux défis du stress hydrique, de la transition énergétique, de la ville durable, de l’agriculture raisonnée et de la déforestation ; et le numérique pour stimuler l’innovation et les mutations économiques, l’Afrique étant le continent du paiement mobile.

 

Quel est le rôle de MEDEF International et d’UP40 ?

Le MEDEF International est le 1er réseau d’entreprises françaises actives à l’international. Il représente le MEDEF dans le monde et réunit les entreprises françaises de toute taille et de tout secteur qui veulent se développer fortement à l’international. C’est crucial pour le succès de nos entreprises et la croissance de notre pays. La réussite à l’international est source de créations d’emplois en France.

L’Afrique est au cœur des activités du MEDEF International. Le continent représente plus de 40% de ses activités et le comité Afrique rassemble près de 6.000 dirigeants d’entreprises françaises, grands groupes, ETI, PME, TPE, qui travaillent et investissent dans l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne.

L’index UP40 est une initiative innovante qui vise à identifier, sélectionner et intégrer au sein du MEDEF International et du Comité Afrique les 40 start-ups françaises les plus dynamiques sur le continent africain jusqu’à 10 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. La création d’un index permettra de suivre différents indicateurs, d’une année sur l’autre, et donc de faire émerger des données agrégées : chiffres d’affaires, nombre de salariés, montants investis, fonds levés, pays couverts… l’index UP40 sera dynamique et évolutif. Il reflétera la performance de notre tissu entrepreneurial en Afrique.

 

Pourquoi avoir voulu réunir les 40 meilleures start-ups françaises en Afrique ?

Nous avons souhaité réunir 40 meilleures start-ups françaises afin de mettre en avant la qualité de l’innovation et de projection de ces jeunes entreprises sur un continent en forte croissance ! Nos start-ups pourront également accélérer leur développement en bénéficiant d’une mise en relation avec des décideurs publics et privés français ou africains de haut niveau et en disposant d’un accès direct auprès des grands groupes ou PME déjà adhérentes à MEDEF International, ces derniers accédant en retour à un vivier d’innovations. Fédérer les entrepreneurs est également un moyen de défendre un certain nombre de propositions à destination des autorités africaines et françaises pour améliorer l’écosystème des start-ups en Afrique sur les thématiques du financement ou du droit par exemple. Enfin UP40, c’est bien évidemment un clin d’œil au Cac40 afin de rappeler que les actions de MEDEF International s’adressent à tout type d’entreprise.

 

Dans quels domaines travaillent les entreprises que vous allez devoir évaluer ?

Notre objectif est de réunir des entreprises dans l’ensemble des secteurs afin d’être représentatif de la diversité de l’investissement français en Afrique. Les premières start-ups membres sont actives dans le domaine des énergies renouvelables, de la finance carbone ou du numérique. D’autres frappent à la porte dans le secteur de la santé, des infrastructures minières, des services…

 

Votre projet permettrait-elle également d’accroître l’économie locale, en créant des emplois ?

Les entreprises membres d’UP40 seront sélectionnées selon un certain nombre de critères. L’un de ces critères est leur engagement à être un acteur du développement local en créant de l’emploi, en formant localement, en partageant leur savoir-faire… Plusieurs projets portés par nos start-ups sont vecteurs de création d’emplois en République Démocratique du Congo, au Sénégal ou au Cameroun ! A l’avenir, notre souhait est de voir ce mouvement s’amplifier pour participer à la diversification économique de chaque pays dans lesquels nous opérons.

 

Vous allez organiser un colloque consacré à la lutte contre le changement climatique lors de la COP22, les entreprises françaises qui seront sélectionnées ont-elles des valeurs similaires ?

Comme je l’indiquais préalablement, la lutte contre le changement climatique fait partie de l’ADN d’Up Afrique. Toutes nos start-ups intègrent cette composante. Si vous observez attentivement, vous constaterez que la plupart d’entre elles ont un modèle économique lié : finance carbone, transition énergétique, éclairage public intelligent…Je suis toujours étonné de constater la similitude d’approche des entrepreneurs de notre génération sur ce sujet. Tous ont pris en compte cette question du changement climatique dans la définition même de leur activité. C’est d’ailleurs une très grande force pour nos start-ups et l’un des facteurs qui expliquent leur croissance sur le continent. Le contexte est favorable. La COP22, organisée au Maroc, sera la « COP des solutions » comme le souligne régulièrement Mme Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM et homologue marocain du MEDEF International. Nos start-ups démontreront leur capacité à proposer des solutions et à créer de la valeur pour leurs contreparties africaines.

 

Parlez-nous d’Aera Group

Aera Group est leader de la finance carbone sur le continent. La finance carbone est l’un des outils dont s’est dotée la communauté internationale pour lutter contre le réchauffement planétaire. Il s’agit d’associer un prix à la tonne de carbone tout en permettant aux Etats et aux entreprises d’échanger des tonnes de CO2 afin que ceux qui entreprennent les efforts les plus importants pour réduire les émissions soient récompensés financièrement. Il s’agit aussi d’assurer une certaine souplesse aux opérateurs qui éprouvent le plus de difficultés. La finance carbone a connu une application concrète en Afrique via le Mécanisme de Développement Propre (MDP) : si votre projet évite l’émission d’1 tonne de CO2 dans l’atmosphère, vous avez droit à 1 crédit carbone. Ces crédits peuvent être revendus et constituent donc des revenus complémentaires pour les projets d’énergies renouvelables, de traitement des déchets ou d’efficacité énergétique, par exemple.

 

Notre métier s’articule autour de deux axes : la certification de projets et la monétisation des crédits carbone qui en résulte. La première étape consiste à accompagner nos clients tout au long de la procédure de certification de leurs projets. Nous rédigeons les dossiers, ce qui comprend par exemple le calcul des réductions d’émissions, et nous coordonnons les audits et interactions avec l’ONU qui supervise le système, enregistre les projets et délivre les crédits carbones. Notre expertise a été particulièrement aiguisée par le terrain puisque notre équipe a enregistré le record de projets crédits carbone africains auprès du Conseil Exécutif onusien en charge de ces questions (CNUCCC). Notre portefeuille est aujourd’hui le plus important du continent avec plus de 40 projets conseillés dans 17 pays.

La deuxième étape consiste à générer des revenus pour les porteurs de projets. Aera se positionne comme négociant et offre deux atouts dans un marché complexe : la liquidité et la possibilité d’intégrer une composante de prix fixe pour sécuriser des revenus. La monétisation des crédits carbone est le but final de notre activité. Un exemple concret : pour une centrale hydroélectrique de 16 MW en Afrique Australe nous avons obtenu plus d’1,5 million d’euros sur les trois dernières années grâce aux crédits carbone. Cela peut donc avoir un impact significatif pour certains projets.

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