Le dossier du mois

Djibouti, locomotive des énergies propres en Afrique

En pleine industrialisation, confronté à une hausse de la demande en électricité, Djibouti compte relever le défi de l'énergie, mais pas de n’importe quelle manière. Le pays mise sur le renouvelable. Et semble avoir trouvé la bonne formule.

En septembre dernier, Djibouti inaugurait la première installation d’énergie verte du pays. Le pays dispose désormais d’un parc de dix-sept éoliennes dotées d’une capacité de production totale de 60 MW, qui viennent s’ajouter aux 120 MW déjà produits chaque jour par la petite République selon les données fournies par les autorités locales lors de l’inauguration. Cette infrastructure permet d’accroître l’accès à l’énergie d’une partie de la population.  Ce projet tend à réaliser l’ambition du gouvernement de faire de Djibouti le premier pays d’Afrique à produire une énergie 100 % verte.

Comment le pays en est-il arrivé là ? Dans un premier temps, l’exécutif a misé sur les partenariats publics privés (PPP) et la libéralisation du secteur de l’énergie. La dernière centrale éolienne a été l’œuvre d’un consortium d’investisseurs privés, réunis au sein de la société Red Sea Power Limited SAS, qui a investi 122 millions de dollars selon le consortium.

Le pays ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Une extension supplémentaire de 45 MW est déjà prévue sur le site du Ghoubet, alors qu’un autre projet, cette fois solaire, doit voir le jour dans les prochains mois dans le désert du Grand Bara. D’un investissement de 40 millions de dollars, cette ferme photovoltaïque disposera d’une capacité initiale de 30 MW, portée à 100 MW si son potentiel de production se confirme.Avant même que ces projets ne soient opérationnels, la ferme éolienne qui vient d’être réceptionné permet de réduire les émissions de dioxyde de carbone de plus de 250 000 tonnes par an, soit l’équivalent de 55 000 bus.

Atouts naturels et géographiques 

Plaque tournante du transbordement mondial, Djibouti peut compter sur la nature. Le pays dispose de ressources éoliennes, solaires et géothermiques pour lui permettre de tripler sa capacité actuelle et dépasser les 300 MW. Le pays accueille la plus forte concentration au monde de bases militaires étrangères. Certains partenaires et les entreprises voient, dans ce parc éolien, une opportunité de décarboner leurs activités et de remplacer leur électricité,issue principalement du diesel, par une énergie propre. À terme, l’énergie produite facilitera non seulement l’industrialisation neutre en carbone mais pourra aussi être utilisée pour alimenter une nouvelle installation de transformation écologique afin de ravitaillement des navires de transbordement. Elle permettra au pays de sortir de la dépendance aux combustibles fossiles importés, ainsi que de l’électricité produite de l’hydrogène par l’Éthiopie voisine. 

Ismaïl Omar Guelleh, President of Djibouti, mise sur l’énergie verte

Cette transition énergétique renforce notre sécurité énergétique 

Lors de l’inauguration de ce parc éolien, le Président Ismaïl Omar Guelleh indiquait que cette transition énergétique vers des sources propres et renouvelables permet de réduire la dépendance aux énergies fossiles importées, « ce qui renforce notre sécurité énergétique et réduit notre facture. En investissant dans les énergies renouvelables, nous créons également de nouvelles opportunités économiques, en favorisant l’émergence d’une industrie locale et en créant des emplois dans le secteur des énergies propres, tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique, en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre ». Il estime par ailleurs que cette option « renforce la position de Djibouti sur la scène internationale, en tant que pays engagé dans la protection de l’environnement et dans la réalisation des objectifs de développement durable ».

Autant d’initiatives qui confortent la volonté du pays de produire 100% de son électricité à partir de sources renouvelables inépuisables d’ici 2035.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page