ActualitéArchives

Côte d’Ivoire MASA, l’éclosion d’une industrie culturelle en Afrique

Existe-t-il une industrie ou économie des Arts en Côte d’Ivoire ? Une question au cœur de la 10ème édition du MASA, le marché des arts et du spectacle d’Abidjan, qui se tient du 10 au 17 mars dans la capitale ivoirienne. Et pour son 25è anniversaire, la manifestation, qui accueille des groupes africains, européens, américains et asiatiques, planche sur le thème « Quels modèles économiques pour les arts de la scène ? ». Tout un programme….

Par Issiaka N’Guessan, à Abidjan

 

« Le MASA est, pour les arts du spectacle, une plateforme de visibilité, une opportunité offerte aux artistes » rappelle le Directeur de Cabinet du Ministre de la Culture et de la Francophonie, Dembélé Fausséni, et constitue ainsi  la face visible d’une économie culturelle en développement en Côte d’Ivoire.  Et pour sa 10ème édition, qui coïncide avec son 25ème anniversaire, le Marché des arts et du spectacle d’Abidjan, qui se tient du 10 au 17 mars dans la capitale ivoirienne, a choisi pour thème : « « Quels modèles économiques pour les arts de la scène ? ».

« Le Gouvernement ivoirien travaille sur tous les axes… »

« Le gouvernement ivoirien travaille sur tous les axes, entre lois et réglementations, des efforts sont consentis, assure , Dembélé Fausséni . Il y a eu la réhabilitation du palais de la Culture, le centre culturel Jacques Aka de Bouaké, le centre culturel d’Abobo (Abidjan), la construction de centres culturels intégrés avec toutes les commodités, la formation avec l’INSAAC et les conservatoires sous tutelle du ministère de la Culture et de la Francophonie. » Le dispositif financier bénéficie de deux fonds, le fonds de soutien à la Culture et à la création artistique et le fonds de développement du Cinéma sans oublier le soutien à tous les festivals. « Il faut noter aussi le travail de restructuration du BURIDA (Bureau Ivoirien des droits d’auteur) qui permet aujourd’hui aux artistes de bénéficier de ce dont ils ont droit » poursuit le directeur de cabinet.

« Cette économie n’existe pas »

Un cadre institutionnel mieux adapté aux besoins des artistes… mais pas encore suffisant pour porter l’émergence d’une industrie culturelle. « Cette économie n’existe pas » Georges Kouamé et M.Coulibaly respectivement Managers de groupes artistiques, danses contemporaines avec Yéfimoua pour le premier et Djarabikan Balafon pour le second, par  ailleurs enseignant à l’INSAAC (Institut des arts et de l’action culturelle).

« Quand le MASA est confié à des gens qui ne sont pas du métier, il y a un problème. Il faut des administrateurs culturels, différents des autres administrateurs civils de l’administration publique, pour élaborer une stratégie qui réponde aux besoins de l’artiste, à tout point de vue » recommande Georges Kouamé dont le groupe participe au MASA off, la sélection non officielle, opposée au MASA in avec les groupes officiels retenus.

Pour l’enseignant-artiste, Manager de Djarabikan Balafon, « les ressources de soutien auxquelles on peut recourir pour la création font défaut. La loi votée pour la promotion culturelle est très dormante. Seule la passion motive les efforts de l’artiste, ils sont finalement nombreux à se tourner vers autre chose. L’appui institutionnel fait défaut, on peut donc dire que l’art nourrit l’artiste mais nourrit difficilement l’artiste ivoirien ».

Retombées économiques

En attendant, 50 professionnels du monde artistique, 101 groupes, 25 000 spectateurs sont attendus à Abidjan pour cette grande messe culturelle.  Grand-Bassam, Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo ont accueilli cinq jours durant une tournée des festivaliers.  Un tremplin pour l’économie de ces localités de l’intérieur.

« Le MASA 2018, c’est un budget de plus de 800 millions FCFA » assure une source proche des autorités nationales. C’est surtout le secteur de l’hôtellerie, du transport urbain et de la restauration qui tire le meilleur profit de ce rendez-vous culturel.

Chantal Nabaléma, chargée de communication du comité d’organisation confirme. « Nous avons une dizaine de réceptifs hôteliers, le transport, pas gratuit assuré par la Sotra et des compagnies de location privée de véhicules. Une bonne partie est logée à la cité de l’INJS à Marcory mais à dire vrai nous n’avons pas fait de prévisions sur les retombées économiques du MASA, lesquelles sont tout de même bien visibles pour la Côte d’Ivoire » . Quant aux artistes, le débat reste ouvert…


 

Par Issiaka N’Guessan, à Abidjan

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page