Côte d’Ivoire : la SOTRA ou le transport en mode Wibus
La révolution du transport urbain est en cours et est viable en Côte d’Ivoire. Après les cars climatisés qui ont fait leur apparition en 2008 sur les routes ivoiriennes, la SOTRA, Société de transport abidjanais (public) s’est lancé dans un projet innovant, le Wibus. Il s’agit d’un système de transport urbain avec des autocars de 27 places qui circulent dans le quartier huppé de Cocody. La nouvelle touche, le wifi ou internet libre qui permet à l’usager de poursuivre sa navigation soit sur le chemin du travail ou de la maison.
C’est le 30 avril 2016 que les 26 nouveaux maîtres de la route abidjanaise ont été lancés. Leurs lignes, du 701 à 712. Les arrêts des Wibus sont dotés de système de paiement électronique. Si pour l’heure 26 autobus de marque Hyundai se sont invités dans le quotidien des Ivoiriens, ce sont 127 autobus qui couvriront la capitale économique ivoirienne. Benjamin Kouakou, agent régulateur de Wibus en poste à l’arrêt de la paroisse Saint Jean de Cocody, indique que « les Wibus ont 27 places et commencent à circuler sur mon réseau le matin à 6h30 mn pour une fin à 20h45 mn ». Les usagers apprécient cette innovation dans le transport urbain de passagers, mise en œuvre par la société publique. Ange Kassi, jeune dame en partance pour Angré, un sous-quartier résidentiel de Cocody, soutient que « le Wibus me donne l’opportunité de me connecter au monde grâce à l’internet. Le voyage devient plus intéressant et agréable. Ce matin, je suis sur Facebook et je regarde mon fil d’actualité. J’écoute de la musique directement sur internet. Généralement, je fais une photo en voiture pour annoncer mon arrivée, mais pas aujourd’hui. Peut-être que je le ferai ce vendredi », annonce-t-elle.
François Coulibaly qui se rend à son lieu de travail estime pour sa part que « le Wibus est le moyen idéal de déplacement, surtout depuis que l’internet fonctionne bien. Wibus équivaut à internet, les informations le matin et le soir. Ainsi, avant d’arriver au bureau, je sais ce qui se passe dans mon pays et dans le monde. Je peux terminer le boulot le soir en vérifiant mes e-mails et mes activités dans leur ensemble », confie-t-il tout joyeux. Cette innovation dans le transport et de la SOTRA a connu des moments de balbutiements au lancement du projet. En effet, la connexion internet n’était pas aussi fluide. Tenant compte de la critique, la direction de la SOTRA a amélioré la fluidité de l’internet. Dorénavant, même dans les environs des arrêts, la connexion est de qualité pour le plus grand plaisir des usagers. « Les routeurs ont été changés et les machinistes formés », fait savoir le machiniste Anselme Ossoumé qui a été recruté à cet effet. Pour l’heure, en phase expérimentale, le projet Wibus se limite à la commune de Cocody. Si au départ, le prix avait paru un facteur limitant pour des clients, ce n’est plus le cas. Le prix du ticket est de 400 FCFA contrairement au bus classique de marque Tata ou Iveco dont le ticket est à 200 FCFA.
Pourquoi le Wibus à Abidjan ?
Les anciens bus, articulés ou non, non climatisés prennent au moins 80 personnes assises et debout. La surcharge y est de mise avec pour conséquence directe, la défectuosité rapide sur des voies souvent en piteux état à Abidjan. Avec le Wibus, point de bousculade. Ce sont des fonctionnaires ou agents du privé, rarement des étudiants qui empruntent le Wibus qui est ici appelé « bus des boss ou bus choco ». « C’est un bus VIP, s’écrie Richard Yasseu, le climatiseur y est bon et il n’ya pas de place pour s’y arrêter. Je l’ai déjà utilisé », indique-t-il. C’est avec l’opérateur Orange que le projet NTIC dans le transport a cours. Pour avoir accès à la connexion internet, « il faut s’inscrire avec les informations afférentes au sexe et l’âge, mais pas le nom », précise pour sa part le jeune Moïse Achiro, un habitué. Lancé pour contribuer au transport amélioré des usagers, le Wibus file à plein régime à Abidjan. Pourquoi ce quartier huppé ? La réponse coule de source. Les usagers estiment que les clients sont de la classe moyenne, d’un certain niveau d’études supérieures et qui ont la pleine conscience de l’importance de ce projet.
La mairie de Cocody, partenaire du projet, a favorisé le choix de son périmètre pour lutter contre les voitures banalisées appelées communément « woro woro » qui encombraient l’espace du château. Les pratiques peu orthodoxes doublées de violence dans ce milieu ont conduit le maire Mathias N’goan Aka à décider de les bannir des rues de sa commune. Une première. Surtout que dans les quartiers populeux de Yopougon ou Abobo, habités en majorité par les étudiants, ceux-ci ont, pendant les grèves, pris l’habitude de briser les vitres des bus ou écrire sur la carrosserie.
Pour l’heure, 26 minibus équipés de l’internet circulent dans le quartier et assurent le transport aisé des Abidjanais. Entre confort dans un cadre climatisé et une connexion à moindre coût, équivalent d’un pass orange ordinaire de 200 FCFA, les clients se régalent. Il faut souligner que le réseau Wibus est vu comme le réseau de « proximité » de la SOTRA. Après le lancement et pour une meilleure satisfaction de la clientèle, la société a opéré un changement sur le réseau et le tarif. Ainsi, de 12 lignes, le réseau a été réduit à 9 depuis le 22 avril 2016. L’aménagement tarifaire a aussi pris en compte le fait que le voyage ne se fait pas forcément en ligne droite sans arrêt. Tenant compte de la distance, les tarifs ont ainsi inclus 300 CFA et 500 CFA. Pour appâter la clientèle, deux jours de gratuité ont été offerts sur les lignes 704 et 710. Les clients de la SOTRA, qui n’étaient plus en majorité que des élèves et étudiants sur plusieurs lignes subventionnées, ont, avec le Wibus, changé. Quelles sont les perspectives pour l’entreprise et surtout le bilan? Difficile à établir. Les efforts consentis par ANA pour une rencontre avec le Directeur général Boike Fofana ont été vains.
Par Issiaka N’guessan