Abidjan accueille du 14 au 17 février un « atelier de travail sur l’intégration stratégique pour la sécurité maritime » – dans la sous-région ouest-africaine. La menace terroriste par les voies maritimes est en effet un souci pour dix-neuf pays – qui y ont envoyé une cinquantaine de participants – pour mutualiser les expertises africaines et américaines.
L’Afrique du Sud, l’Angola, le Bénin, le Cameroun, Djibouti, la Somalie – où le groupe terroriste Al Shebab prospère dans les attaques contre les navires marchands – sont présents à Abidjan pour un atelier de réflexion sur « la sécurité maritime. » Dans la stratégie de lutte à mettre en place, les Etats-Unis ont décidé de voler au secours de l’Afrique. Cet altruisme n’est pas sans raison. Et c’est avec le Chargé d’Affaires de l’ambassade américaine à Abidjan, Andrew Haviland qu’on l’apprend.
Protéger les Etats-Unis et les américains
« La question de la sécurité maritime me touche personnellement car j’ai trois enfants qui travaillent dans la marine des Etats-Unis (…). Je comprends donc l’importance des investissements nécessaires à fournir pour rendre possible un environnement maritime plus sûr et sécurisé » a indiqué le diplomate américain.
Poursuivant, il a rappelé que « les Etats-Unis ont une longue frontière maritime. Comme beaucoup d’autres partenaires internationaux, nous dépendons du domaine maritime pour une large portion de notre succès commercial et économique » a rappelé Andrew Haviland.
L’atelier d’Abidjan est une initiative conjointe des Etats-Unis, de la Côte d’Ivoire et du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA).
Participation ivoirienne
Partie prenante de cet atelier, la Côte d’Ivoire a réitéré son engagement à contribuer, dans une synergie d’actions sous-régionales, à la lutte contre l’insécurité maritime.
Alain Richard Donwahi, Ministre délégué à la Défense a rappelé les « stratégies » sur le continent africain – avec « la stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050, la stratégie AIM 2050 de l’Union Africaine et la stratégie d’Etat en Mer de la Côte d’Ivoire » – qui découlent de celle de la CEDEAO. Comment mettre en œuvre de façon cohérente toutes ces stratégies ? C’est à cette question que cet atelier entend proposer des réponses.
« La coordination inter-agences, la mutualisation des moyens et des ressources, la coopération hardie et la consolidation de l’arsenal juridique des Etats » devraient, selon le ministre délégué à la Défense, contribuer à une meilleure sécurisation de l’espace maritime africain.
Pour Alain Richard Donwahi, l’action du CESA est à saluer car permettant aux acteurs de sécurité maritime de « partager leurs expériences et corriger les incohérences de leurs plans d’actions. »
Le gouvernement ivoirien a doté depuis 2014, la Marine nationale de trois patrouilleurs dénommés « l’Emergence » en 2014, « le Bouclier » en 2015 et le patrouilleur « Capitaine de Frégate Sékongo » en 2016.
Mutualisation des forces
Jean Paul Zunon, stratégiste militaire explique les enjeux de cet atelier : « la menace connue, la piraterie maritime. » Il recommande de « ne pas baisser la surveillance des côtes. »
« Mais, nous ne sommes pas assez outillés pour la surveillance des côtes. Il y a 4 ou 5 ans, le Ghana s’est acheté 4 avions patrouilleurs. La Côte d’Ivoire a essayé de rattraper mais il faut qu’on se mette réellement à niveau. Il n’y a pas assez de moyens. C’est pour cela qu’on parle de mutualisation des moyens. Aujourd’hui, pour définir la politique budgétaire ou de sécurité, il faudrait penser aux moyens que les plateformes pétrolières peuvent produire à travers les taxes, mais surtout les navires. Je pense qu’on n’a pas eu le courage d’aller assez loin dans cette direction. »