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Coopération « Pour l’Italie, le Cameroun est un partenaire prioritaire »

Un an après la visite du Président de la République italienne à Yaoundé, c’est au tour du chef de l’état Camerounais de rendre visite à son homologue, Sergio Mattarella, à Rome. Une visite officielle de quatre jours qui doit renforcer la coopération italo-camerounaise.  

Par Dounia Ben Mohamed, en direct de Rome 

 

« Les relations entre nos deux pays sont excellentes. » À l’issue de son tête à tête le 20 mars au Palais du Quirinal à Rome, avec son homologue le Chef de l’état camerounais Paul Biya, le Président de la république italienne est catégorique. « Pour l’Italie, le Cameroun est un partenaire prioritaire. » Pour un certain nombre de raisons, à commencer par la lutte contre l’immigration sauvage.  Rome, porte d’entrée des migrants en Europe, cherche des appuis en Afrique pour faire barrage. En contrepartie, la Botte apporte son soutien à des projets de développement économique. Pour Yaoundé, tête de pont de la lutte antiterroriste en Afrique centrale, directement menacée par Boko Haram qui agit dans le nord du pays, l’objectif est de trouver des alliés européens. Une rencontre très marquée par le volet sécuritaire donc, mais au-delà de cela, un an après la visite officielle de Sergio Mattarella au Cameroun, l’idée est de réaffirmer la collaboration entre les deux pays. Une collaboration « intense » selon  Mattarella. « Cette première visite d’un chef d’état camerounais en Italie, un an après mon déplacement officiel au Cameroun, vient confirmer les relations d’amitiés qui lient nos deux pays. » Des relations qui ont enregistré « d’importantes avancées » soulignera-t-il.

 

« Les projets identifiés dans le programme de développement du Cameroun peuvent servir de cadre d’échanges »

 

« Une collaboration vigoureuse » jugera à son tour le président Paul Biya. Nos échanges ont fait apparaitre une large convergence de points de vue sur les questions abordées. Évidemment la lutte contre le terrorisme et contre Boko Haram, qui reste une menace, s’est inscrite parmi les priorités. Mais pour le Camerounais, l’aspect économique est également au coeur du renouvellement de ce partenariat. « Les projets identifiés dans le programme de développement du Cameroun peuvent servir de cadre d’échanges et intéresser la grande puissance manufacturière industrielle qu’est l’Italie depuis de nombreuses années. Je veux croire que nos deux pays saisiront les opportunités évoquées par le président et moi-même. L’Italie deviendrait alors sans doute l’un de nos partenaires majeurs. » Sachant que la coopération entre les deux pays est déjà bien entamée. A l’instar de sociétés italiennes déjà présentes au Cameroun telles que : Ferrero, dans le cacao bien entendu ; Piccini  constructeur du complexe sportif du futur stade de Yaoundé qui doit notamment accueillir la Can 2019 ; Iveco, sur le transport urbain de la capitale camerounaise ; ou encore Pizzarotti qui a signé un contrat avec les autorités camerounaises pour la construction des 10 000 premiers logements sociaux.
Une convergence d’intérêts

Les opérateurs économiques italiens ont eu l’occasion de mieux connaître les opportunités d’affaires que leur offre le Cameroun, le 22 mars, lors du forum économique italo-camerounais qui s’est tenu à Rome dans les locaux de la Confindustria, la Confédération des industries italiennes. L’occasion de nouer des partenariats entre les entrepreneurs des deux pays. Lesquels reposent sur une convergence d’intérêts clairement définis ainsi que nous l’explique Louis Paul Motaze, Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’aménagement du territoire du Cameroun. « C’est la diversification de l’économie camerounaise qui créée sa résilience. » Allusion à la chute des cours des matières premières ainsi qu’à la crise sécuritaire. « Mais nous avons besoin de renforcer davantage encore cette diversification. L’objectif aujourd’hui – plutôt que d’exporter exclusivement nos matières premières – est d’en transformer localement une bonne partie. » Et donc d’accélérer l’industrialisation du pays. Or les Italiens, reconnus pour leur industrie, apparaissent comme des partenaires de choix pour les Camerounais.

 

Expertise et financement, une solution italienne complète

 

D’autant que, sur le modèle de la stratégie chinoise en Afrique, ils offrent, en plus de leur expertise,  des financements donc des solutions complètes. « L’Italie a un niveau d’expertise industriel qui est reconnu, poursuit le ministre. Maintenant, et c’est une très bonne chose, elle nous propose aussi des solutions financières. Et nous avons déjà signé des accords – que ce soit pour la construction de logements sociaux ou autres. D’ailleurs, au cours de ce forum, les financiers  notamment la Sace (l’agence italienne de crédit à l’export), étaient présents. Comme il y a des propositions financières qui sont faites, il s’agit de les étudier. Même si pour nous, l’objectif maintenant est de favoriser les financements concessionnels. De sorte que les financements ne soient pas trop lourds. Autrement, ils vont écraser le poids de la dette que nous cherchons à maîtriser. Ce sont des discussions très dures, très techniques, qui incluent effectivement les questions du financement. » Certaines seraient en voie d’aboutir. Des contrats devraient être signés très prochainement, dans l’agro-business, le BTP et l’énergie entre autres. Une mission de suivi est prévue à cet effet à Yaoundé, à la demande de la Confindustria.


 

Auteur : Dounia Ben Mohamed // Photos : Forum économique italo-camerounais, le 22 mars à Rome – © DBM

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